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d'opérations offensives, ou servir de point d'appui et de retraite sur une ligne défensive: il ne songea point à faire une grande forteresse d'une ville située dans un fond au bord du Danube, dominée, plongée à demi-portée de canon sur toute la demicirconférence; mais, après avoir fait réparer et mettre hors d'insulte la vieille enceinte et la forte muraille flanquée de tours; après avoir couvert les portes par de simples redans, il profita des hauteurs environnantes; elles furent liées par un bon système de redoutes et de batteries qui, touchant au fleuve à l'est et à l'ouest, au-dessus et au-dessous de la place, enveloppaient et couvraient parfaitement, comme un immense rempart, et la ville elle-même, et l'espace d'environ mille toises entre la ville et les hauteurs. Le point le plus élevé sur ces mêmes hauteurs du côté du nord-ouest, le Michels-Berg (mont Saint-Michel), fut occupé et défendu par un ouvrage de de campagne construit avec soin et garni d'une forte artillerie; ce mont Saint-Michel était la tête

et la clef de cette position retranchée. Quoiqu'il n'y ait autour de cette espèce de cône tronqué aucun escarpement, et que les pentes uniformes et adoucies fort au loin, comme des glacis, semblent en faciliter l'accès, on le trouve, au contraire, plus roide et plus difficile à gravir à mesure qu'on s'en approche: cette disposition du terrain était également favorable au tir de l'artillerie dans toutes les directions, et à l'effet de la mousqueterie pour repousser les attaques de vive force.

Appuyant son aile gauche au MichelsBerg et au confluent de la Blau et du Danube, l'armée autrichienne s'étendait par sa droite jusqu'à Elchingen, couronnant les hauteurs au pied desquelles le fleuve a creusé son lit, et qui, à cause de ses sinuosités dans cette partie, embrassent et dominent la plaine de la rive droite.

Quand même le général Moreau n'eût pas craint, en portant son armée au-dessus d'Ulm sur la rive gauche, d'ouvrir à l'armée autrichienne les chemins du Tyrol et de la

Suisse, il n'aurait pu, sans témérité, attaquer le Michels-Berg, ni rien entreprendre contre la gauche et le centre du général Kray. Aussi ne songea-t-il plus à lui livrer bataille; mais il se persuada qu'en manœeuvrant sur le Lech, il forcerait le général autrichien à sortir de son camp, et à lui abandonner toute la Souabe et ce qu'il y restait de ressources, plutôt que de laisser la Bavière sans défense, exposée à une inva

sion.

Dans cette vue, le général Moreau rappela sur la rive droite du Danube les divisions. du centre qu'il avait portées sur la rive gauche; le général Saint-Cyr repassa le pont d'Erbach, et Sainte- Suzanne, repassant aussi la Blau, vint reprendre sa première position d'Erbach et de Papelau: son corps de réserve passa l'Iller, et celui du général Lecourbe passa la Güntz, appuyant sa gauche à cette rivière.

Les 21 et 22 mai, l'armée française continua de marcher en avant par sa droite et par échelons pour se rapprocher des fron

tières de la Bavière, sans cesser d'observer les mouvemens de l'armée autrichienne devant Ulm. On conçoit, à la simple inspection de la carte, combien cette manœuvre `était délicate. Le général Lecourbe porta sa gauche jusqu'à la Mindel, et descendit en suivant le cours de cette rivière; les trois divisions de la réserve se placèrent entre la "Mindel et la Güntz; le du centre,

le corps

encore sous les ordres du général Saint-Cyr, qui, à cause de sa mauvaise santé, devait bientôt quitter l'armée, prit position entre Weissenhorn et la Güntz, laissant une seule division et quelques troupes de cavalerie devant Ulm, à l'embouchure de l'Iller. Sainte Suzanne, après avoir aussi repassé le Danube, appuya sa droite à l'Iller, et étendit sa gauche parallèlement au fleuve pour cou"vrir la ligne d'opérations.

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Le général Kray avait fait observer les mouvemens de l'armée française; l'aile gauche du corps de Starray avait été le 23 engagée 'avec l'avant-garde de Lecourbe sur la Kamlach, et forcée de se replier; le général Giu

lay, parti de Güntzburg avec un détachement formé des hussards de Ferdinand et de l'infanterie légère wallache et illyrienne, avait saisi une occasion favorable, attaqué par leur flanc et dispersé la 54° demi-brigade française et le 8 régiment de chasseurs. Inquiet de cette marche, qui cette fois paraissait être décidément dirigée contre la Bavière, le général Kray voulut en connaître le véritable objet; et pour s'en assurer, il essaya de rappeler le général Moreau à son aile gauche; il la fit attaquer de la manière suivante, par un corps d'environ 12,000 hommes commandés par l'archiduc Ferdinand.

Le 24 mai, une première colonne, composée de troupes des deux armes, se porta sur Erbach; une seconde colonne remonta le Danube, repoussa les avant-postes français, et s'empara des ponts de Donaurieden et d'Oepfingen.

Les deux divisions françaises du corps de Sainte-Suzanne étaient séparées par un grand intervalle la division du genéral

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