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jusqu'à la baie de Saldahna, à dix-huit ou vingt lieues de la baie de la Table, malgré les difficultés de la marche qu'il aurait à faire pour se porter ensuite sur la ville du Cap, plutôt que de retarder encore le débarquement. Le général Beresfort fut envoyé en avant à Saldahna avec un régiment d'infanterie et un régiment de dragons : le reste de l'armée devait l'y suivre le lendemain; mais le ressac ayant beaucoup diminué, l'amiral se décida à aborder la terre dans la baie de Lospard: les troupes débarquèrent en bon ordre sous la protection de l'artillerie des vaisseaux, sans faire d'autre perte que celle de quelques hommes, par le feu des tirailleurs répandus sur le rivage; une chaloupe fut engloutie par les vagues.

Le général Baird n'attendit pas le retour du détachement avec lequel le général Beresford avait débarqué à Saldaḥna, et, sans perdre un instant, il marcha sur la ville. Dès qu'il eût atteint le sommet des monta-. gnes Bleues, il découvrit, dans la plaine, les troupes hollandaises rangées en bataille, et

prêtes à le recevoir; leur nombre était de quatre à cinq mille hommes (force à peu près égale à celle des Anglais), la plus grande partie de cavalerie. Le gouverneur Janssens, qui les commandait, avait pris une bonne position, et sa ligne était soutenue par vingt-trois pièces de canon. Sir David Baird fit, sur-lechamp, ses dispositions; le général Fergusson attaqua la gauche de la ligne ennemie avec sa brigade; il aborda franchement sous le feu de la mousqueterie et la mitraille : les Hollandais soutinrent avec fermeté le premier feu; mais chargés à la baïonnette, ils plièrent, furent dispersés, et laissèrent sept cents des leurs tués ou blessés sur le champ de bataille.

Après cette action, qui eut lieu le 8 janvier, les Anglais ne pouvaient rencontrer d'obstacles dans leur marche, que le manque d'eau et de vivres, et la nature du terrain coupé et difficile qu'ils devaient traverser. Parvenu à la rivière Salée, où il se proposait de camper, le général Baird reçut de la ville, par un parlementaire, des ou

vertures de capitulation: les articles en furent promptement réglés, et le soir même le fort Kuocke fut remis aux troupes anglaises; le lendemain la capitulation fut signée, et la ville du Cap rendue aux armes de sa majesté Britannique, le 10 janvier 1806.

Le général Janssens, avec deux ou trois mille hommes qu'il avait ralliés après l'affaire du 8, s'était retiré vers le pays des Hottentots, et avait pris poste à l'entrée d'un défilé qui conduit au district de Zwellendam. Comme il attendait de jour en jour les secours qui lui avaient été annoncés d'Europe et de Batavia, il avait résolu de se maintenir dans l'intérieur de la colonie; mais le général Beresford, qui reçut l'ordre de le poursuivre et de l'attaquer, lui offrit une honorable capitulation, qui fut acceptée le 18 janvier, et en vertu de laquelle le général Janssens, et les troupes sous ses ordres, eurent la faculté de se retirer en Hollande sans être considérés comme prisonniers de guerre. Ainsi fut achevée, en huit jours, la conquête de la

belle colonie du cap de Bonne-Espérance et de toutes ses dépendances.

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Ce rapide succès excita le commodore Popham, dont la coopération avait été si efficace, à proposer au nouveau gouverneur, sir David Baird, de seconder une expédition que depuis long-temps il avait fort à cœur d'entreprendre, et qu'il considérait comme le plus utile emploi qu'on pût faire, pour l'Angleterre, de la supériorité de ses forces navales. Quoique par ses instructions il dût, jusqu'à ce qu'il eût reçu de nouveaux ordres de l'amirauté, tenir la station du Cap, il voyait, dans la facile conquête de BuenosAyres, des avantages publics et privés si considérables et si certains, qu'il ne balançait pas à emmener avec lui au Rio de la Plata tous les vaisseaux et bâtimens armés sous ses ordres, et ne demandait à sir David qu'un petit corps de troupes commandé par le général Beresford, et mis entièrement à sa disposition. Le commodore Popham avait beaucoup contribué à déterminer son gouvernement à saisir la circonstance favorable

d'autres offi

pour s'emparer du cap de Bonne-Espérance avant que, de concert avec la France, le gouvernement hollandais eût pourvu à sa défense. Il avait aussi, ainsi que ciers de marine, été consulté par M, Pitt et par lord Melville, sur les projets que leur avait présentés le général Miranda, dans la vue de procurer à l'Angleterre, sur le continent de l'Amérique méridionale, un établissement utile à l'extension de son commerce. Quoique les vains projets de Miranda eussent été abandonnés, le commodore Popham, qui avait d'abord été destiné à commander cette expédition secrète, en était partisan et fort préoccupé. Des informations récentes sur la faiblesse des colonies espagnoles au Rio de la Plata, et sur la désaffection de la population indigène envers le gouvernement de la métropole, achevèrent de le déterminer; il parvint à persuader sir David Baird, qui prit sur lui de détacher le général Beresford avec environ mille deux cents hommes.

L'expédition de sir Popham quitta la rade

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