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DES

ÉVÉNEMENS MILITAIRES.

CAMPAGNES DE 1806 ET 1807.

CHAPITRE VI.

Déclarations de guerre.- Proclamations du roi de Prusse et de l'empereur Napoléon.Plan de campagne du duc de Brunswick. Mouvement de concentration de l'armée prussienne.-Marches et contre-marches. Développement du plan d'attaque de Napoléon.-Premières hostilités.- Combat de Schleitz.- Combat de Saalfeld.Dernières dispositions des Prussiens. —Marches-manoeuvres des divers corps de la Grande-Armée française.

On a pu voir dans le Chapitre précédent que les griefs et les provocations mutuelles des

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deux gouvernemens ne laissaient aucun espoir de prévenir une rupture. L'empereur Napoléon, en déclarant que les villes anséatiques devaient rester indépendantes et isolées de toute confédération, et que les autres états du nord de l'Allemagne devaient être libres de ne consulter que leur politique et leurs convenances particulières, exigeait que la Prusse désarmât, et que ses troupes évacuassent la Saxe. Le roi de Prusse, de son côté, exigeait, 1°. que toutes les troupes françaises repassassent le Rhin; 2°. qu'il ne fût plus mis de la part de la France aucun obstacle à la formation de la ligue du nord qui embrasserait, sans aucune exception, tous les états non nommés dans l'acte fondamental de la confédération du Rhin qu'il avait reconnue; 3°. qu'on ouvrit sans délai une négociation pour fixer les intérêts encore en litige. Cet ultimatum, consigné dans une note que M. de Knobelsdorf adressa à M. de Talleyrand à Mayence, parvint à l'empereur à son quartier-général de Bamberg le 6 octobre. Sa seule réponse au défi qui lui était

porté, fut la proclamation suivante, pièce historique des plus remarquables, non-seulement par les expressions où respire son esprit de conquête et de domination, mais encore par l'adresse et l'éloquence avec lesquelles il prend soin de diriger l'opinion sur les motifs et le but de la guerre, en même temps qu'il exalte l'ardeur de sa vaillante armée.

« SOLDATS,

<< L'ordre pour votre rentrée en France «<était parti: vous vous en étiez déjà rap<< prochés de plusieurs marches; des fêtes << triomphales vous attendaient, et les pré<< paratifs pour vous recevoir étaient com<< mencés dans la capitale; mais lorsque nous << nous abandonnions à cette trop confiante « sécurité, de nouvelles trames s'ourdis<< saient sous le masque de l'amitié et de l'al<«<liance. Des cris de guerre se sont fait en<< tendre à Berlin: depuis deux mois nous «sommes provoqués tous les jours davan

<< tage; la même faction, le même esprit de << vertige, qui, à la faveur de nos dissensions <«< intestines, conduisit, il y a quatorze ans, <«<les Prussiens au milieu des plaines de la << Champagne, domine dans les conseils. Si ce << n'est plus Paris qu'ils veulent brûler et << renverser jusque dans ses fondemens, «< c'est aujourd'hui leurs drapeaux qu'ils se << vantent de planter dans les capitales de «< nos alliés ; c'est la Saxe qu'ils veulent obli«ger à renoncer, par une transaction hon« teuse, à son indépendance, en la rangeant « au nombre de leurs provinces; c'est enfin «vos lauriers qu'ils veulent arracher de <<< votre front; ils veulent que nous évacuions << l'Allemagne à l'aspect de leur armée! Les <«< insensés !!! qu'ils sachent donc qu'il serait << mille fois plus facile de détruire la grande << capitale que de flétrir l'honneur du grand << peuple et de ses alliés. Leurs projets furent «< confondus alors; ils trouvèrent dans les << plaines de la Champagne la défaite, la <<< mort et la honte; mais les leçons de l'expé«rience s'effacent, et il est des hommes chez

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