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accepté par le roi sans aucune altération; il ne pouvait que déplaire à la cour; les opinions de la plupart des membres de ce nouveau cabinet, sur diverses mesures qu'ils avaient ardemment soutenues, et principalement sur l'émancipation des catholiques, étaient contraires aux intentions fréquemment manifestées par sa majesté, ce qui fit craindre qu'il n'y eût de la part de la couronne moins de franchise que de résignation momentanée à l'impérieuse nécessité.

Depuis l'entrée de M. Pitt au ministère, en 1784, on n'avait pas vu de changement aussi complet dans tous les départemens de l'administration publique : on s'étonna d'abord que le principal personnage, M. Fox, maître de choisir son poste, ne se fût pas réservé pour lui et pour l'avantage de ses amis, la place du premier lord de la trésorerie: mais on vit bientôt qu'en arrivant au pouvoir après vingt-deux années d'opposition et de persistance dans le système de paix, il avait à cœur de prouver la sincérité de ses professions, en choisissant le dépar

tement où il pouvait le mieux les justifier: nul autre que lui ne pouvait travailler aussi efficacement à la pacification générale, car le plus grand obstacle avait disparu; l'étoile de Napoléon, qui n'avait point encore pâli, venait de mettre, à la place de son plus redoutable ennemi, l'homme d'état qui, par son caractère, ses talens et sa bonne foi, avait conquis son estime et désarmé sa méfiance. Jamais les circonstances ne furent et ne seront peut-être aussi favorables au rapprochement des deux premières nations de l'Europe, dont l'ancienne rivalité appartient à des temps, à des intérêts, à un état de choses qui ne sont plus, ou sont près de finir. Vains regrets! la fortune, qui se joue des plus sages comme des plus insensées résolutions des hommes, la faux de la mort, qui d'un seul coup change les destinées des empires comme celles des familles, en disposèrent tout autrement. Mais n'anticipons point, et avant de parler des ouvertures de paix auxquelles ce changement de système donna lieu, recueillons et plaçons ici d'abord

quelques-uns des derniers événemens de la guerre maritime et coloniale. Nous reprendrons ensuite l'épisode de la guerre de Naples, pour n'avoir plus qu'à bien expliquer, sans plus nous en distraire, la complication des intérêts politiques qui précédèrent et amenèrent la guerre de Prusse et de Pologne.

Après la destruction de la flotte combinée de France et d'Espagne à Trafalgar, le cours des faciles conquêtes des Anglais et de leurs envahissemens maritimes, ne rencontrait pas plus d'obstacles que celui des agrandissemens territoriaux de l'empire français après la bataille d'Austerlitz. Ces deux puissances colossales pouvaient, en s'accordant, se partager impunément le monde; mais la meilleure part, et les plus durables avañtages eussent toujours été du côté de l'Angleterre. Le premier fruit que le gouvernement britannique s'empressa de cueillir de la victoire de Nelson, fut d'arracher aux Hollandais l'une de leurs plus précieuses possessions, le cap de Bonne-Espérance, la clef de la navigation des Indes orientales,

qui depuis long-temps leur était enviée par les dominateurs des mers orientales.

Pendant la première guerre de la révolution (au mois de septembre 1795), les Anglais s'étaient emparés du cap de BonneEspérance; il fut à cette époque vaillamment défendu, pendant deux mois, par le gouverneur hollandais Sluisken, contre le corps de troupes débarqué sous les ordres du général Kraig, et sous la protection de l'escadre de l'amiral Elphinston. Leurs efforts réunis eussent échoué, si le général Clarke ne leur avait amené un renfort d'environ 2,000 hommes les Anglais conservèrent cette précieuse colonie jusqu'au traité d'Amiens (mars 1802). Nous avons précédemment fait connaître les entraves qu'ils mirent à la rétrocession à la Hollande stipulée l'article 6 du traité. On devait présumer qu'ils saisiraient la première occasion favorable d'y rentrer, de s'affermir comme à Gibraltar, et d'attaquer plus tard l'Ile-deFrance, afin de compléter leur échelle de navigation pour la presqu'île de l'Inde..

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Cette fois ils employèrent de plus grandes forces qu'en 1795; l'expédition fut confiée au commodore sir Home Popham pour la marine. Les troupes de débarquement, au nombre d'environ 6,000 hommes, étaient commandées par le général sir David Baird, officier distingué par ses services dans les Indes orientales; les généraux Beresford et Fergusson commandaient sous ses ordres chacun une brigade. L'expédition, après avoir relâché et s'être rafraîchie à San-Salvador, fit voile pour le Cap le 25 novembre 1805, et parut devant la baie de la Table le 4 janvier 1806. Les généraux anglais, espérant de surprendre la garnison, tentèrent de faire débarquer les troupes au moment même où l'escadre arrivait au mouil- « lage; mais la nuit survint, et le lendemain le temps devint si mauvais, et la mer brisait avec tant de force, qu'il fallut renoncer à ce point de débarquement, quoiqu'il n'y en eût aucun autre aussi sûr depuis la baie de Lospard jusqu'à la ville du Cap: le général Baird préféra de remonter vers le nord

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