L'armée prussienne fait des marches et des contremarches; il paraît que sa principale réunion est en avant d'Erfurt. Les armées de l'empereur sont en position: notre langage est pacifique; nous ne sommes point encore en guerre, mais l'armée est impatiente; elle porte dans son âme le sentiment de la victoire : jamais armée n'a été ni plus belle, ni mieux organisée. Dans notre position, sire, l'empereur porte un grand intérêt à Forcheim et à Cronach, ainsi qu'à Würtzbourg. J'ai fait venir six pièces de Forcheim à Würtzbourg, à cause de la proximité. Je supplie votre majesté de donner des ordres pour que Cronach et Rosenberg soient parfaitement armées; pour que Forcheim le soit également, de manière à ce qu'il n'y manque rien. Le petit fort de Rothemberg doit être tenu en état. Votre majesté serait-elle assez bonne de prescrire au général Deroy, à son commandant d'artillerie, à son commandant dans le Tyrol, de correspondre avec moi, afin de connaître la situation des choses? Si M. de Mongelas voulait également m'en. voyer des notes sur les nouvelles qu'il aurait de l'Autriche, ce serait très-intéressant pour l'empereur. En tout cela, il n'y aurait rien d'officiel. Je suis heureux de correspondre directement avec le général de Wrede. Votre majesté voudra bien ordonner au général Triva de porter des soins à ce petit corps d'armée qui, agissant directement sous les or dres de l'empereur, acquerra une nouvelle gloire dans cette campagne. Les troupes de Würtzbourg se réunissent à Elwangen; celles de Bade à Mergentheim; six mille Hessois à Würtzbourg le 6. Le roi de Hollande a à Wesel une armée formidable. Au maréchal BERNADOTTE. Würtzbourg, le 2 octobre 1806. L'INTENTION de l'empereur, monsieur le maréchal, est que jusqu'à nouvel ordre votre corps d'armée soit aux environs de Lichtenfelds, ayant des avantpostes en avant de Cronach et aux débouchés de Cobourg. Le corps du maréchal Davoust reste aux environs de Bamberg. Le maréchal Lefebvre prend position en avant de Schweinfurth, et a une avant-garde à Königshoffen. Le maréchal Ney est à Nuremberg. Le maréchal Augereau arrive le 4 à Würtzbourg. La réserve du prince Murat, grand-duc de Berg, se place entre Würtzbourg et Cronach. Telles sont, monsieur le maréchal, les dispositions du moment. Würtzbourg, Cronach et Forcheim, vont être approvisionnées et armées. Ces places serviront de dépôt; hôpital, dépôt, parc, tout y sera renfermé. Informez MM. les maréchaux de la position respec tive de leur corps d'armée. Au maréchal DAVOUST. Würtzbourg, le 2 octobre 1806. L'EMPEREUR vient d'arriver, monsieur le maréchal. Sa majesté me charge de vous expédier un courrier pour faire fournir sur-le-champ, par le pays de Bamberg, vingt mille quintaux de farine ou de grains, pour pouvoir faire soixante mille rations de pain par jour. Il faut que pour cet objet votre ordonnateur s'entende avec les administrations du pays, et que toutes les mesures soient prises pour avoir du biscuit. Så majesté ordonne que vous fassiez construire surle-champ huit grands fours à Bamberg par les soins des officiers du génie : l'empereur désirerait qu'ils fussent faits dans deux fois vingt-quatre heures. S'il manquait de briques, il faudrait faire démolir une mauvaise maison. Employez-y tous les maçons qui peuvent se trouver dans votre corps d'armée : toutes les mesures que vous prendrez sont bonnes, pourvų que les fours soient faits. Demain matin je vous écrirai plus en détail sur beaucoup d'autres objets. Faites passer le plus promptement possible la lettre ci-incluse au maréchal Bernadotte. Au maréchal BERNADOTTE. Würtzbourg, le 3 octobre 1806. L'EMPEREUR vient d'arriver, monsieur le maréchal. Sa majesté me charge de vous expédier un courrier pour que vous ayez à donner les ordres à vos officiers du génie, de faire construire, en y travaillant jour et nuit, huit grands fours dans le fort de Cronach. Sa majesté voudrait que ces fours fussent faits dans deux ou trois jours. Employez-y tous les maçons qui peuvent se trouver dans votre corps d'armée. S'il n'y a pas assez de briques, faites démolir la plus mauvaise maison; enfin toutes les mesures sont bonnes, si elles assurent l'exécution des ordres de l'empereur. Demain je vous écrirai en détail sur beaucoup d'autres objets. Au maréchal LEFEBVRE. Würtzbourg, le 2 octobre 1806. L'INTENTION de l'empereur, monsieur le maréchal, est que vos troupes ne baraquent ni ne bivouaquent : vous devez les cantonner aux environs de Schweinfurth; mais de manière à pouvoir les réunir en trois ou quatre heures sur la position que vous avez choisie. Donnez des ordres pour qu'il soit fait à Schweinfurth pour cinq jours de pain pour votre corps d'ar mée, et pour cinq jours de pain biscuité, ce qui vous fera pour dix jours de vivres. Je vous écrirai demain en détail. L'empereur est arrivé ce soir; il jouit d'une bonne santé. Vous devez continuer à avoir un poste de votre cavalerie sur le débouché de Hamelbourg. La division Dupont ne devait pas rester à Würtzbourg. Vous devez placer quelques postes de cavalerie intermédiaires jusqu'à Schweinfurth, afin d'avoir des nouvelles, et de les envoyer au quartier-général. A M. VILLEMANZY. Würtzbourg, le 3 octobre 1806. L'EMPEREUR ordonne, monsieur l'intendant-général, que vous fassiez partir ce matin même pour Cronach cent cinquante mille rations de biscuit. Faites continuer également pour cette destination le convoi de farines qui doit être arrivé hier au soir à Aschaffenbourg. Faites aussi continuer pour Cronach les convois de farine qui viennent de Mayence et de Spire. Faites employer dans la vallée de Cronach les moyens de mouture. L'importance est que Cronach puisse faire sept à huit cent mille rations pour l'armée, car il est possible que nous restions sur les hauteurs quelque temps avant de déboucher. Il faut donc d'ici à cinq ou six jours que il y ait huit à dix fours à Cronach. Songez que ce point est un des plus impor |