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prirent que par ses manœuvres, sòn sangfroid et son activité, il avait en quelques jours réparé ce revers, ou plutôt qu'il en avait tiré les mêmes résultats que d'une victoire? Il s'était joint avec le prince Henri, avait marché au secours de Neiss assiégée par les Autrichiens, et l'avait délivrée. Daun qui n'avait pu prévenir un mouvement sí hardi, voulut en vain se dédommager sur Dresde, La garnison prussienne de cette place, sous les ordres de Schmettau, l'intimida par tous les signes d'une résistance désespérée. Un spectacle horrible remplit les assiégeanš d'indignation. Schmettau, par les ordres de son maître, livra aux flammes les beaux et opulens faubourgs de Dresde. La famille du roi de Pologne, qui était restée dans celle capitale, fut témoin de cet incendie. Daun parut craindre que le siége ne causât l'éntière destruction d'une ville si florissante; îl s'éloigna, en dénonçant cette violence à toutes les nations chrétiennes. Déjà Frédéric reprenait la route de la Saxe. Le vainqueur d'Hoch kirch n'osa point attendre l'ennemi qu'il avait dans toutes les cours liguées contre la Prusse. Le pape Clément XIII l'en félicita comme d'une victoire obtenue sur les Infidèles, et lui envoya unc épée et un chapeau bénits.

Combat de Crévelt.

vaincu; et pour prendre ses quartiers d'hiver, il abandonna la Saxe et la Silésie.

Pendant que le roi de Prusse échappait à 23 juin. de si grands dangers, le prince Ferdinand 1758, se montrait sur le Rhin le digne émule de ce monarque. Ce général avait passé ce fleuve près d'Emmerich. Le comte de Clermont qui tenait ses troupes réparties dans les duchés de Clèves et de Juliers et dans l'électorat de Cologne, n'avait pas su défendre le passage du fleuve; honteux d'avoir été surpris, et jugeant sa faule irréparable, il ne songeait qu'à préci piter sa retraite. Le comte de Gisors, fils du maréchal de Belle-Isle, s'indigna de cette résolution et en fit rougir le prince. Enfin, on convint d'attendre les ennemis dans la position favorable de Crévelt. L'armée des alliés se déploya bientôt. Le comte de Saint-Germain en soutint l'effort à la tête d'un corps d'armée qui disputa le terrain habilement. Mais SaintGermain, à qui l'on avait reproché d'avoir vu de sang-froid le prince de Soubise écrasé à la bataille de Rosback, se vit lui-même abandonné au moment où il croyait assurer une victoire. Un ennemi qu'il avait auprès du comte de Clermont, le général Mortagne, effraya ce prince et lui persuada de donner l'ordre de la retraite. La confusion se mit

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dans les rangs. Saint-Germain voulait tenir encore; le comte de Gisors montrait la même résolution : ce jeune guerrier fut tué en chargeant à la tête des carabiniers. Le champ de bataille fut abandonné, et les Français y laissèrent sept mille hommes (a). Le prince Ferdinand s'empara de Nuys, de Ruremonde et de la forteresse de Dusseldorf: il osa pousser des partis jusqu'à Bruxelles. L'indolent abbé de Saint-Germain-des-Prés fut enfin pelé d'une armée qui ne fuyait jamais assez promptement à son gré. Le marquis de Contades, créé bientôt après maréchal, le remplaça, et parut d'abord devoir rendre quelque lustre aux armes françaises. Une diversion que le prince de Soubise opéra en pénétrant dans la Hesse, vint mettre enfin un terme aux progrès des alliés: Soubise brûlait d'effacer le souvenir de Rosback, et parvint du moins à l'affaiblir par deux combats dont il sortit vainqueur. Les alliés qui croyaient n'avoir rien à craindre d'un tel général, ne lui avaient opposé qu'un corps de sept ou huit

(a) On raconte que le comte de Clermont, après sa défaite, s'enfuit à toute bride à Nuys. Il demanda aux magistrats de cette ville s'il était déjà arrivé beaucoup de fuyards? « Non, monseigneur, lui ré» pondit-on, vous êtes le premier.

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Saugerhau

sen et de

Lutterberg.

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mille hommes, sous les ordres du prince Affaires de d'Isembourg. Ce corps fut battu à Saugerhausen et à Lutterberg. La Hesse fut 23 juillet et occupée. On marchait sur Munster, et l'on 1758. remarquait enfin un peu d'harmonie entre les mouvemens des deux armées françaises. Inquiet de cette diversion, le prince Ferdi, nand repasse le Rhin, et sachant bien què Contades, dans une saison avancée, n'osera pas le poursuivre, il marche contre Soubise. Celui-ci n'ose l'attendre, abandonne ses conquêtes et revient se placer sur le Mein, au point d'où il était parti.

Situation de

la France.

La France venait d'éprouver depuis trois ans les funestes effets d'une politique insensée. Chaque campagne avait ajouté à la gloire du roi de Prusse. L'Autriche montrait soit par ses défaites, soit par des succès dont elle ne profitait pas, l'impuissance où elle était de dépouiller ce monarque, et même de reprendre sur lui cette funeste Silésie, objet de tant de batailles. Le Hanovre avait pour sa défense une armée formidable et l'appui d'un héros. La honte de Crévelt venait d'être ajoutée, pour les Français, à celle de Rosback. La discipline ne renaissait pas dans leurs camps. Malgré la multitude des trahisons, on n'avait osé punir aucun

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traître. Des impôts dévorans, mal répartis, portaient la désolation dans les campagnes. Les contrôleurs-généraux se succé daient avec une rapidité sans exemple (a); et décriés dès le premier essai de leurs opérations, ils achevaient de discréditer le gouvernement. La nation ne montrait plus aucun enthousiasme militaire; elle laissait éclater son admiration pour le héros qui avait fait tant d'outrages à ses armes et à celles de l'Autriche. Les chansons par les+ quelles elle punissait et flétrissait des géné raux inhabiles ou perfides (b), retentissaient

(a) Lorsque Machault passa le 28 juillet 1754 au ministère de la marine, Moreau de Séchelles fut nommé contrôleur-général. Moras remplaça celui-ci en avril 1756. Boulogne lui succéda le 25 août 1757, ét donna sa démission en 1759.

(6) Les chansons et les épigrammes dirigées contre la marquise de Pompadour ont trop de cynisme pour être rapportées ici. Celles dont le prince de Soubise fut l'objet après la bataille de Rosback sont beaucoup plus piquantes, mais elles montrent un emploi très-déplacé de la gaieté française. Voici l'une de ces épigrammes:

Soubise dit, la lanterne à la main:

J'ai beau chercher, où diable est mon armée?

Elle était là pourtant hier matin :

Me l'a-t-on prise, ou l'aurais-je égarée?

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