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avoient été fucceffivement fénateurs, ou avoient rempli quelque office encore plus élevé d'où est venu cette façon de parler, que la nobleffe, attachée à la plupart des offices, ne se transmet aux defcendants que patre & avo confulibus.

Mais la nobleffe des fénateurs ne s'étendoit pas au-delà des petits enfants, à moins que les enfants ou petits enfants ne poffédaffent eux-mêmes quelque place qui leur communiquât la nobleffe. Ces nobles avoient droit d'images; c'est-à-dire, d'avoir leurs images & ftatues au lieu le plus apparent de leur maifon leur poftérité les gardoit foigneufement; elles écoient ornées des attributs de leur magiftrature, autour defquels leurs geftes étoient décrits.

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Au refte, la nobleffe Romaine ne faifoit pas, comme parmi nous, un ordre à part; ce n'étoit non plus un titre que l'on ajoutât à fon nom, comme on met aujourd'hui les titres d'écuyer & de chevalier, c'étoit feulement une qualité honorable, qui fervoit à parvenir aux grandes charges.

Sous les empereurs; les chofes changerent de face; on ne connoiffoit plus les anciennes familles Patriciennes,qui étoient la plupart éteintes ou confondues avec des familles Plébéiennes : les grands offices dont procédoit la nobleffe, furent la plupart fupprimés; d'autres conférés au gré des empereurs; le droit d'images fut peu-à-peu anéanti, & la nobleffe qui procédoit des offices de la république fut tout à fait abolie; les empereurs établirent de nouvelles dignités, auxquelles elle fut attachée, telles que celle de comte, de préfet, de proconful, de conful, de patrice.

Les fénateurs de Rome conferverent feuls un privilege; c'étoit que le enfants des fénateurs qui avoient eu la dignité d'illuftres, étoient fénateursnés; ils avoient entrée & voix délibérative, lorfqu'ils étoient en âge; ceux des fimples fénateurs y

avoient entrée, mais non pas voix; de forte qu'ils n'étoient pas vrais fénateurs; ils avoient feulement la dignité de clariffimes, & étoient exempts des charges & peines auxquelles les Plébéïens étoient fujets. Les enfants des Décurions, & ceux des vieux gendarmes, appellés Veterani, étoient auffi exempts des charges publiques; mais il n'avoient pas la nobleffe.

Au refte, la nobleffe, chez les Romains, ne pouvoit appartenir qu'aux citoyens de Rome; les étrangers, même ceux qui habitoient d'autres villes fujettes aux Romains, & qui étoient nobles chez eux, étoient appellés domi nobiles, c'eft-à-dire, nobles chez eux; mais on ne les reconnoiffoit pas pour nobles à Rome. L'infamie faifoit perdre la nobleffe, quoiqu'elle ne fît pas perdre l'avantage de l'ingénuité & de la gentilité.

En France, la nobleffe tire fa premiere origine des Gaulois, chez lefquels il y avoit l'ordre des chévaliers, diftingué des Druides, & commun du peuple. Les Romains ayant fait la conquête des Gaules, y établirent peu à peu les regles de leur nobleffe. Enfin, lorfque les Francs eurent à leur tour conquis les Gaules fur les Romains, cette nation victorieufe forma le principal corps de la nobleffe en France.

On fait que les Francs venoient des Germains chez lefquels la nobleffe héréditaire étoit déjà établie, puifque Tacite, en fon Livre II des mœurs des Germains, dit que l'on choififfoit les rois dans

le corps de la nobleffe. Ce terme ne fignifioit pas la valeur militaire; car Tacite diftingue clairement l'une & l'autre, en difant: Reges ex nobilitate duces ex virtute fumunt.

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Les nobles faifoient tous profeffion de porter armes; ainfi l'on ne peut douter que les Francs, qui étoient un effaim des Germains, & qui aiderent

Clovis à faire la conquête des Gaules, étoient tous nobles d'une nobleffe héréditaire, & que le furnom de Francs qu'on leur donna, parce qu'ils étoient libres & exempts de toutes impofitions, défigne en même temps leur nobleffe, puitque cette exemption dont ils jouiffoient, étoit fondée fur leur qualité de nobles..

Il y avoit donc, au commencement de la monarchie, trois fortes de nobles : les uns, qui defcendoient des chevaliers Gaulois, qui faifoient profeffion de porter les armes ; d'autres qui venoient des Magiftrats Romains, lefquels jeignoient l'exercice des armes à l'adminiftration de la juftice, & au gouvernement civil & des finances; & la troifieme forte de nobles, étoit les Francs, qui faifant tous profeffion des armes, étoient exempts de toutes fervitudes perfonnelles, & impofitions; ce qui les fit nommer francs, à la différence du peuple qui étoit prefque tout ferf, & cette franchife. fut prife pour la nobleffe même, de forte que frans, libre ou noble, étoient ordinairement des termes fynonimes.

