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commun entre les principes de Montesquieu et les opinions de Diderot? Dans le parlement même, les enquêtes étaient souvent en querelle avec la grand'chambre. Au conseil, il fallait choisir entre d'Argenson et Machault, et attendre avec sollicitude un nouveau caprice de la favorite. On ne savait ce qui prévaudrait en finances, du parti qui proposait pour modèle l'administration de Colbert, ou de celui qui voulait ramener et développer les principes de Sulli. Les hommes d'État se disputaient pour ou contre le pernicieux systême d'une alliance avec l'Autriche. Par un contraste singulier, la monarchie paraissait aller en décadence, et l'on éprouvait sur plusieurs points des améliorations sociales. Développons ce tableau par des faits qui seraient peu dignes de l'histoire, s'ils ne s'enchaînaient avec des faits postérieurs dont nous avons trop connu l'importance. Suivons d'abord les querelles du parlement et du clergé.

Un principe que les philosophes tendaient à faire prédominer, c'est que tous les citoyens doivent concourir dans une égale proportion aux charges de l'État. La cour, qui avait besoin de nouvelles ressources de finances, approuvait cette partie de leur

doctrine, et croyait surtout que le temps Le contra- était venu d'imposer les biens du clergé. Le Machault contrôleur - général Machault ne se serait biens eccle- fait aucun scrupule d'aller plus loin, et la

leur-général

menace les

siastiques.

suppression de quelques ordres monastiques lui paraissait le moyen le plus facile d'alléger le fardeau de la dette publique. La guerre dont on sortait avait ajouté un capital de près de douze cent millions à celle dette, et l'intérêt en était fort onéreux (a).

(a) Des emprunts avaient été faits à cinq pour cent pour les rentes perpétuelles, à dix pour les rentes viagères. Ainsi, l'on payait annuellement un intérêt de plus de sept pour cent. L'Angleterre était, à cet égard, dans une situation beaucoup plus heureuse. La dette que son gouvernement avait contractée à l'occasion de la guerre de 1741, ne s'élevait pas tout à fait à onze cent millions de livres tournois; l'intérêt, qui en était d'abord de quatre pour cent, fut réduit à trois peu de temps après la paix, ce qui n'occasionna aucun murmure, tant les capitaux abondaient dans ce pays! Les ressources extraordinaires du contrôleur – général Machault consistèrent surtout dans la création de nouveaux offices, dans des additions aux droits sur les entrées de Paris, sur la capitation et sur le sel. Il parvint à diminuer les tailles de trois millions. L'Angleterre se modéra dans toutes ses dépenses après la paix. En France, au contraire, la magnificence royale fut portée jusqu'à une excessive pro¬

Mai.

Ce n'était pas le moment d'imiter l'empressement du cardinal de Fleury à diminuer les impôts. Le faste de la cour n'avait jamais été poussé plus loin. Le roi, dominé par la marquise de Pompadour, n'eût point consenti à le réduire. Le contrôleur-général voulut cependant donner au peuple une apparente satisfaction. Le dixième, établi en 1741, fut converti en un vingtième; mais comme on 1749. y avait ajouté des sous pour livre et comme on avait pris des précautions plus fortes pour assujettir tous les corps privilégiés à payer le nouvel impôt, on en espérait un produit plus considérable. Toutes les opérations de ce genre étaient suivies de trois effets inévitables: un assez long refus du parlement d'enregistrer, les représentations hautaines et menaçantes du clergé; enfin un commencement de révolte dans les pays d'États, et surtout dans la Bretagne. Le parlement de Paris fit d'abord sa résistance accoutumée; mais quand il vit que c'était le clergé qui était sérieusement menacé par cette opération de finances, il céda, et l'enregistrement fut plus facile qu'on ne l'avait

digalité. L'Angleterre put amortir une partie assez considérable de sa dette; on ne fit en France que de faibles remboursemens.

espéré. L'opposition de la Bretagne fut plus longue, mais elle se calma enfin à l'aide de transactions dont le gouvernement prenait trop l'habitude. Quant au clergé, il aperçut l'étendue de ses dangers. Comment échapper à la fois à la haine active et constante des parlemens, à l'impulsion que donnait contre lui la philosophie moderne, et enfin à la cupidité d'un gouvernement qui, prodigue au milieu de sa détresse, ne pouvait se créer d'abondantes ressources qu'en touchant aux biens de l'église? Le clergé n'avait presque plus de discordes intestines. Les molinistes y avaient établi leur empire. Le cardinal de Fleury et son successeur dans les affaires ecclésiastiques, l'évêque de Mirepoix, s'étaient attachés à n'accorder de bénéfices qu'aux partisans de la bulle. Les jésuites voyaient tous les siéges principaux occupés par des prélats sortis de leur école ou même de leur société. Ils avaient conquis jusqu'à la Sorbonne. Lá savante congrégation de l'Oratoire, celle de Sainte-Geneviève, et quelques monastères de filles, étaient les derniers refuges ouverts au jansénisme. C'était beaucoup pour le clergé d'opposer la force de l'union aux attaques séparées de ses différens ennemis. Il ne s'occupa d'abord

qu'à gagner du temps. En protestant toujours contre le vingtième, il offrait des dons gratuits, secours peu considérable et pres

que dérisoire, mais que l'extrême pénurie

du trésor pouvait faire accepter. En effet, on négociait déjà; Louis XV commençait à se conduire comme s'il eût redouté l'excommunication. Madame de Pompadour craignait de voir se diriger contre elle la persécution sacerdotale à laquelle avait succombé la duchesse de Châteauroux. Le contrôleur-général ne savait plus comment rendre de la fermeté au roi et à la favorite. Il prit courageusement son parti et se lança dans des mesures assez vives, persuadé qu'on n'oserait l'abandonner. Il jeta l'effroi dans le clergé en deniandant à ce corps un état détaillé de tous les biens ecclésiastiques. On crut voir arriver le moment de la suppression des plus riches monastères. Un édit important et sage, qui avait été rendu en 1749, était considéré comme le précurseur de cette opération.

nant les gens

morte.

Août.

Par cet édit, l'un des premiers triomphes Édit concer accordés à l'esprit philosophique, on défen- de maiudait tout nouvel établissement de chapitre, collége, séminaire, maison religieuse ou hôpital, sans une permission expresse du roi,

1749.

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