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une force effective toute semblable à la sienne, car le damant seul coupe le diamant.

M. Pitt, soutenant le ministère, et encourgeant ses efforts, déclara qu'il serait déshonorant et ruineux pour la nation de şe borner à la guerre défensive. Il établit en principe, et sans aucune exception, que tout cequi serait jugé nécessaire pour la défense etl'honneur du pays, soit en argent, soit en hommes, et les taxes de guerre, et les levées. de toute espèce, devait être accordé par parlement.

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Les débats furent encore plus vifs, lorsque le secrétaire d'état de la guerre présenta le plan de formation d'une armée de réserve de 50,000 hommes, qui serait levée par un tirage au sort, parmi ceux en état de porter les armes depuis l'âge de dix-huit ans jusqu'à quarante-cinq. Cette armée ne devait avoir rien de commun avec la milice, quoique formée comme cette force auxiliaire par la voie du sort. L'armée de réserve n'était point une force locale et sédentaire; elle devait, pendant la durée de la guerre, être employée

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selon le besoin, sur tous les points menacés dans l'étendue des trois royaumes unis, et dans les îles de la Manche; les officiers destinés à la commander devaient être pris, soit dans la ligne, soit parmi les demi-soldes, soit parmi ceux qui auraient déjà servi aux Indes orientales, ou comme fencibles.

Les partisans de la guerre offensive et de l'augmentation des troupes de ligne, rejetaient cette organisation de la force publique, par cela seul qu'elle était uniquement appropriée à la défense du territoire, et que, se flattant de renouer la coalition des grandes puissances continentales, ils pensaient qu'une attitude purement défensive de la part de l'Angleterre, les détournerait de prendre les armes contre l'ennemi commun. Lord Grenville et M. Windham, qui par ces motifs politiques, et pour embarrasser le ministère, soutenaient la supériorité et l'intégrité de l'armée de ligne, ne voulaient, pour la défense du territoire, d'autres auxiliaires que des levées en masse, semblables à celle dont la Vendée avait donné l'exemple.

Quelques membres de l'ancienne opposition, et entre autres M. Sheridan, trouvaient que la formation d'une force régulière par la voie du sort, était inconstitutionnelle, menaçait les libertés du peuple anglais, et tendait à introduire le système de la conscription.

Au milieu de cette divergence d'opinions, M. Pitt, dans une des plus belles oraisons qu'il ait prononcées, défendit franchement cette fois les principes du bill, et déclara que la formation d'une armée de réserve, telle qu'elle était proposée, lui semblait être le moyen le plus efficace et celui dont le résultat serait le plus promptement obtenu; il ne considérait point cette mesure comme purement défensive, puisque son principal effet devait être de ménager le fonds de l'armée pour des opérations ultérieures, et sans doute offensives; pour le moment, la défense du territoire semblait être l'objet important; on verrait plus tard comment l'énergie du peuple anglais pourrait être dirigée contre son implacable ennemi ; mais loin de

rejeter d'abord un système de guerre purement défensif, on devait reconnaître que c'était beaucoup que de se garantir des efforts d'une puissance qui avait conquis et humilié presque toutes celles du continent.

Ces dissentimens cédèrent à l'esprit public, et à l'urgence des circonstances; le bill passa à l'unanimité, après les trois lectures. dans l'une et l'autre chambre: il y eut, dans cette discussion, un incident remarquable, et dont l'implacable ennemi ne manqua pas de tirer avantage. Le langage qu'avait tenu M. Pitt, prouvait assez l'importance qu'il mettait à la tentative d'une invasion dont il se garda d'admettre, ni de contester la posé sibilité. Le colonel Crawford alla plus loin après avoir détaillé les forces menaçantes de l'ennemi, il dit que « son objet était indu»bitablement de marcher sur Londres, et de » subjuguer ainsi à la fois la métropole et » l'empire. » Il montra le danger imminent, et comme en répliquant aux vives interpellations que son discours avait provoquées, il allait développer le véritable état des forces

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militaires, et la situation intérieure de l'Angleterre, le secrétaire d'état de la guerre demanda que la discussion cessât d'être publique, et qu'on fit évacuer la galerie.

Si Bonaparte n'avait eu d'autre dessein que de menacer ces vaillans et orgueilleux insulaires d'assez près pour les obliger à retenir sur leurs rivages les forces mobiles qu'ils avaient jusqu'alors employées si activement au dehors, son but était rempli; leur fière sécurité était troublée. Les ministres, entraînés par l'opinion générale, n’usèrent plus de vains ménagemens ; ils ne songèrent qu'à seconder, à devancer même, le mouvement généreux que la crainte de l'invasion et le désir de combattre pour la repousser, imprimait à toutes les classes de la nation.

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Vers la fin de juillet, le secrétaire d'état de la guerre proposa à la chambre des communes de compléter le bill de défense, en autorisant le roi à faire une levée en masse d'après les lois des Anglo-Saxons et le statut d'Henri III: c'était une ancienne prérogative

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