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d'assurer la défense de tous les points vulnérables sur lesquels les escadres anglaises, dont rien n'égale la vigilance et la mobilité, auraient pu se porter.

Les troupes françaises, après avoir évacué le royaume de Naples, conformément aux stipulations du traité, s'étaient retirées derrière les Apennins: elles étaient maintenues au complet de guerre, et toujours prêtes à marcher : elles étaient répandues dans les légations romaines et sur le territoire de la république cisalpine. Le général Murat, qui commandait en chef en Italie, reçut, au commencement d'avril 1803, peu de temps après le message hostile du roi d'Angleterre, l'ordre de détacher et de rassembler à Faenza un corps de troupes de 12 à 13,000 hommes dont nos lecteurs trouveront l'organisation dans la correspondance inédite du premier Consul (Voyez les Pièces justificatives). Ce

corps, dont la destination resta secrète même pour le général Murat, fut cantonné, jusqu'à nouvel ordre, dans les environs de Faenza et de Cesane; le parc d'artillerie, formé de

quatre divisions, chacune de six pièces, fut établi à Bologne.

Bonaparte n'avait évacué le royaume de Naples, dès la publication de la paix, que pour engager les Anglais à presser de même l'évacuation de Malte; il ne prétendait donc point commettre une hostilité en reportant un corps de troupes dans les mêmes positions qu'elles occupaient sur les côtes de l'Adriatique, avant le traité c'était la troisième invasion que subissait ce malheureux pays. Il importait de ne pas provoquer la résistance d'une population fatiguée de ses sacrifices, irritée par les désordres qui avaient été commis, soit dans la capitale, soit dans les provinces de l'Est. On voulait, en exigeant du gouvernement royal les fournitures et les dépenses nécessaires à l'entretien des troupes françaises, faire sentir que cet humiliant tribut n'était dû qu'à la fatalité des circonstances et à la mauvaise foi de l'Angleterre ; le premier Consul ne voulut point confier cette mission difficile au général Murat, vaillant jusqu'à la témérité, mais présomptueux

et irréfléchi. L'habile général Gouvion-SaintCyr, également ferme et prudent, lui parut plus propre à conduire cette espèce de négociation à main armée, et plus capable de maintenir la discipline si nécessaire dans une telle expédition : ce général reçut, le 14 mai 1803, l'ordre d'aller prendre à Faenza le commandement du corps d'armée que Murat avait rassemblé, et qu'il avait déjà fait avancer jusqu'à Rimini, ne doutant point que sa qualité de général en chef de l'armée d'Italie ne mît, par le fait, sous ses ordres immédiats, toutes les troupes qui agiraient en - deçà ou au-delà des Apennins, quelque pût être l'objet de leurs mouvemens. Cependant les ordres expédiés au général Gouvion-Saint-Cyr, avec le titre de lieutenant - général du premier Consul, le rendaient entièrement indépendant: il devait correspondre avec le ministre de la guerre et les ambassadeurs, et faire seulement connaître au général Murat la suite de ses opérations; celui-ci hasarda de s'y immiscer dès l'arrivée du lieutenant-général, il envoya à son quartier général un officier

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d'état-major, chargé de lui rendre compte. Cette tentative, repoussée avec dignité par le général Saint-Cyr, fut encore plus mal accueillie par le premier Consul, qui ne laissait jamais échapper l'occasion de ramener à la plus stricte obéissance les généraux en chef de ses armées, avec autant de sévérité qu'il en exigeait d'eux envers leurs subordonnés. « Je >> trouve très-déplacé, écrivait-il au général » Berthier dans son ordre du 17 juillet, que » le général Murat ait envoyé un agent à >> l'armée du général Saint-Cyr; il ne doit >> pas oublier les grands services qu'a rendus » ce général, ainsi que la latitude que le gou>> vernement a donnée à sa mission. »

Les instructions du général Saint-Cyr lui prescrivaient, en partant de Rimini, de traverser le duché d'Urbain, la Marche d'Ancóne; et en entrant sur le territoire napolitain, de mettre garnison à Peschiera, à Otranto, à Brindisi, à Tarente, et d'occuper tous les postes que tenait auparavant le général Soult. On lui recommandait les plus grands égards envers le Pape: il dut s'abstenir

de mettre garnison à Ancóné, et n'y laisser qu'un officier : les communications et la correspondance étaient uniquement confiées aux troupes du Pape. Ces ménagemens pour les états du Saint-Siége, le respect pour la religion, les pratiques extérieures si long-temps négligées dans les armées françaises, témoignaient assez l'importance que meltait Bonaparte à se concilier de plus en plus la bienveillance du souverain pontife, et les projets qu'il mûrissait pour le rétablissement du culte catholique, et ses vues politiques pour y appuyer sa puissance.

Pendant qu'il rassurait les Romains, la proclamation dont il fit précéder l'invasion des états du roi de Naples, et qu'il avait dictée lui-même, y jeta l'épouvante et donna ainsi la mesure de ses prétentions.

« Le roi d'Angleterre a faussé sa signature » et refusé d'exécuter le traité d'Amiens, en >> ce qui concerne l'évacuation de Malte.

» L'armée française se trouve par là obli» gée d'occuper les positions qu'elle avait » quittées en vertu de ce traité.

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