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traité de Presbourg, en remettant cette province vénitienne aux troupes françaises.

Le roi de Wurtemberg souffrait impatiemment ce surcroît de charges; les discussions avec ses généraux, les rixes entre ses troupes et les soldats français, étaient fréquentes; et loin de concourir à les calmer, il relevait avec humeur les moindres sujets de plainte. Napoléon ne tenait compte de ces mécontentemens, et répondait, « que ce prince lui de<< vait assez pour qu'il s'acquittât par quel<«<ques sacrifices, et qu'il ne devait pas être «<< plus ménagé que d'autres souverains. » Cependant, à l'époque des négociations séparées avec la Russie et l'Angleterre, et lorsqu'il consommait ses échanges avec la Prusse, il entra dans sa politique d'annoncer d'une manière plus positive la rentrée de l'armée avant la fin de septembre. Un décret relatif à la suspension du payement de la solde et à son alignement par un double prêt après le retour en France, une légère indemnité de 500,000 fr. distribuée aux cantons de la Bavière qui avaient le plus souffert du sé

jour des troupes françaises, les apprêts extraordinaires pour les fêtes, enfin la formation du camp de Meudon, et le tracé de quelques autres autour de Paris, accréditèrent cette opinion au dedans comme au dehors.

Cependant l'effet de ces manifestations fut bientôt détruit par la conclusion du traité de la confédération du Rhin, et par les dispositions soudaines du nouveau protecteur pour en assurer l'exécution. Le 28 juillet le. maréchal Bernadotte eut ordre d'occuper la ville et le territoire de Nuremberg, et d'étendre ses cantonnemens. Tous les autres maréchaux reçurent des ordres semblables pour l'ocupation des villes et territoires des princes régnans, et de l'ordre équestre dont la souveraineté était acquise par le traité aux membres de la confédération; il n'y eut d'autre formalité, pour effectuer tant de dépossessions, de cessions et rétrocessions, que l'envoi à chacun des généraux en chef, de la liste des pays où ils devaient envoyer des troupes, faire aux autorités de simples significations

verbales, et leur indiquer leurs nouveaux maîtres, en s'abstenant de faire aucune proclamation, aucun acte public au nom de l'empereur Napoléon. Cette mesure prise, disait-on, «< pour assurer provisoirement les <«< droits des princes de la confédération, << alliés de la France, et pour la tranquillité << future de l'Allemagne », excita de vives. réclamations de la part d'un grand nombre de princes et de seigneurs dont les droits avaient été sacrifiés à l'ambition et à la cupidité des plus puissans. Les populations arrachées à leurs légitimes souverains murmurèrent contre ces violences qui rompaient leurs anciennes habitudes, et blessaient dans toutes les classes une foule d'intérêts privés; l'intrigue s'empara de cette disposition des esprits; des conspirations se formèrent; d'affreux libelles excitant les habitans du sud de l'Allemagne à l'insurrection'et au massacre des troupes françaises, furent répandus avec profusion. L'empereur Napoléon réprima ces mouvemens séditieux; il donna l'ordre de faire arrêter et juger par une commission

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militaire, composée de sept colonels, les libraires, distributeurs de ces écrits séditieux. Six d'entre eux furent condamnés à mort. « Cette rigoureuse sentence (ainsi que «<le publia officiellement le prince major-gé«néral) fut prononcée conformément aux << lois générales de la guerre, et au code mili«taire de l'empire français » : le malheureux Palm de Nuremberg fut le seul qui subit la peine de mort; les autres obtinrent leur grâce, et furent remis à leurs gouvernemens

respectifs.

Malgré les ménagemens dont on usait en apparence envers la Prusse, ces actes d'autorité souveraine exercés presque sous ses yeux, et le rapprochement d'un corps d'armée (celui du maréchal Bernadotte) de la frontière de Saxe, précipitèrent les résolutions de la cour de Berlin; ses derniers apprêts de guerre déterminèrent la dislocation de l'armée de Hanovre, et les divers mouvemens dont nous avons rendu compte. Ces apprêts, ces mouvemens se faisaient à grand bruit et à découvert, parce qu'ils étaient le

résultat du triomphe d'un parti sur l'autre ; au contraire, ceux de Napoléon, qui n'étaient ni moins actifs, ni moins considérables, étaient masqués sous différens prétextes, et furent jusqu'à l'ouverture de la campagne presque entièrement ignorés des généraux prussiens.

Dans les premiers jours de septembre, le refus de la ratification du traité avec la Russie, le ton impérieux du négociateur anglais, le rapprochement des cours de Londres, de Suède et de Berlin, avaient déchiré aux yeux de Napoléon le voile qui couvrait le mystère d'une quatrième coalition; son plan de guerre était déjà arrêté, tout était prêt pour son exécution; mais plus ce plan était audacieux, plus le secret et la surprise étaient nécessaires pour en assurer le succès. Aussi lorsque l'ambassadeur Lucheşini, dont les rapports exagérés à dessein avaient si bien servi le parti anglais à Berlin, et dont M. de Talleyrand avait déjoué les intrigues, fut rappelé et remplacé par le général Knobelsdorff, Napoléon feignit d'écouter les protes

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