Imágenes de página
PDF
ePub

vière et de Wurtemberg, et du grand-duché de Bade, éleva une grande barrière entre l'Autriche et la France, toute en faveur de celle-ci; ces états, désormais dépendans et feudataires du nouvel empire, devinrent ses. véritables frontières orientales, son seul côté vulnérable : la cession du Tyrol couvrait à la fois la Suisse, qui ne devait plus servir de théâtre de guerre, ni de foyer d'intrigues; tous les débouchés de la grande chaîne des Alpes, depuis le Saint-Gothard jusques à la Hongrie, toutes les routes militaires vers l'Italie, toutes les communications commerciales furent fermées aux Autrichiens. Depuis la formation des monarchies modernes, aucune d'elles n'avait été si fortement ébranlée : on pouvait douter, en voyant l'abaissement subit de l'Autriche, si le reste de son existence n'était pas dû à la générosité du vainqueur : tout près de sa ruine, elle ne trouva de salut que dans la conservation de son armée, et ce fut peut-être le plus grand service que l'archiduc Charles eût rendu à sa patrie; ce fut avec des provinces qu'on ra

cheta dés soldats, et l'on verra, dans la suite de cette histoire, que c'est avec ces mêmes. soldats que l'Autriche a recouvré ses provinces deux fois perdues.

La Russie, quoique partie principale à la journée d'Austerlitz, n'avait paru qu'en auxiliaire; les pertes d'hommes et de matériel qu'elle avait faites pouvaient être promptement réparées; sa situation politique n'était point changée; aucune des conditions de la paix ne l'atteignait directement; seulement, la cession de la Dalmatie vénitienne et son incorporation au royaume d'Italie, restreignaient son influence sur la Porte Ottomane, et préparaient un appui au plus ancien allié de la France, toujours menacé par l'accroissement des forces et des ressources d'un si puissant voisin.

'La Prusse était dans une situation critique et très singulière; son intervention avant la bataille d'Austerlitz avait été toute hostile, et Napoléon pouvait, à bon droit, tourner ses armes contre elle l'empereur Alexandre avec les débris de son armée ne

:

lui aurait porté qu'un secours tardif; et l'Autriche, jalouse et justement irritée, n'eût rien entrepris pour sa défense, quand même elle eût été en mesure de le faire; le ministre Haugwitz sentit le danger de cette position, et profita habilement de l'empressement que montrait Napoléon de terminer la guerre; il servit bien sa cour en maintenant le système de neutralité qui lui avait jusqu'alors réussi; mais il alla trop loin, il dévia de la circonspection qu'imposaient les circonstances à une puissance du second ordre. Un traité de paix, conclu à Vienne, le 15 décembre 1805, par le comte d'Haugwitz, régla les échanges de territoire entre la Bavière, la Prusse et la France; ce traité était en apparence très-favorable à la cour de Berlin; elle cédait à la Bavière le pays d'Anspach, et à la France, pour en disposer à son gré, les principautés de Clèves et de Neuchâtel. La Bavière cédait à la Prusse un territoire de 20,000 âmes de population pour l'arrondissement du margraviat de Bareuth; la France garantissait à la Prusse la possession

du pays d'Hanovre et des autres états allemands du roi d'Angleterre. Séduite par le désir de s'agrandir, et de s'assurer avec la navigation exclusive de l'Elbe, le port d'Hambourg, le plus riche entrepôt du commerce du continent, ambitieuse de jouer à son tour un premier rôle dans les affaires de l'Europe, la cour de Berlin n'aperçut pas d'abord le piége que lui tendait l'empereur Napoléon; il ne pouvait faire valoir sur le Hanovre; qu'un droit de conquête déjà bien affaibli, puisque les troupes françaises avaient évacué l'électorat, et que la seule place de Hamel était restée en leur pouvoir. La Prusse n'obtenait donc qu'une possession éventuelle, rien au-delà d'une simple promesse, presque tandis que Napoléon atteignait son but en détachant les intérêts de la Prusse de ceux de l'Angleterre, en semant la discorde entre ces deux puissances, et mettant un obstacle presque insurmontable à la formation d'une nouvelle coalition. Nous dirons plus tard quelles furent les suites de ce traité d'échange, et comment la Prusse, également embarras

sée de la ferme opposition de l'Angleterre, et des refus de la France, fut entraînée dans la même lutte où l'Autriche avait succombé, commit la même faute, et perdit tout le fruit de sa versatile politique.

[ocr errors]

Les rapports des autres puissances continentales avec les deux principales parties belligérantes, n'éprouvèrent aucun changement, ou ne ressentirent qu'indirectement les conséquences du traité de Presbourg : l'Espagne qui venait de payer chèrement, par la perte de la presque totalité de sa marine, son alliance avec la France, était entraînée et n'avait plus à espérer, des chances de la guerre, aucune compensation de ses sacrifices: Napoléon flattait le favori qui la gouvernait honteusement, parce qu'il disposait ainsi des ressources de la péninsule méridionale, et la considérait déjà comme une partie intégrante de son empire d'occident. Vers le nord, l'autre péninsule, la Hollande, cherchait vainement, dans sa nouvelle constitution républicaine, l'ombre de sa liberté; c'était toujours une province

« AnteriorContinuar »