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Dans la fuite, les Francs s'étant mêlés avec les Gaulois & les Romains, ne formerent plus qu'une même nation: & tous ceux qui faifoient profeffion des armes, étoient réputés nobles également, de quelque nation qu'ils tiraffent leur origine. Toute forte de nobleffe fut d'abord exprimée par la feule qualité d'écuyer, laquelle venoit des Romains ; Pon appella gentilhomme, celui qui étoit noble de race, & chevalier celui qui avoit été ennoblipar l'accolade, ou qui étoit de race de chevalier. On diftingua auffi les nobles en trois claffes; favoir les chevaliers bannerets qui avoient droit de porrer banniere, & devoient foudoyer cinquante hommes d'armes : le bachelier étoit un chevalier qui, n'ayant pas affez de bien pour lever banniere

fervoit fous la banniere d'autrui; l'écuyer portoit l'écu du chevalier. La haute nobleffe fut elle-même divifée en trois claffes dans la premiere, les princes; dans la feconde, les ducs, comtes, marquis & barons; dans la troisieme, les fimples chevaliers.

Il y avoit autrefois quatre voies différentes, pour acquérir la nobleffe: la premiere étoit par la pro feffion des armes, la feconde étoit par l'inveftiture d'un fief; la troisieme étoit par l'exercice des grands offices de la couronne & de la maifon du roi, des grands offices de judicature; la quatrieme étoit par des lettres d'ennobliffement.

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Préfentement la profeffion des armes n'ennoblic pas indiftinctement tous ceux qui l'exercent; la nobleffe militaire n'eft acquife que par certains grades, & après un certain temps de fervice. La poffeffion de fiefs, même de dignités, n'ennoblit plus. Il y a cependant encore quatre fources dif férentes, d'où l'on peut tirer la nobleffe; favoir, de la naiffance ou ancienne extraction; du fervice militaire, lorfqu'on eft dans le cas de rédit du mois de Novembre 1750; de l'exercice de quelque office de judicature, ou autre qui attribue la nobleffe; enfin, par des lettres d'ennobliffement, moyennant finance, ou fans finance, confidération du mérite de celui qui obtient les lettres.

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Le roi a feul, dans fon royaume, le pouvoir d'ennoblir. Néanmoins anciennement plufieurs ducs & comtes s'ingéroient de donner des lettres de nobleffe dans leurs feigneuries; ce qui étoit une entreprise fur les droits de la fouveraineré. Les régents du royaume en ont auffi donné. Il y avoit même des gouverneurs & lieutenans généraux de province qui en donnoient, & même quelques évêques ou archevêques. Enfin, il n'y eût

pas, jufqu'à l'univerfité de Touloufe, qui en don noit. François I, paffant dans cette ville, accorda aux docteurs régents de cette univerfité le privilege de promouvoir à l'ordre de chevalerie, ceux qui auroient accompli le temps d'étude & de réfidence dans cette univerfité, ou autres, qui feroient par eux promus & agrégés au degré doctoral & ordre de chevalerie. Mais tous ceux qui donnoient ainst la nobleffe, ne le faifoient que par un pouvoir qu'ils tenoient du roi, ou c'étoit de leur part une ufurpation.

La nobleffe accordée par des princes étrangers à leurs fujets & officiers, n'eft point reconnue en France, à l'effet de jouir des privileges dont les nobles François jouiffent dans le royaume, à moins que l'étranger, qui eft noble dans fon pays, n'ait obtenu du roi des lettres portant reconnoiffance de fa nobleffe, ou qu'il ne tienne fa nobleffe d'un prince dont les fujets foient tenus pour régnicoles en France, & que la nobleffe de ce pays foit reconnue par une réciprocité de privileges, établie entre les deux nations, comme il y en a quelques exemples...

La nobleffe d'extraction fe prouve, tant par titres que par témoins. Il faut prouver 19. que, depuis cent ans, les afcendants paternels ont pris la qualité de noble ou d'écuyer, felon l'ufage du pays; 2. il faut prouver la filiation. Les bâtards des princes font gentilshommes; mais ceux des gentils. hommes font roturiers, à moins qu'ils ne foient légitimés par mariage fubfequent..

La nobleffe fe perd par des actes de dérogance: jamais, en Bretagne, la nobleffe ne fe perd par un commerce dérogeant, quand même il feroit continué pendant plufieurs générations; il n'empêcheroit même pas le partage noble des immeubles venus de fucceffion pendant le commerce; il suf

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