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campagne le véritable libérateur de la Prusse; mais des ouvrages militaires peuvent seuls montrer quels titres il se fit à l'admiration des guerriers, et à la reconnaissance de son frère (a). La campagne touchait à sa fin, lorsqu'on vit avec étonnement les vainqueurs de Palzig et de Kunersdorf se retirer encore une fois vers la Pologne. Daun n'avait profité des succès des alliés de l'Autriche qu'en se rendant maître du château de Dresde. Mais une nouvelle épreuve attendait encore Frédéric. Un corps de douze mille Prussiens, Combat de qu'il avait laissé auprès de Maxen, trop loin de lui, et dénué de secours, fut tourné, 1759. coupé, assailli par toute l'armée autrichienne, se crut trop certain de sa perte pour opposer une défense sérieuse, et subit la honte de poser les armes (b). Daun, après ce nouveau

(a) Le roi de Prusse déclara à la fin de cette campagne, que le prince Henri était le seul qui n'eût point commis de faute. Cependant plusieurs historiens reprochent à ce monarque d'avoir souvent décelé de la jalousie contre un frère auquel il avait dû en plusieurs rencontres le salut de ses provinces, Le prince Henri, de son côté, se dépêchait de vaincre dès qu'il était instruit de l'approche du roi, et y parvenait presque toujours.

(5) La plupart des historiens prussiens justifient le général Fink qui subit ce revers, et montrent

Maxen.

21 octobre.

Opérations

succès, ne se montra ni plus actif ni plus entreprenant. Toujours pressé de prendre ses quartiers d'hiver, il se vit successivement chassé de différens postes qu'avait choisis sa timide prudence. Après trois défaites des armées prussiennes, Frédéric, affaibli de plus de cinquante mille hommes, n'avait perdu que Dresde et deux districts de la Saxe. Les succès du prince Ferdinand contre les Français aidaient encore à consoler ce monarque.

Ce prince avait eu lui-même des revers à des Français. réparer, et l'ouverture de la campagne de 1759 avait pu faire espérer aux Français que les jours de leur gloire militaire allaient enfin renaître. Ils ne s'étaient pas tenus long-temps inactifs dans des quartiers d'hiver. Le maréchal de Contades faisait ses dispositions pour passer le Rhin. Le duc de Broglie commandait, dans l'absence du prince de Soubise, une armée sur le Mein, et couvrait la ville de Francfort. Contades et Broglie étaient l'un et l'autre chers à l'armée, parce qu'ils avaient en quelque sorte conquis le commandement en dépit de Versailles. Contades avait servi avec gloire sous le maréchal de

qu'une mauvaise disposition prise par le roi en fut l'unique cause.

Saxe. C'était au duc de Broglie que l'on attribuait les deux petites victoires remportées en 1758 par le prince de Soubise. On voulait voir en lui un Turenne naissant. Son tort était de s'abandonner trop aux conseils d'un frère inquiet et ambitieux, qui lui inspirait beaucoup d'orgueil et des pensées jalouses. Le prince Ferdinand, pendant que le maréchal de Contades se tenait encore retranché sur le Bas-Rhin, voulut surprendre le corps de Broglie, et lui ôter, par l'enlèvement de ses magasins, les moyens de commencer des conquêtes. Il vint l'attaquer à Berghen, près Bataille de Francfort. Broglie l'attendait dans une position militaire, qu'il avait rendue presque 1759. inexpugnable. Le combat fut long, sans être un moment douteux. Sûr de toutes ses dispositions, Broglie pouvait les développer avec flegme. Le prince Ferdinand fut déconcerté par la précision des manœuvres des Français, et quitta le champ de bataille avec autant de désespoir que Frédéric avait quitté celui de Kolin.

Contades se mit bientôt en mouvement. En de temps il peu de passa des bords du Rhin à ceux du Weser, s'empara de Cassel et de Minden; mais cette dernière ville devait lui être fatale. A peine en eut-il fait

de Berglen.

15 avril.

Bataille

de Minden.

1 août.

la conquête, que son activité fit place à des précautions pusillanimes. Après de faibles mouvemens qui décelaient son irrésolution et ses craintes, il se vit dans la nécessité d'accepter une bataille qu'il avait trop long-temps évitée. Le prince Ferdinand, pour l'attirer, avait affecté de lui montrer un de ses corps qui paraissait tout à fait isolé, mais qu'il pouvait soutenir par des moyens habiles. Contades, pour attaquer ce corps, s'écarta, disent les historiens prussiens (a), de toutes les règles de l'art. Sa cavalerie, placée au centre, eut à soutenir tout le feu des batteries de l'armée des alliés. Elle se dispersa, et dans sa déroute jeta le désordre sur les deux ailes; l'armée française s'enfuit jusqu'à Cassel. A tous les maux de cette déroute inopinée se joignait le fléau de la discorde. Contades aceusait le duc de Broglie de lui avoir fait perdre la bataille en attaquant trop tard le

(a) Le prince Ferdinand était si sûr de la victoire, qu'il écrivit à l'un de ses officiers, qu'il employait comme partisan, ces propres mots : « Je vous » préviens que je bats demain les Français près de » Minden. Emparez-vous, dans la matinée, des » défilés marqués sur la carte d'autre part, et s'il échappait un seul équipage français, je vous rends garant des événemens. »

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/corps qu'il était chargé de couper. Chaque combat avait amené une accusation de ce genre entre les généraux. Les Français, après leurs défaites, étaient condamnés à en voir les détails les plus pénibles, longuement retracés dans une foule de mémoires où chacun s'accusait de lâcheté et de perfidie. Le duc de Broglie avait, pour se défendre, son éclatante victoire de Berghen: un pareil titre le fit triompher de son accusateur. Il le remplaça dans le commandement général, et sut se maintenir dans la Hesse et dans une partie du Hanovre.

Quelque chagrin qu'on éprouvât en France d'avoir vu se renverser si promptement les espérances d'une campagne commencée avec autant d'activité que de sagesse, ce malheur n'était rien auprès de la destruction presque entière des escadres de l'Océan et de la Mé

diterranée, et de la perle de presque toutes nos possessions coloniales.

maritimes.

Un projet imprudent et vague avait été Auires formé, d'aller venger sur les côtes de l'Angleterre, ou sur celles de l'Irlande, les téméraires incursions des Anglais sur nos rivages. Le maréchal de Belle-Isle avait conçu un plan où l'on retrouvait l'exagération et l'imprévoyance de cet obstiné vieillard. Un corps

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