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Profitant des succès de ses deux ailes, le maréchal Davoust fit avancer le centre de son corps d'armée. La division Gudin attaqua et força le village de Tauchwitz, et s'avança à la hauteur des deux autres; déjà les trois divisions du corps de bataille de l'armée prussienne se retiraient en désordre, celle de Schmettau par Eckartsberg, celle de Wartensleben par Reisdorf, et celle d'Orange par Auerstaëdt; elles avaient perdu presque la moitié de leur force effective, et avaient abandonné sur les hauteurs d'HaussenHausen la plus grande partie de leur artillerie.

Cependant le général Kalkreuth s'avança avec les deux divisions de réserve, qui depuis le commencement de l'action étaient restées en bataille entre Auerstaedt et Gernstaedt, à la hauteur de Sulza; il forma sa ligne en arrière de Tauchwitz et de Rehausen, ayant devant son front le ruisseau qui coule de Poppel à Rehausen, la droite au vallon d'Emsen-Mühl: la gauche en-deçà des hauteurs de Poppel était flanquée par

une brigade de grenadiers formée à la hâte, et, dont le prince Auguste prit le commandement. Toute la cavalerie ralliée sous les ordres du général Blücher, fut placée en seconde ligne; quelques escadrons seulement furent jetés sur les ailes; l'artillerie fut placée en avant du front. Cette ligne était encore respectable; le général Blücher proposa même au roi de renouveler le combat, et offrit de l'engager par une vigoureuse attaque de cavalerie.

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Après avoir tenu ferme quelque temps dans cette position, voyant sa droite débordée par le général Morand, et écrasée par la batterie du Sonnenberg, dont le feu plongeant et bien nourri balayait toute la plaine au-delà du ruisseau, foudroyé de même sur son flanc gauche par l'artillerie que le général Friant avait placée sur les hauteurs de Poppel, le général Kalkreuth fut obligé de reprendre sa première position en arrière de Gernstedt; mais il ne put s'y maintenir : les Français ayant déjà occupé Lisdorf s'avançaient sur Eckartzberg; le maréchal Davoust, après

avoir poussé son aile gauche sur le Sonnenberg, s'était rendu à la droite dont le mouvement de conversion achevait de décider la victoire ; il y fit concourir la division du général Gudin qui débouchait des villages de Tauchwitz et de Poppel, et la dirigea luimême sur la gauche des plateaux d'Eckartzberg.

Vers les quatre heures, l'une des deux divisions de réserve de l'armée prussienne (celle de Arnin), qui formait la gauche, étant presque tournée, marcha par sa gauche, et se détachant de la ligne de bataille, prit position en avant d'Eckartzberg, sous la protection d'une forte batterie. Le maréchal Davoust la fit attaquer par les troupes de la division Gudin, qui se formèrent en bataille au pied de ces hauteurs. Quatre cents hommes des 12 et 21° régimens, conduits par le général Petit, gravirent l'escarpement sous le feu de l'artillerie et de la mousque. terie prussiennes, sans riposter, et chargèrent à la baïonnette; en même temps, le général Grandeau, en tête de la division Friant, arri

vant par la droite sur le plateau avec le 111° régiment, les Prussiens abandonnèrent précipitamment cette belle et dernière position, Faissant au pouvoir du général Petit vingtdeux pièces de canon ils furent poursuivis jusqu'au-delà du bois et du château d'Eckartzberg.

Le mouvement de la division Morand à l'aile gauche, après qu'elle eut repoussé l'attaque du Sonnenberg et sévèrement canonné les lignes prussiennes, ne fut ni moins prompt ni moins décisif; le général Morand descendit des hauteurs, traversa le vallon, et attaqua la division de réserve, à la droite de laquelle s'étaient ralliés les régimens des gardes, le bataillon d'Oswald et les chasseurs de Weimar. La fusillade se rengagea vivement, et cette division fut très-maltraitée. La cavalerie du général Blücher se retira par Auerstaëdt, et après avoir passé le défilé, elle se forma de nouveau en face du village encore occupé par le reste de la division Kunheim. Une batterie d'obusiers, placée entre Gernstedt et Auerstaëdt, mit

le feu à ce dernier village, et força les Prussiens à l'évacuer. Les chasseurs de Weimar firent l'arrière-garde.

Les régimens des gardes firent leur retraite en assez bon ordre, en carré ouvert, le long des hauteurs sur la rive gauche de l'Ilm par Wickerstedt. Ils furent vivement pressés par les bataillons de la gauche de la division Morand, qui avaient traversé le vallon au pied du Sonnenberg, et remonté celui d'Ems-Mühl. Ce combat d'arrièregarde fut le dernier de cette mémorable journée. Les divisions prussiennes continuèrent leur retraite dans les différentes directions que nous avons indiquées. Le feu cessa vers cinq heures du soir. Ainsi, le maréchal Davoust remporta, avec trois divisions d'infanterie, et trois faibles régimens de chasseurs à cheval, une victoire complète sur la principale armée prussienne soutenue par ses réserves d'élite, par une nombreuse cavalerie, et par une artillerie trois fois plus forte que la sienne. Mais quoique ses pertes fussent bien moindres que celles de l'en

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