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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

ASTOR, LENOX

TILDEN FOUNDATIONS

AVERTISSEMENT.

La Bibliothèque de l'École des Chartes compte aujourd'hui cinq ans d'existence et de prospérité. Fondée loin des régions que la publicité éclaire, à l'ombre de l'institution la plus ignorée, sans aucun des éléments sur lesquels la spéculation sait asseoir un succès de librairie, elle s'est fait jour malgré mille chances défavorables et mille obstacles; elle a trouvé son public; elle a vécu et a montré qu'elle méritait de vivre. Poursuivre une entreprise amenée à ce point n'est plus une difficulté ; il suffit que les rédacteurs sachent se continuer la faveur dont le monde savant les a honorés jusqu'ici, et pour cela ils ont les traditions du passé qui les guident, tandis que l'expérience qu'ils ont acquise et qu'ils acquerront encore, leur suggérera en avançant tout ce que le recueil laisse encore à désirer d'amélio

rations.

Nous commençons une seconde série à la considération de beaucoup de personnes qui, ne pouvant se

1. Deuxième série.

procurer notre premier volume, épuisé depuis longtemps, se plaignaient d'être empêchées par là de nous apporter leur souscription. Grâce à une disposition aussi simple qu'indifférente en elle-même, nous pourrons satisfaire ces personnes en leur offrant un ouvrage qui ne tiendra par aucun lien nécessaire à nos travaux antérieurs, quoique effectivement il en soit la continuation. De plus, pour la commodité de nos abonnés, nous avons livré en partie la gestion de nos affaires à un libraire de Paris que la spécialité de son commerce tient en relation avec la plupart des érudits. Notre administration transportée chez M. Dumoulin, pourra accueillir en tout temps comme à toute heure, les réclamations et les demandes.

Rien de changé du reste à notre but ni à nos moyens. Nous n'avons pas jeté dans les embarras d'une opération mercantile l'indépendance de nos efforts; nous sommes toujours ceux qui, au début de ce recueil, déclarions, toute idée de gain mise de côté, ne vouloir rechercher que l'honneur, l'honneur qui est la récompense des travaux si humbles qu'ils soient, accomplis avec quelque succès dans le domaine de l'intelligence :

In tenui labor, at tenuis non gloria, si quem
Numina læva sinunt.

INGEBURGE DE DANEMARK

REINE DE FRANCE.

1193-1236.

(Mémoire de feu Hercule Géraud, couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dans sa séance du 11 août 1844.)

Il y a dans la glorieuse vie de Philippe-Auguste une tache honteuse, que ses plus ardents panégyristes n'ont pu dissimuler je veux parler de l'indigne conduite de ce monarque envers sa seconde épouse, Ingeburge de Danemark. Nos principaux historiens, Mézerai, Daniel, Vély, ne semblent avoir connu qu'une partie des malheurs de la princesse danoise. Ils ont considéré comme sincère et définitive la réconciliation que simula Philippe-Auguste au concile de Soissons en 1201, et à partir de ce moment, ils n'ont plus dit un mot de la reine. Ce fut pourtant en 1201 qu'Ingéburge entra dans la tour d'Étampes, où elle vécut encore douze années dans la misère et dans les larmes, en proie aux plus odieuses persécutions. Cette royale iniquité fut une des innombrables affaires qui exercèrent l'activité d'Innocent III, et l'un des principaux éditeurs des lettres de ce pontife, la Porte du Theil, frappé du vif intérêt que réveillait l'histoire d'Ingeburge, composa, vers la fin du dernier siècle, un mémoire fort étendu sur la vie et les malheurs de cette princesse. Malheureusement, ce mémoire n'a jamais été imprimé et j'en ai vainement cherché l'original dans les papiers de du Theil à la Bibliothèque royale (1). Il m'a

(1) Des recherches qu'avait faites le savant académicien sur ce curieux sujet, il ne

semblé utile de réparer, autant que possible, la perte de ce travail, qui aurait rempli une importante lacune dans l'histoire du treizième siècle.

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Il existait au douzième siècle, entre la France et le Danemark, des relations assez suivies que diverses causes avaient fait naître. Sous le règne de Louis VII, la renommée de saint Bernard avait attiré plusieurs fois en France Eskill, d'abord évêque de Rothschild, ensuite archevêque de Lunden en Danemark, qui désirait se placer sous la direction de l'illustre fondateur de Clairvaux, et terminer auprès de lui dans la retraite une vie pleine d'agitations et de traverses. Eskill ne put réaliser que la moitié de son projet; car lorsque, après avoir renoncé à toutes ses dignités et résigné tous ses bénéfices, il vint enfin se fixer en France, saint Bernard était mort depuis longtemps. Avant le départ du prélat danois, le relâchement et le désordre s'introduisirent dans un monastère qu'il avait fondé sur une petite île voisine de Rothschild lorsqu'il n'était encore qu'évêque de cette ville. Son successeur, Absalon, confia la réforme de cette maison religieuse à un chanoine de Sainte-Geneviève de Paris, nommé Guillaume (1), qui avait été élevé à Saint-Germain des Prés, sous l'abbé Hugue, son oncle, et s'était lié, avant de quitter la France, avec le fameux ermite de Vincennes, frère Bernard, dont le crédit était si puissant auprès de Philippe-Auguste (2). La célébrité des écoles de Paris

reste aujourd'hui qu'un travail sur les relations qui existaient, au douzième siècle, entre la France et le Danemark. On le trouve dans le tome IV des Mémoires de l'Institut, classe de littérature et beaux-arts.

(1) Le monastère réformé fut transféré sur le continent, et prit le nom de SaintThomas du Paraclet en 1175. Guillaume était arrivé en Danemark vers l'an 1171. Act. SS. Apr. t. I, p. 624.

(2) Dans le testament que fit ce prince, l'an 1190, en partant pour la terre sainte, il recommanda à sa mère Adèle et à son oncle Guillaume, archevêque de Reims, auxquels il avait confié, pendant son absence, le gouvernement du royaume, de prendre dans toutes les affaires ecclésiastiques les conseils de frère Bernard. Rigord, Hist. de Fr., t. XVII, p. 30. Sur le frère Bernard, voyez dans le même volume les notes de la page 8, et la préface de D. Brial, p. xxiv.

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