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Erfurth, le 5 octobre, un grand conseil de guerre, où furent appelés les commandans des corps d'armée, et les principaux officiers de l'état-major: parmi ces derniers se trouvaient le général Pfühl, les colonels Kleist et Massenbach, et le capitaine Müeffling. On a dit avec raison que le sort de l'armée et de la monarchie prussiennes fut décidé dans ce conseil. Le duc de Brunswick y mit en question, s'il était convenable d'exécuter encore le plan projeté: il était, disait-il, informé que l'empereur Napoléon avait réuni ses troupes derrière la Saale de Franconie, dans une position qui paraissait inexpugnable, mais dont on n'avait pas une parfaite connaissance; il était important, avant, d'en approcher, de se procurer des renseignemens exacts; il proposait en conséquence de faire une forte reconnaissance des positions de l'ennemi, pendant laquelle l'armée resterait, prête à marcher, au nord de la forêt de Thuringe; tous les généraux furent. de cet avis; cependant le prince de Hohenloe saisit cette occasion de discuter le fond du

projet, et déclara qu'en s'obstinant à traverser la forêt, on conduisait inévitablement l'armée à sa perte; il fut secondé par le colonel Massenbach, son chef d'état-major; celui-ci prouva qu'en se jetant dans la vallée de la Verra, on se hasardait dans une nature de terrain dont tout l'avantage était pour l'ennemi, et d'ailleurs aussi contraire à la manière de combattre des troupes prussiennes, qu'au dessein de livrer une grande bataille; que si les Français voulaient tourner l'une des deux ailes, rien ne pouvait mieux les y servir que d'engager toute l'armée prussienne par colonnes dans ces défilés. Ces observations ne firent aucune impression sur le duc de Brunswick; il fut seulement convenu, dans cette première conférence, que chaque corps d'armée ferait sa reconnaissance, en envoyant sa division. d'avant-garde par la forêt de Thuringe. Le roi n'approuva pas qu'on poussât jusqu'à vingt lieues en avant de l'armée une si grande masse de troupes. Une seconde conférence, à laquelle se trouvèrent les ministres

Haugwitz et Luchesini, n'amena pas

d'autre

résolution que de charger le capitaine Müeffling de la reconnaissance proposée, et de faire continuer la marche de l'armée.

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Le 7 octobre, le duc de Brunswick reçut l'avis qu'un corps d'armée considérable se rassemblait autour de Bamberg. Le général Tauenzien annonçait aussi que les Français s'avançaient vers Hoff avec de si grandes forces que s'il était attaqué, il se retirerait par Schleitz et Neustadt sur Kahla ou sur Jena. Le duc ne vit rien encore dans ces nouvelles qui dût l'engager à changer de mesures. L'armée eut ordre de faire un séjour le 8 octobre, et de se pourvoir de pain pour huit jours, et de fourrage pour quatre jours, afin de pouvoir commencer le g sa marche par la forêt de Thuringe.

Le 8 octobre, un rapport du duc de Weimar, qui commandait la division d'avantgarde de l'armée du roi, fit connaître que les troupes françaises avaient quitté la Saale de Franconie; le capitaine Müeffling avait été jusqu'à Neustadt sur cette rivière, et avait

trouvé les baraques abandonnées, et point d'autres troupes, qu'une petite garnison à Konigshoffen; il ajoutait que toute l'armée française se dirigeait sur Bamberg, et que l'attaque était évidemment dirigée contre l'aile gauche de l'armée en S xe; il proposait d'attaquer, avec quinze escadrons et de l'artillerie légère, les troupes françaises qui marchaient de l'autre côté du Mayn, dans la vue d'arrêter le mouvement général de l'armée française, et de se donner le temps. de faire de nouvelles dispositions.

Le duc de Brunswick approuva cette proposition, et donna l'ordre au duc de Weimar. de passer, le 9 octobre, la forêt de Thuringe, de commencer le lendemain 10 les hostilités, en faisant attaquer l'ennemi par sa cavalerie légère, sur l'autre rive du Rhin, et restant pour la soutenir, avec les autres troupes de sa division, derrière la Verra, du côté de Meimengen.

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La scène était changée, et le plan de Napoléon presque entièrement dévoilé. Éclairé sur le véritable but des mouvemens qu'il

s'était obstiné à ne considérer que comme des démonstrations pour le jeter dans l'erreur, le duc de Brunswick renonça enfin, mais trop tard, à son projet d'offensive par la forêt de Thuringe, et ne s'occupa que de rassembler ses corps d'armée, savoir : L'armée principale à Erfurth;

Celle du général Rüchel près de Gotha; Celle du prince de Hohenloe près de Hochdorf, dans le pays de Blankenhayn;

Le corps de réserve du duc Eugène de Würtemberg, qui était en marche pour Magdebourg, fut dirigé sur Hall.

Il paraît que les fausses notions que le marquis de Luchesini avait rapportées de Paris, influèrent beaucoup sur les incertitudes du roi, et sur les combinaisons erronées du duc de Brunswick. Un général d'armée s'expose à commettre des fautes irréparables, lorsqu'il admet, dans les élémens de ses calculs et de ses déterminations, des considérations et des conjectures politiques.

A cette époque (du 9 au 10 octobre), l'armée française, ainsi que nous le dirons

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