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apprend ce qu'il faut faire. L'homme a les principes; la femme a une raifon pratique, & l'efprit des détails. Dans l'harmonie qui regne entre eux, tout tend à la fin commune. On ne fait lequel met le plus du fien; chacun fuit l'impulfion de l'autre ; chacun obéit : tous deux font maîtres. (J. J. Rousseau.)

Invitation à de futurs époux.

Que l'hymen & l'amour fe raffemblent pour vous:
Soyez encore amants en devenant époux;
Vos defirs fatisfaits doivent toujours renaître ;
Brûlez toujours des mêmes feux :

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Que le droit de vous rendre heureux N'ôte rien au plaisir que vous aurez de l'être.

Il n'y a d'union entre les maris & les femmes de la Cour & de Paris, que dans leurs armes. Avis à de nouveaux époux.

Époux, voulez-vous faire une bonne maison?
Sur le commandement point de délicateffe,
Point de maître, point de maitresse

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Que le bon-fens & la raifon. (Pavillon.)

Un noeud d'or & d'argent fragile & léger unit toujours les époux, & rarement les cœurs. Avis à un nouvel époux.

Ne divertiffez point les fonds Deftinés pour la paix de votre mariage, Encore aurez-vous peine, ufant de ce ménage, A payer toutes les façons

Que demande un fi grand ouvrage.

Pour être heureux époux, foyez toujours amant,
Que, bien plus que le Sacrement,

L'amour à jamais vous uniffe; Et, pour faire durer le plaifir entre vous, Que ce foit l'amant qui jouisse De tout ce qu'on doit à l'époux.

(Le même.)

Que de maris & de femmes dont le lien eft fi ferré, qu'il les bleffe l'un & l'autre !

Les époux fe voient à préfent avec indifférence.

Je remarque aujourd'hui qu'il n'eft plus du bon air
D'aimer une compagne à qui l'on s'affocie,
Cet ufage n'eft plus que dans la bourgeoifie;
Mais ailleurs on a fait de l'amour conjugal,
Un parfait ridicule, un travers fans égal.
Un époux à préfent n'ofe plus le paroître.
On lui reprocheroit tout ce qu'il voudroit être.
Il faut qu'il facrifie au préjugé cruel
Les plaifirs d'un amour permis & mutuel ;
Il eft épris en vain d'une époufe qui l'aime,
La mode le fubjugue en dépit de lui-même,
Et le réduit bien-tôt à la néceffité

De paffer de la honte à l'infidélité. (La Chaussée.)

Deux époux trop vifs & trop pétulants, font comme deux tifons qui, réunis ensemble, s'embrafent l'un l'autre, & contribuent à leur perte.

JUNIE.

Et quel eft donc, Seigneur, cet époux ?

NERON.

Moi, Madame,

Vous ?

JUNIE.

NERON.

Je vous nommerois, Madame, un autre nom, Si j'en favois quelque autre au-deffus de Néron.

Oui, pour vous faire un choix où vous puiffiez foufcrire,
J'ai parcouru des yeux la Cour, Rome & l'Empire.
Plus j'ai cherché, Madame, & plus je cherche encor
En quelles mains je dois confier ce tréfor,
Plus je vois que Céfar, digne feul de vous plaire,
En doit être lui feul l'heureux dépofitaire ;
Et ne peut dignement vous confier qu'aux mains
A qui Rome a commis l'empire des humains.
Vous-même, confultez vos premieres années :
Claudius à fon fils les avoit destinées,

Mais c'étoit en un temps où de l'Empire entier
Il croyoit, quelque jour, le nommer héritier.
Les dieux ont prononcé. Loin de leur contredire,
C'eft à vous de paffer du côté de l'Empire.
En vain de ce présent ils m'auroient honoré,
Si votre cœur devoit en être féparé,

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Si tant de foins ne font adoucis par vos charmes ;
Si, tandis que je donne aux veilles, aux alarmes,
Des jours toujours à plaindre & toujours enviés,
Je ne vais quelquefois refpirer à vos pieds.

(Racine, Britannicus, a&t. 2. sc. 3.)
ÉPREUVE.

On éprouve l'or par le feu, la femme par l'or, & l'homme par la femme.

ERREUR.

L'homme eft né pour l'erreur; on voit la molle argile, Sous la main du potier, moins fouple & moins docile, Que l'ame n'est flexible aux préjugés divers, Précepteurs ignorants de ce faible univers.

(Voltaire, Temple du Goût.) ESCADRON.

Le Roi ayant fait placer à fes côtés le Nonce du Pape, dans un ballet que donna Marie de Médicis, dans lequel danfoient quinze des plus belles femmes de la Cour, lui dit : Monfieur le

Nonce, je n'ai jamais vu de plus bel escadron, ni de plus périlleux que celui-ci.

ESCLAVAGE.

Triple efclavage.

Tout bien confidéré, je ne poffede rien;
Mon ame, mon corps & mon bien

Sont dans une servile & trifte dépendance.
Mon ame eft fous le joug d'un Directeur chagrin ;
Mon corps dépend d'un Médecin ;

Et mon bien eft en proie à l'homme de finance.

Il est rare qu'un homme ne paye pas de fa liberté & de fon autorité la riche dot que fa femme lui a apportée en mariage.

Les grands biens d'une femme augmentent trop fes droits,

Et, par reconnoiffance, il faut fubir fes loix.
Ce bienfait-là devient une dette éternelle,
Dont on ne peut jamais s'acquitter envers elle.
Vingt exemples pour un femblent m'en avertir.
C'est le vendre en un mot, & non pas s'affortir.
(La Chauffée.)

ESPÉRANCE.

L'efpérance eft le fonge d'un homme éveillé ; c'eft le pavot qui endort nos peines : c'eft une jeune étourdie qui n'a que de l'imagination fans jugement, & qui croit tout ce qu'on lui dit, pourvu qu'il lui plaife.

Il en eft des espérances comme des prédictions: pour une qui réuffit, il y en a mille qui font fauffes.

L'efpérance eft une divinité qui n'a ni temples, ni autels que dans nos cœurs.

Les jeunes gens fondent toujours de grandes efpérances fur des avantages imaginaires, parce que, comme ils font pleins de feu, la nature fait en eux le même effet que le vin dans les ivrognes, qui voient deux pour un.

:

ESPIONS.

Paffe-temps d'un efpion des actions du Public. Il en eft qui pendant tout un mois,

Comme des loups-garoux, ne dorment qu'une fois :
Leur curieufe humeur toujours les inquiette,

Et fi, dans le quartier, il eft quelque amourette,
Du foir jufqu'au matin ils demeurent au guet,
Pour tenir bon papier de tout ce qui s'y fait. `
(T. Corneille.)

ESPRIT.

Pouvoir de l'efprit humain.

Emprifonner le temps dans fa courfe volante,
Tracer fur le papier l'image de la voix,
Tirer du ver l'éclat & l'ornement des rois,
Rendre par les couleurs une toile parlante ;

Donner au corps de bronze une ame foudroyante,
Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts,
Savoir apprivoifer jufqu'aux monftres des bois,
Brûler avec un verre une ville flottante;

Fabriquer l'univers d'atômes affemblés,
Lire du firmament les chiffres étoilés,
Faire un nouveau foleil dans le monde chymique;

Dompter l'orgueil des flots & pénétrer par-tout,
Évoquer les démons par le cercle magique :
C'est ce qu'entreprend l'homme, & dont il vient à bout.

(Pavillon.)

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