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le roi en personne et par son lieutenantgenéral le duc de Brunswick, ayant sous ses ordres les généraux Möllendorfet Kalkreuth, se forma derrière l'Elbe dans le pays de Magdebourg, ayant son avant-gardė sur la Saale.

Le corps d'armée de la gauche, ou armée de Silésie, auquel se réunirent les Saxons était fort d'environ cinquante-cinq mille hommes; il était commandé par le prince de Hohenlohe, et sous lui, par le prince Louis. Cette armée se forma en Saxe, et son avantgarde fut portée à Hof et sur le Kirschberg, s'appuyant à la frontière de Bohême.

Il faut ajouter le corps détaché en Westphalie (environ quinze mille hommes), sous les ordres du général Blucher.

Ayant pris pour base le cours de l'Elbe, et pour appuis et places de dépôt, Dresde, Torgau, Vittemberg et Magdebourg, les trois armées occupaient une ligne d'environ quarante lieues de Mulhausen à Hof; elles étaient prêtes à déboucher par trois grandes routes celle de gauche par Bayreuth; celle

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du centre par Erfurth; celle de droite par la vallée de Fulde; les deux ailes, plus avancées que l'armée royale, pouvaient en trois marches, et par de bonnes communications transversales, se concentrer avec elle sur tel ou tel point de la principale ligne d'opérations.

Telles furent les dispositions du roi de Prusse, et les positions qu'occupèrent ses armées vers la fin de septembre, peu de jours avant l'ouverture de la campagne : ces positions étaient également convenables pour couvrir les frontières par une défensive bien entendue, ou pour prendre l'offensive. Tout étant ainsi préparé, le roi partit de Postdam le 21 septembre, accompagné de la reine, et porta d'abord son quartier-général à Hall, où le duc de Brunswick l'avait précédé. Quoique les hostilités fussent imminentes et déjà presque inévitables, on négociait encore, ou plutôt on feignait de négocier dans l'espoir d'attaquer l'armée française dans ses cantonnemens, et de surprendre celui qui ne se laissa jamais prévenir. Nous dirons

quelques mots sur ces dernières ruses diplomatiques, et sur les manifestes qui éclatèrent presque en même temps, quand nous aurons rendu compte des premiers mouvemens de l'armée française, et que nous aurons fait connaître à nos lecteurs la belle combinaison des marches par lesquelles l'empereur Napoléon sut prendre l'avantage de l'initiative, et bouleverser le plan d'agression des généraux prussiens avant qu'ils eussent pu en exécuter la moindre partie.

On se rappelle qu'en faisant évacuer la Haute-Autriche à l'époque du 2 mars, fixée par le traité de Presbourg, et repliant son armée en deçà de l'Inn, l'empereur Napoléon conserva la place de Braunau, qui avait été pendant la campagne sa principale place d'armes. Jusqu'à ce que tous les articles du traité eussent été fidèlement exécutés de la part de l'Autriche, le maréchal Soult, dont

le

corps formait l'arrière-garde de la grande armée, reçut l'ordre de placer une de ses divisions à Braunau, et de cantonner les deux autres entre Passau et Landshut. Les

autres corps d'armée furent aussi cantonnés en Bavière et en Souabe, et assez resserrés pour qu'ils pussent en quelques marches border la ligne de l'Inn. Rien ne fut changé à l'organisation de la grande armée, chacun dut rester à son poste; le maréchal Berthier, commandant en chef comme lieutenant de l'empereur, établit son quartier-général à Munich; il y fut continuellement occupé de transmettre des ordres pour le complétement des corps et la réparation du matériel; l'armée était dans l'état le plus respectable; tous les ressorts de la machine étaient tendus, comme si l'on eût dû entrer en campagne le lendemain : cette attitude menaçante et presque hostile était nécessaire aux vues de Napoléon; elle alarmait l'Autriche, faisait ombrage à l'ambition de la Prusse, et tenait dans la dépendance les princes qui se détachaient du corps germanique. Pendant que la rentrée en France des troupes de la grande armée était fastueusement annoncée, l'occupation des bouches du Cattaro par les Russes avait fourni à

Napoléon un prétexte plausible pour prolonger celle de presque toute l'Allemagne méridionale; la prise de possession d'Anspach servit de motif pour porter plus au nord une partie des troupes françaises, et pour alléger le fardeau qui accablait la Bavière; le corps d'armée du maréchal Bernadotte s'y porta tout entier; le maréchal Davoust eut l'ordre d'établir le sien à Ettingen, dans la principauté de Limbourg, et dans le Mergentheim; et le maréchal Ney dut quitter Augsbourg et les rives de Lech, pour s'avancer dans la Souabe, sur la rive droite du Haut-Danube, à Engen, et dans la principauté de Furstenberg.

Ces mouvemens s'exécutèrent vers la fin du mois de mars: la Bavière fut un peu soulagée; mais la Souabe, qui avait moins souffert, fut moins ménagée; elle dut encore recevoir les trente mille prisonniers autrichiens dont Napoléon suspendit le retour pour s'assurer, par ces otages, que le gouvernement autrichien forcerait les Russes à évacuer les bouches du Cattaro, et accomplirait les stipulations du

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