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et lettres-patentes expédiées et enregistrées dans les cours souveraines. On révoquait tous les établissemens de ce genre, faits sans cette autorisation juridique. On interdisait à tous

les

gens de main-morte d'acquérir, recevoir ou posséder aucun fonds, maison ou rente, sans une autorisation légale. Le contrôleurgénéral avait eu le bonheur d'être secondé dans la formation de cette loi, par le chancelier d'Aguesseau. Celui-ci, trop souvent faible comme homme d'État, montra toujours une grande élévation comme législateur. Il ne crut point offenser la religion en ôtant au clergé une faculté illimitée d'accroître ses immenses richesses. Peu de temps après cet édit qui honorait sa vieillesse, il chercha la retraite (a). Sa démission fut Retraite et acceptée en 1750. Il revint à sa terre de chancelier Fresne, goûter les délassemens d'une vie laborieuse, et se recueillir dans les espérances du juste. Il mourut en 1751, âgé de quatre

mort du

d' Aguesseau.

(a) Le chancelier d'Aguesseau eut beaucoup de peine à faire accepter sa démission. Il en signa l'acte le jour même qu'il finissait sa quatre-vingt-deuxième année. Il voulut que ses cendres fussent mêlées et confondues parmi celles des pauvres, dans le cimetierre de la paroisse d'Auteuil, où son épouse était enterrée. Il ne laissa d'autre fruit de ses épargnes que sa bibliothèque.

vingt-trois ans. On avait fait un partage de ses fonctions. Lamoignon avait été nommé chancelier, et Machault avait eu les sceaux en conservant le contrôle général.

Le clergé n'avait élevé que de faibles murmures contre l'édit de 1749; mais cette patience ne provenait point d'une résignation craintive. Il se lassa de recevoir des coups et de n'en point porter. Par les démarches les plus vives et les plus imprudentes, il jeta la discorde parmi tous ceux qui voulaient l'attaquer, sauva ses biens et compromit gravement la religion.

Tentative

des jésuites

une sorte

tion.

inquisi

A l'époque où parurent successivement l'Esprit des Lois, l'Encyclopédie, l'Histoire naturelle, les écrits lumineux de Condillac, de d'Alembert et de Duclos, le poème de pour établir la Religion naturelle, l'Essai sur les Mours des nations, ce fut une question de savoir si on aurait en France l'inquisition ou des usages non moins odieux que ceux de ce terrible tribunal. Du fond de son sérail du Parc-aux-Cerfs, Louis XV y eût consenti, les parlemens s'y opposèrent.

Depuis la mort du cardinal de Noailles, adversaire long-temps courageux des maximes ultramontaines, le siége métropolitain de

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de

archevêque

Paris avait été occupé par deux prélats plus courtisans que molinistes, Vintimille et Bellefond. Leur successeur, Christophe de BeauChristophe mont (a), joignait aux maximes et aux emBeaumont, portemens du père Le Tellier, plusieurs des de Paris de- vertus puis 1746. que le cardinal de Noailles avait fait bénir; elles se peignaient sur sa figure pleine de noblesse et de bonté; son esprit était cultivé, son élocution facile et brillante; il était austère sans rudesse; il répandait avec discernement des aumônes qui absorbaient presque tout son revenu. Mais il était altier, opiniâtre, et dévoré du désir d'attacher sur lui tous les regards. Le saint évêque ne fut plus qu'un homme de parti. Les jésuites s'em

(a) Christophe de Beaumont avait long-temps vécu à Paris dans un état voisin de l'indigence. En 1741 il fut nommé évêque de Bayonne. Lorsque l'infante d'Espagne, première épouse du dauphin, passa par cette ville, il lui fit donner des fêtes ingénieuses qui touchèrent beaucoup cette princesse. Elle se souvint de lui, et le fit nommer archevêque de Vienne en 1745. Après la mort de Bellefond, archevêque de Paris, qui arriva quelques semaines après son installation, Boyer, qui aspirait à faire des coups d'éclat dans la capitale, fit nommer Christophe de Beaumont, dont il connaissait le zèle et l'intrépidité.

parèrent de son zèle, de ses passions et même de ses vertus. Ils attribuaient les progrès de l'incrédulité au défaut d'un tribunal chargé de la surveiller et de la punir. Chaque fois qu'ils avaient parlé d'introduire l'inquisition en France, ils avaient été repoussés par toute l'énergie de l'honneur français. Patiens et rusés, ils résolurent de masquer, squs différentes formes, l'établissement antinational qu'ils voulaient élever par degrés. S'ils attaquaient directement les incrédules, s'ils entreprenaient d'exiger d'eux des actes de foi sous les peines les plus graves, ceuxci étaient trop nombreux, trop puissans à la cour, pour se soumettre à cette tyrannie. Il était plus aisé de faire l'essai d'un nouveau code sur les prétendus hérésiarques, qu'on appelait jansénistes, hommes importuns à la cour et discrédités dans le public par la chute des miracles du diacre Pâris. Les évêques et la plupart des curés, dociles aux instructions des jésuites, feignirent d'avoir plus de peur que jamais du jansénisme, et le supposèrent triomphant tandis qu'il expirait. L'archevêque de Paris donna le signal. Usurpant un droit que ne lui donnait point sa place, il destitua la supérieure de l'hôpital général de Paris, sous prétexte de son opposition à la

bulle Unigenitus, et la remplaça par une fille adroite, belle encore, et qui passait pour intrigante. Le public prit bientôt parti pour la supérieure destituée. On s'étonnait qu'une vie toute consacrée aux soins de la charité n'eût pu faire excuser, devant un prélat charitable, des opinions à peu près indifférentes. Le parlement accusa celui-ci d'usurpation; le conseil n'intervint dans cette affaire que lorsqu'elle avait déjà rallumé la fureur des partis. Sa médiation fut gauche, embarrassée, et ne servit qu'à irriter les combattans. Ce n'était là qu'une première épreuve tentée Billets de par l'archevêque de Paris. Il résolut de pertroubles, sécuter les jansénistes à leur lit de mort, les menacer d'un refus de sacremens et même d'un refus de sépulture, s'ils ne prouvaient, par un billet de confession, qu'ils avaient été entendus par un prêtre approuvé, et qu'ils reconnaissaient la bulle Unigenitus. Ni les plus hautes dignités, ni les vertus les plus recommandables, ne mettaient les mourans à l'abri d'un odieux interrogatoire. On n'entendait parler que des menaces par lesquelles le curé de Saint-Étienne-du-Mont troublait les derniers momens de ses ouailles les plus saintes. Ce curé était un moine, nommé frère Bouettin, sorti du monastère de Sainte

confession;

anarchie.

de

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