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Descentes

sur les côtes

dans les camps, y fomentaient des querelles, des Anglais y détruisaient toute confiance et toute suborde France. dination. Les Anglais, peu contenus par les escadres françaises sur lesquelles régnaient aussi la désunion et le découragement, descendaient sur les côtes de la Bretagne et de la Normandie. A la vérité, ils ne retiraient pas de grands avantages de ces bravades dispendieuses; mais ils arrêtaient ¦ par-là les secours d'hommes et de vaisseaux qu'at1757. tendaient nos colonies. En 1757, ils s'étaient a3 septemb. présentés devant Rochefort, et n'avaient osé débarquer. Une descente qu'ils avaient

faite auprès de Saint-Malo, avait causé à 1758. la France une perte de douze millions en 5 juin. effets de marine (a). Dans une troisième expédition, ils avaient brûlé vingt-sept navires à Cherbourg. Le peuple de Londres s'était réjoui à la vue de vingt-deux canons et de plusieurs drapeaux enlevés. Enfin,

août.

Ah! je perds tout, je suis un étourdi;
Mais attendons au grand jour, à midi.
Que vois-je, ô ciel! que mon ame est ravie !
Prodige heureux ! la voilà, la voilà!

Ah! ventrebleu, qu'est-ce donc que cela ?
Je me trompais, c'est l'armée ennemie.

(a) Cette descente fut dirigée par le célèbre lord Anson. Trois frégates, un grand nombre de bâtimens marchands furent brûlés dans le port de Saint-Malo.

Saint-Cast.

leur témérité avait été châtiée dans le voi sinage de Saint-Brieux. Le duc d'Aiguillon, secondé par le patriotisme et la valeur des milices bretonnes, les battit complètement à Saint-Cast (a) et de treize mille hommes Combat de débarqués, il y en eut à peine huit mille qui septembr. purent regagner leurs vaisseaux. Le mar-1 1758. quis de Montcalm, à la vie duquel était attachée la conservation du Canada, avait défendu cette colonie par des prodiges de valeur, pris le fort Saint-George, et battu vingt mille Anglais à Ticonderago. Mais nul secours ne lui était envoyé; on était forcé de prévoir qu'il succomberait bientôt. i Les commandans de la Martinique et de la Guadeloupe ne pouvaient plus répondre du salut de ces îles.

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Ce fut dans un tel état de choses que l'abbé de Bernis renouvela ses instances pour la paix. Mais en vain voulut-il effrayer la mar quise de Pompadour sur le danger d'accroître le mécontentement de la nation. Le malheur de la France voulut qu'une femme

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(a) La gloire que le duc d'Aiguillon acquit dans cette journée fut bientôt contestée. Les Bretons qui lé considérérent peu de temps après comme leur tyran, prétendirent qu'il s'était tenu caché pendant le combat de Saint-Cast.

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légère se piquât de paraître immuable dans! ses desseins. On eût dit qu'elle ambitionnait une sorte de gloire militaire; qu'elle voulait surpasser et les combinaisons politiques du cardinal de Richelieu, et les plans de campagne si vantés du marquis de Louvois. Pour qu'on pût dire d'ellé un jour : elle a vaincu le héros de son temps; elle l'a fait descendre du trône en expiation de quelques outrages; elle a été l'amie d'une reine intrépide; du palais dé Versailles, elle a, par son génie et sa persévérance, fait la conquête du Hanovre, de la Hesse et des deux Saxes; la favorite bravait les leçons du malheur, les plaintes du peuple, les cris de l'armée et repoussait les conseils de ses amis. Parce qu'elle s'était rendue insensible, elle se croyait magnanime.

L'abbé de Bernis essaya auprès du roi des représentations qui n'avaient fait qu'irriter la marquise. Le monarque ne put l'écouter sans partager ses préssentimens sur les suites de la guerre. Dès que le ministre vit son maître ébranlé, il osa tenter, soit à Vienne, soit à Londres, soit à Berlin, les premières démarches qui ouvrent une voie aux négociations. Quelque espoir de paix commençait à luire. Quoique la marquise eût fait entrer dans le

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conseil ses plus serviles créatures, un seul homme osait encore y soutenir avec chaleur le parti de la guerre : c'était le maréchal de BelleIsle. La frénésie militaire de cet homme d'État venait d'être punie par la mort d'un fils cité comme le modèle des jeunes guerriers, ainsi qu'elle avait été punie, dix ans auparavant, par la mort d'un frère tendrement aimé: Flatteur de madame de Pompadour, il faisait, pour rendre une province à la reine de Hongrie, autant de projets gigantesques, incohérens, qu'il en avait conçus pour la dépouiller de tout son héritage. Le dauphin parla dans le conseil en faveur de la paix. Ce prince avait en vain conjuré son père, lorsqu'on apprit la journée de Crévelt, de lui permettre de se montrer à l'armée. Louis, toujours porté à craindre son fils, et résolu de le tenir en quelque sorte caché aux Français, se garda bien de le satisfaire, et s'offensa ensuite de la chaleur avec laquelle le prince appuyait les vues pacifiques de Bernis. La marquise, Il est diainquiète du concert qui paraissait s'établir remplacé par entre son protégé et l'héritier du trône, résolut de perdre le premier, et lui reprocha, 1758. dans les termes les plus emportés, son ingratitude, comme si la reconnaissance lui eût fait un devoir de sacrifier, à la vanité de la

gracié et

le duc de

Choiseul.

I novembre.

fille de Poisson, nos vaisseaux, nos armées, nos finances et l'honneur du nom français. L'abbé de Bernis, à qui la pourpre romaine venait d'être assurée, parut quitter sans regret un ministère dans lequel il n'eût conservé de pouvoir que pour perpétuer des fléaux (a). La marquise, en le faisant exiler, annonça aux hommes d'État qu'on ne résistait pas impunément à ses volontés. Le public, peu instruit des causes de la disgrâce du cardinal de Bernis, ne plaignit point l'auteur du funeste traité de Versailles.

On attendait beaucoup de son successeur, le comte de Stainville qui fut créé duc de Choiseul. Les rôles politiques depuis si long

́ ́ (a) Le cardinal était avec M. de Stahremberg ambassadeur de Vienne, lorsqu'il reçut la lettre du roi qui le remerciait de ses services et l'envoyait dans son abbaye de Saint-Médard de Soissons. Après la lecture du fatal billet, il revint à l'ambassadeur sans qu'il parût sur son visage aucune altération; et rompant l'entretien qui s'était engagé sur les affaires des deux cours : « Ce n'est plus avec moi, monsieur, lui ditil d'un air riant et d'un ton aisé, que vous devez vous expliquer sur ces grands sujets, voilà que je reçois mon congé de S. M. » Il soutint avec une aisance merveilleuse quelques momens d'une conversation indifférente, avec l'ambassadeur qui se retira également étonné de sa disgrâce et de sa fermeté:

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