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franchit en trois marches les quarante lieues de chemin, livra trois combats aux troupes alliées sous les ordres du général Meerfeld,

et entra à Munich le 28 juin. La cour élec torale, presque surprise, eut à peine le temps de sortir de sa capitale, et se retira avec le corps de Meerfeld au-delà de l'Iser.

Après avoir refusé de consentir à la suspension d'armes qui lui était proposée, le général Moreau fit poursuivre d'autant plus vivement l'arrière-garde autrichienne : elle fut de nouveau atteinte et engagée à Nördlingen. Le mouvement rétrograde de l'armée autrichienne étant alors bien décidé sur Neubourg ou sur Ingolstadt, Moreau put craindre que la division qu'il avait jetée en Bavière ne se trouvât coupée et compromise, s'il laissait au général Kray, après qu'il aurait passé le Danube, le temps de venir prendre position sur la rive droite du Lech. Pour lui ôter cette chance, il ordonna au général Lecourbe de marcher sur Rain, au-delà du Lech, et de faire tête à l'ennemi, s'il débouchait par le pont de Neubourg; il soutint

lui-même ce mouvement, et marcha sur le Lech avec le reste des troupes qui avaient passé avec lui à la rive gauche du Danube. Pendant que le général Kray se dirigeait vers l'est par le Haut-Palatinat, les fâcheuses conséquences de sa retraite et de ce grand changement pour la cause des impériaux se développèrent rapidement. Ulm fut investi par le général Richepanse; le duché de Wurtemberg fut soumis aux réquisitions et contraint à payer une forte contribution. Le général Sainte-Suzanne déboucha de Mayence pour traverser la Franconie, et se rapprocher du Danube. Le général Klein sortit de Kehl pour rétablir les communications par le Brisgau et la Souabe inférieure. Le coeur de l'Allemagne fut ouvert aux Français.

Le général Lecourbe, ayant passé le Danube et le Lech, arriva à Rain le 26 juin; le même jour, le général Kray avait passé le Danube à Neubourg, avec un corps de 25,000 hommes. Après avoir laissé sur la rive gauche une forte arrière-garde, il avait

pris une bonne position à une lieue en avant de Neubourg, coupant la route qui, dans cet endroit, n'est qu'à trois cents toises du Danube, faisant face au Lech, et ayant devant lui des hauteurs boisées, séparées par un ruisseau profondément encaissé, et dont l'escarpement, plus rapide en se rapprochant du fleuve, embrassait et appuyait parfaitement son aile droite. Ce fut un peu en avant de cette position que le général Montrichard, dont la division formait l'avantgarde du général Lecourbe, ayant reçu l'ordre d'ouvrir la marche sur Neubourg le 27 au matin, rencontra les avant-postes du général Kray qui se disposait à marcher sur le Lech. Il les poussa vivement avant d'avoir' pu reconnaître ni la position, ni la force du corps qui les soutenait; il attaqua précipitamment; ses troupes passèrent le ruisseau, s'engagèrent dans les bois, et furent accueillies par un feu de mousqueterie plongeant et meurtrier. Attaqué bientôt après lui-même par des forces supérieures, débordé par sa droite, et canonné à sa gauche

par des batteries placées de l'autre côté du Danube, le général Montrichard fut forcé de repasser le ravin et de se retirer au village d'Oberhausen. Le général Lecourbe arriva sur le champ de bataille avec la division Grandjean, l'action s'engagea de nouveau avec un extrême acharnement, et se prolongea jusqu'à dix heures du soir : toutes les troupes étaient mêlées autour du village d'Oberhausen; les munitions étant épuisées, on ne se battait plus qu'à l'arme blanche et à coups de crosse de fusil; c'est là que périt le premier grenadier de France, le brave Latour-d'Auvergne; véritable preux, modèle de valeur et de vertus guerrières : cet ancien capitaine d'infanterie avait depuis long-temps mérité ce titre glorieux; quoique blanchi dans les combats, encore plein de vigueur, il avait quitté sa retraite et repris ses armes pour faire cette campagne comme simple soldat. En repoussant une charge de hulands, il tomba frappé au cœur et traversé d'un coup de lance au premier rang des grenadiers de la 46o demi-bri

gade, au poste qu'il avait choisi : toute l'armée française porta le deuil pendant trois jours; sa place ne fut pas remplie : et lorsque son nom conservé à la tête des contrôles était prononcé à chaque appel, le sergent-major répondait, mort au champ d'honneur. On éleva sur la hauteur en arrière d'Oberhausen, au lieu même où Latour-d'Auvergne avait été tué, un monument « qui (selon la noble expression du général Dessolles, dans son ordre du jour), >> consacré aux vertus et au courage, fut mis » sous la sauvegarde des braves de tous les >> pays ».

Le général Kray n'ayant pu, malgré sa diligence et la belle marche qu'il avait faite, s'établir sur la ligne du Lech avant l'arrivée des Français; informé d'ailleurs que le comte de Meerfeld, après s'être battu à Dachau contre le général Decaen, avait été forcé de passer l'Iser, et de lui ouvrir les portes de Munich, quitta sa position pendant la nuit, repassa le Danube; et descendant à Ingolstadt, il porta encore une fois son armée sur

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