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ailleurs qu'à Milan, on apercevait les symptômes d'une sourde fermentation : quelques mouvemens d'insurrection éclatèrent dans la Romagne. Quoique peu touché de ces vains murmures et des rapports alarmans du général Murat, Bonaparte, aussi méfiant que ses sujets italiens, prit des précautions plus sévères pour les contenir dans l'obéissance : il ordonna à ses lieutenans de ne point laisser leurs troupes disséminées par détachemens, et de les terrir réunies au moins par bataillons. Il fit organiser, dans la Romagne, des colonnes mobiles, depuis Rimini jusqu'aux bouches du Pó. Il s'attacha surtout à accélérer les travaux des fortifications d'Alexandrie auxquels il employa dix mille ouvriers. Il avait toujours considéré cette place comme le boulevard de sa puissance au-delà des Alpes il voulut, par tous les moyens de l'art, rendre inexpugnable ce point d'appui; il Ꭹ destina d'abord dix millions, et chargea spécialement l'inspecteur général du génie Chasseloup de lui présenter les projets qu'il n'arrêtait qu'après les avoir fait

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discuter devant lui. Les principales données du problème étaient celles-ci : le vieux château ou citadelle d'Alexandrie devait être le réduit de la défense intérieure de l'Italie; six mille hommes et cinq mille malades devaient y être casernés et logés à l'abri de la bombe; les terre-pleins des bastions devaient couvrir des magasins assez spacieux pour renfermer un équipage de siége, et outre les munitions de guerre, un approvisionnement pour vingt mille hommes pendant l'an.

<<< Je considère cette place, disait Bona>> parte, comme la possession de toute l'Ita» lie, le reste est affaire de guerre; Alexan» drie est affaire de politique. » Nous le verrons plus tard animer ces travaux par sa présence, y verser des trésors; et nous saisirons l'occasion d'en faire connaître l'importance et la perfection, en l'honneur des habiles ingénieurs qui les dirigèrent.

Pendant que rien n'échappait à la vigilante activité du premier Consul pour la conserva tion et la défense de ses conquêtes en Italie, il se préparait en Hollande à mettre à profit

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l'avantage de la situation de ses ports, de ses rades et de ses chantiers pour ses projets offensifs: en affectant de traiter avec un allié pour la cause commune, il parlait, il agissait en maître. Il exigea que les forts de l'île Gorée, de l'île de Worn, et celui de Briel, ainsi que toutes les batteries des côtes, fussent armés sans délai, afin de protéger les vaisseaux hollandais et les frégates françaises qui s'y trouvaient stationnés; les troupes du général Victor furent partagées en trois corps, pour la défense des embouchures de l'Escaut et de la Meuse, et de tous les points de la côte depuis Flessingue jusqu'au Texel. Les troupes bataves, amalgamées avec les troupes françaises, étaient sous le commandement du général Victor. Le premier Consul, qui, à l'exception d'un très-petit nombre d'officiers distingués, tels que le brave amiral Verhuel, n'avait point de confiance dans les Hollandais, et ne fit jamais rien pour conquérir la leur, prescrivait à ses généraux la plus rigoureuse surveillance: pour se mieux assurer de la place de Flessingue, dont il

voulait faire un arsenal pour la marine française, il détacha l'île de Walcheren du commandement supérieur de la Hollande; et le général Monnet, auquel il confia ce poste important, eut ordre de correspondre directement avec le ministre de la guerre. La garnison, forte de 3,000 hommes, devait être soutenue, en cas d'attaque, par une réserve d'égale force, cantonnée dans le Sud Beveland.

C'est à cette même époque, à ces mêmes circonstances que se rapportent les vues de Bonaparte sur le port d'Anvers, auxquelles il donna depuis un si grand développement : mais ces premières dispositions se lient à celles qu'il ordonna dans la Belgique et sur les côtes de la Manche, pour l'exécution de son plan d'offensive; elles nous ont fourni la matière des deux chapitres suivans.

CHAPITRE VI.

Projet de descente en Angleterre proclamé par le gouvernement français. — Dispositions générales. -Constructions, arme

mens en France et en Hollande.-Levées. -Mouvemens excités dans la Vendée.

Capitulations pour la formation des régi

mens suisses. - Premier rassemblement de troupes françaises.

Dès la fin de juin 1803, un mois après la rupture, la défense des côtes sur l'Océan et la Méditerranée était partout assurée; tous les ports de l'occident et du midi de l'Europe étaient fermés aux Anglais, et depuis l'embouchure de l'Elbe dans la mer du Nord, jusqu'aux bouches du Pó au fond de l'Adriatique, il n'y avait pas un point fortifié, pas un seul poste d'observation qui ne fussent occupés, et sous le commandement d'officiers français. Ne pouvant protéger les retours des

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