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ritimes de l'expédition approcheraient de leur maturité.

La formation de ces camps, leur tenue, le plan d'instruction qui y fut suivi pendant près de deux ans, l'organisation des corps d'armée et des divisions correspondante à celle des flottilles, sont une période si mémorable de l'histoire de la milice française, que nous avons cru devoir en réunir les documens épars pour en présenter le tableau complet nous croyons que cette grande et sévère école surpasse tout ce qui fut jamais tenté en ce genre par aucun chef de nation : nous ne faisons ici que l'annoncer, et prévenir nos lecteurs que nous avons réservé pour le volume suivant, qui sera le onzième de cet ouvrage, la plus grande partie de ces détails; nous ne comprendrons dans ce dixième volume que les mouvemens préparatoires de ces rassemblemens, et les considérations politiques, objets essentiels de nos recherches.

De retour à Saint-Cloud, après son inspection des côtes et des places de la Belgique, le premier Consul fit expédier des ordres et

des instructions à tous les corps pour qu'ils fussent exercés sans relâche, selon l'espèce d'armes, à la gymnastique la plus appropriée à leur destination. Les troupes de cavalerie devaient accoutumer les chevaux à passer les rivières à la nage; les dragons, dont il avait trop multiplié les cadres, et dont il s'exagérait l'utilité sous le rapport du double service à pied et à cheval, furent formés en bataillons, exercés comme troupe d'infanterie, et ne devaient être montés qu'avec des chevaux de prise sur le territoire ennemi.

Pour conserver à l'artillerie française la supériorité qu'elle s'était depuis long-temps acquise sur celle des autres puissances, et qu'elle avait brillamment soutenue pendant la dernière guerre, il prescrivit que, dans chaque régiment, on tînt note des canonniers pointeurs qui auraient abattu le plus de blancs, ainsi que des bombardiers qui auraient mis le plus de bombes dans le cercle, et de ceux qui auraient le mieux tiré l'obus. Chacun des régimens devait envoyer ses dix

meilleurs pointeurs à l'arsenal de La Fère, où se feraient de grands exercices et se distribueraient les prix institués pour exciter l'énulation entre les régimens d'artillerie à piel et à cheval.

Ce fut peu de jours avant de partir pour faire la reconnaissance des côtes de la Manche, le 14 juin 1803, que Bonaparte, par un ordre adressé au ministre de la guerre (voyez les Pièces justificatives), arrêta les premières bases de l'organisation de l'armée d'Angleterre. Six corps d'armée, sous les ordres de six lieutenans-généraux, avec le titre de commandans en chef, devaient former autant de camps; chacun d'eux ayant son état major complétement organisé, et son parc d'artillerie commandé par un général de cette arme, et soumis cependant à un seul commandant en chef de l'artillerie des six camps. Il en était de même de l'administration ou commissariat. Les ordonnateurs de chacun des corps d'armée devaient correspondre avec l'ordonnateur en chef, qui faisait partie de l'état-major général du premier Consul,

On doit remarquer ici la juste mesure avec laquelle, en laissant à ses lieutenans, pour tous les objets de service, pour toutesles opérations auxquelles ils devaient concourir, la latitude d'indépendance strictement nécessaire, il conservait toujours à son état - najor central, la direction supérieure du matériel de l'artillerie, du génie et de l'administration: il avait constamment sous les yeux, ou plutôt dans sa vaste mémoire, les états de situation. de ses troupes et le tableau de ses ressources en munitions de guerre et de bouche : absent ou présent, lui seul en disposait, et ne souffrait pas que la rivalité de zèle et de prévoyance des commandans en chef gênât les vues du généralissime, et tendît à rompre l'unité de son commandement.

L'emplacement des camps fut d'abord réglé de la manière suivante :

un en Hollande,

un à Gand,

un à Saint-Omer,

un à Compiègne,

un à Saint-Malo,

un à Bayonne.

Le camp de Hollande devait être de 50,000 hommes, dont 18,000 de troupes françaises et 12,000 bataves; ceux de Saint-Omer et Compiègne, chacun de 15,000 hommes. Rien ne fut encore arrêté sur la force et la composition des camps de Saint-Malo et de Bayonne. Tous les corps, destinés pour l'un de ces camps, reçarent l'ordre de se tenir prêts à fournir, pour la fin de l'été, leurs deux premiers bataillons complétés à 1,000 hommes.

La nomination du personnel des états-majors de ces corps d'armée ne fut point immédiatement annoncée : on fit connaître seulement celles du commandant en chef de l'ar tillerie (le général Marmont); du directeur général des parcs (le général Faultrier); et de l'intendant général (le conseiller d'état Petiet). Le général Berthier, ministre de la guerre, ajouta à ses fonctions celle de major général de l'armée.

Telle fut la première base d'organisation de cette grande armée, que les puissances continentales virent sans inquiétude se rassembler sur le rivage de l'Océan. Presque

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