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dissipé, le tonnerre ne grondait plus qu'au loin, à l'extrémité de la péninsule d'Italie.

Nous avons dit plus haut que le prince Joseph, destiné à fonder une autre dynastie française dans les Deux-Siciles, après s'être arrêté deux jours seulement à Rome, avait été prendre à Albano, entre les mains du maréchal Masséna, le commandement de l'armée de Naples, que le général GouvionSaint-Cyr venait de quitter. Le prince Joseph, qui avait pour ce général la haute estime que lui conciliaient de toute part son caractère, ses rares talens et son expérience, avait espéré qu'il resterait à l'armée, et comptait le trouver au quartier - général ; mais comme il n'avait reçu aucun ordre, aucune destination, il était parti pour Paris, et s'était croisé en chemin avec le prince, à l'insu de celui-ci. L'empereur Napoléon, qui voulait entourer son frère des meilleurs instrumens dont il pût disposer, se garda de le priver des conseils de Gouvion-Saint-Cyr; il lui ordonna donc de retourner sur-lechamp, «< bien certain, disait-il, qu'il con

<«< courrait avec zèle, de concert avec Mas« séna, à mener à bonne fin cette importante « affaire, et d'autant plus utilement, qu'ayant «< commandé l'armée française d'observation <<< dans le royaume de Naples, nul autre n'y << pouvait apporter la connaissance qu'il y << avait acquise de la nature du pays, des « mœurs et des individus. »

Pendant son séjour à Albano le prince Joseph reçut, de la part du prince royal de Naples, la proposition d'une conférence au point de la frontière qu'il aurait désigné. Le prince de Saint-Théodore, chargé de négocier cette entrevue, fut accueilli avec beaucoup d'égards; mais cette démarche n'eut pas plus de succès que celle dont la reine Caroline avait chargé le cardinal Ruffo. Joseph, d'autant mieux informé par ces tentatives, de la nullité des moyens de défense, et de la disposition des esprits dans la capitale, se hâta d'achever ses dispositions, et porta son quartier-général à Ferentino.

Avant d'entrer sur le territoire de Naples, le prince, comme lieutenant de l'empereur

Napoléon, adressa au peuple napolitain et aux soldats de son armée, des proclamations qui servirent de réponse aux ouvertures du prince héréditaire. Il disait au peuple: « L'empereur des Français, dont la jus<< tice égale la puissance, veut donner un << grand exemple, commandé par l'honneur « de sa couronne, par les intérêts de son << peuple, et par la nécessité de rétablir en << Europe le respect qu'on doit à la foi pu<< blique. L'armée que je commande marche <<< pour punir cette perfidie; mais vous, peu<< ples, vous n'avez rien à craindre; ce n'est << pas contre vous que sont dirigées ces ar<«<<mées les autels, les ministres de notre <«< culte, vos lois, vos propriétés, seront res<< pectés; les soldats français seront vos frè<< res». Il disait à son armée : « Nous com<<< battrons les Russes et les Anglais, s'ils se << présentent; nous punirons la cour qui les «<a appelés, au mépris des stipulations les << plus sacrées mais nous respecterons les << peuples. Si les troupes de la coalition s'é

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<«<loignent, si les Napolitains se montrent

<«< indifférens à la cause d'une cour qui n'a «< cessé de trahir leurs intérêts les plus chers, << il ne nous restera que la gloire d'une exacte << discipline. >>

Le 8 février l'armée française commença son mouvement, et l'avant-garde passa le Garigliano; le prince Joseph divisa ses troupes en trois corps : le premier, avec lequel il marchait lui-même, était au centre, sous les ordres du maréchal Masséna; il se dirigea par San-Germano sur Capoue; le second, commandé par le général Reynier, formait l'aile droite, et marcha par Terracina sur Gaëte; le troisième, composé des corps italiens, sous les ordres du général Lecchi, forma l'aile gauche, et déboucha par Itri.

Le maréchal Masséna ne rencontra aucune résistance jusqu'aux portes de Capoue; il investit cette place le 12 février, et somma le gouverneur de la rendre sur-le-champ aux armes françaises celui-ci refusa, et répondit par des coups de canon; mais le lendemain une députation des autorités de

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Naples se rendit au quartier- général du prince Joseph, et traita de la reddition de toutes les places fortes: le gouverneur de Capoue ouvrit ses portes aux troupes du maréchal.

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Il n'en fut pas de même de Gaëte: le prince de Hesse-Philipstadt, sommé par le général Reynier, répondit qu'il ne rendrait la place importante qui lui avait été confiée, qu'à la dernière extrémité, et après avoir épuisé toutes ses ressources et tous ses moyens de défense. Reynier, pour resserrer la garnison dans la forteresse, et couvrir la grande route, principale communication entre le pays de Naples et l'État de l'Église', fit attaquer surle-champ l'ouvrage le plus avancé : la redoute de Saint-André, armée de six pièces de canon, fut enlevée d'assaut. Le général Grigny, qui conduisait l'attaque, y périt de la plus belle mort des braves il eut la tête emportée par un boulet. Ce général, l'un des plus vieux officiers de l'armée française, s'était, jeune encore, fait distinguer par son intrépidité pendant la

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