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miers suc

cès.

1757.

6 avril.

on lui savait gré d'avoir pu ramener quelques débris de l'armée après la funeste bataille de Plaisance. Ambitieux et jaloux, il paraissait servir le maréchal de Richelieu contre le maréchal d'Estrées; mais il espérait, dès qu'il aurait renversé un général sans audace, renverser promptement un second général peu versé dans la science militaire. L'armée française ouvrit la campagne au Ses precommencement d'avril, par une attaque sur Clèves, dans laquelle dans laquelle elle n'éprouva aucune résistance. Le roi de Prusse qui craignait de disséminer ses forces, s'était bien gardé de faire aucun effort sérieux pour la défense d'une partie de ses États trop isolée du centre. Wésel fut emporté sans peine; Co- 8 avril. logne fut soumise; on passa le Rhin sans obstacle de la part du duc de Cumberland. Ce prince vit avec le même flegme, occuper le landgraviat de Hesse. Il se retirait en grande hâte vers les rives du Wéser, et les Français suivaient avec beaucoup de circonspection un ennemi toujours prêt à déloger devant eux. Le duc d'Orléans qui servait dans cette armée (a), le comte de Maille

(a) Il y avait deux autres princes du sang à l'armée, le prince de Condé et le comte de La Marche, depuis prince de Conti, tous deux vivans en 1869.

Intr gues

l'armée.

bois et le comte de Broglie, s'impatientaient de la lenteur du maréchal d'Estrées, et prétendaient que l'armée du duc de Cumberla cour et à land aurait dû déjà être anéantie. Leurs murmures étaient répétés à Versailles. Le rôle de Fabius, y disait-on, ne convient que devant un Annibal: ici l'ennemi est faible, irrésolu; le duc de Cumberland doit se défier de troupes mercenaires, peu instruites et formées du mélange de plusieurs nations. Le vainqueur de Mahon aurait-il laissé se consumer ainsi celle vivacité française qui aime à se signaler par des exploits décisifs? Le sort du Hanovre et celui même de la Prusse devaient être décidés dans une seule campagne.Il faut apprendre à des alliés trop lents ce qu'on fait avec de l'audace et en s'écartant de règles minutieuses. La marquise de Pompadour fut bientôt déterminée à sacrifier le maréchal d'Estrées; et le roi, qui était résolu de se reposer sur elle de toutes les opérations militaires, nomma le maréchal de Richelieu pour remplacer un général trop timide.

Quelques amis que le maréchal d'Estrées avait à la cour, l'avaient averti de ce qui s'y tramait contre lui et pressé de déconcerter son rival par un coup d'éclat. D'Estrées, en marchant sur la rive droite du Wéser, mar

Bataille d'Hasten

chait contre Hameln; le duc de Cumberland, pour protéger cette place, se montrait aux Français fortement retranché derrière le Wéser. Il ne s'opposa point au passage du fleuve. Sa position lui paraissait inexpugnable. Appuyé à sa droite sur Hameln, et à sa gauche au village d'Has- beck. tenbeck, son centre était couvert par un 1757. bois et par quelques hauteurs où il avait placé des batteries. Le maréchal d'Estrées l'attaqua le 26 juillet. L'intrépide Chevert se chargea de pénétrer dans le bois et de s'emparer de la redoute qui protégeait le centre des ennemis. Il tint sa promesse, s'élança sur la redoute avec des troupes d'élite, et s'en rendit maître. Le duc de Cumberland annonçait par tous ses mouvemens qu'il se disposait à la retraite; mais il avait auprès de lui un jeune guerrier d'un courage impétueux, qui brûlait d'illustrer son premier combat; c'était le prince héréditaire de Brunswick. Celui-ci avait remarqué que Chevert, en poursuivant ses avantages, n'avait laissé qu'un petit nombre de troupes pour la défense du plateau dont il s'était emparé. Le prince se glissa dans le bois, surprit un corps trop faible qui ne s'attendait à aucune attaque, le fit prisonnier, s'empara de ses pièces d'artillerie et les

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tourna contre les corps français qui venaient un peu tard seconder l'attaque de Chevert. Le comte de Maillebois qui commandait cette aile de l'armée, fut déconcerté ou feignit de l'être en voyant l'ennemi occuper la redoute. On črut que le corps de Chevert avait été tourné et forcé de mettre bas les armes. On se laissa chasser du bois, et l'on rentra dans une plainé très-resserrée qui ne permettait point les manœuvres. Mais pendant ce temps Chevert, emporté par l'ardeur de son courage, et ne se doutant pas qu'il eût les ennemis à dos, s'avançait toujours sur le centre de leur armée et commençait à y porter le désordre. Le duc de Cumberland ignorait le succès du prince de Brunswick, comme le maréchal d'Estrées ignorait ceux de Chevert Le général français croyant que tout son plan de bataille était manqué par l'inaction du comte de Maillebois, allait donner le signal de la retraite, lorsqu'il s'aperçut que l'ennemi faisait la sienne sur tous les points, et abandonnait enfin celte batterie du centre qui avait trop épouvanté le comte de Maillebois. Le duc de Cumberland ne fut que faiblement poursuivi. Il se conduisit cependant comme s'il eût éprouvé une déroule complète; il abandonna la défense de Hameln.

remplace

3 août.

Il ne fut pas permis au maréchal d'Estrées Richelieu de recueillir le prix de cette victoire ines- d'Estrées. pérée. Le maréchal de Richelieu se présenta 1757. au camp deux jours après la bataille, et le général victorieux reçut l'ordre du roi qui le destituait. C'était un grand soulagement à sa disgrâce que son rival ne fût pas arrivé assez tôt pour lui ravir le facile honneur de cette journée. Richelieu, trop peu pressé de saisir une occasion de gloire, s'était arrêté à Strasbourg où l'avait attendu la duchesse de Lauraguais, et avait sacrifié quelques jours à une amie si zélée pour son élévation. Le maréchal d'Estrées emporta les regrets de son armée; mais les officiers généraux témoignèrent leur joie d'avoir réussi dans leurs intrigues. Il voulut au moins se venger du plus signalé de tous ses ennemis, le comte de Maillebois. C'était à lui qu'il reprochait tout ce qui avait compromis la victoire d'Hastenbeck et l'avait rendue incom plète. Il l'accusa avec tant de chaleur et de persévérance, que le gouvernement fit examiner la conduite de cet officier général (a).

(a) L'accusation que le maréchal d'Estrées porta contre le comte de Maillebois devant le tribunal des maréchaux de France, occupa long-temps la cour

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