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dérés comme un foyer de conspirations contre la France; les troupes françaises y entrèrent, occupèrent tous les ports et mirent garnison au château Saint-Ange. Le système continental fut établi dans toute sa rigueur à Rome, à Naples, à Florence, et dans toute l'Italie septentrionale; la diète helvétique dut aussi prescrire l'interdiction des marchandises anglaises dans tous les cantons. Ces mesures bien opposées, sans doute, à la modération que Napoléon affectait de manifester dans la négociation, étaient du moins justifiées par le droit de représailles. Quoique la rupture des négociations entre la France et l'Angleterre parût laisser les deux puissances dans la situation où elles se trouvaient respectivement avant leur ouverture, diverses causes, et principalement la guerre à laquelle la Prusse se laissait aveuglément entraîner, avaient, à l'époque de la mort de M. Fox, changé la face des affaires sur le continent, et rendu aux partisans de la guerre l'espoir de former contre la France une quatrième coalition; la Prusse y pouvait jouer

avec avantage le rôle que la maison d'Autriche avait été forcée d'abandonner, et que certainement elle était disposée à reprendre à la première circonstance favorable; la Russie, qui venait de donner un gage non équivoque de la solidité de son alliance, était sur ce nouveau théâtre, plus en mesure d'employer la totalité de ses forces, qu'elle ne l'avait été dans la campagne de 1805. L'état d'hostilité, le simulacre de guerre entre la Prusse et la Grande-Bretagne et la Suède, n'étaient déjà plus un obstacle; avec les subsides anglais, il était facile d'opérer un rapprochement entre des cabinets animés du même esprit de haine contre la France mais les embarras dans lesquels le gouvernement prussien s'était jeté par la fluctuation et la fausseté de sa politique, ne lui permirent pas de changer de système aussi promptement qu'il l'eût fallu pour concerter un bon plan d'opérations avec ses alliés, et tromper la vigilance de celui qui ne perdit jamais le moment d'agir:

La Prusse n'avait qu'un but fixe, la pos

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session définitive du Hanovre; elle en avait fait le prix de sa neutralité et de ses engagemens secrets avec la France dès le commencement de la guerre; ensuite le motif de ses conventions éventuelles avec les alliés et de l'offre de sa médiation; enfin, après la victoire d'Austerlitz, le gage de son alliance avec Napoléon, et la compensation des cessions qu'il exigeait : comptant sur un appui qui désormais semblait être inébranlable, et n'ayant pu cependant obtenir l'assurance qu'on lui garantirait, à la paix générale, la cession légale et la légitime possession de cette province, la Prusse avait soigneusement caché à l'Angleterre ses vues ambitieuses; elle avait feint de n'occuper, en souverain, l'électorat d'Hanovre que pour en assurer la neutralité et en éloigner les troupes françaises; et quand le voile avait été levé, elle n'avait pas craint de s'engager dans une guerre maritime d'une moindre importance pour elle que son agrandissement jusques au littoral des bouches de l'Elbe, et de la mer du Nord.

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Dès les premières ouvertures de paix entre la France et l'Angleterre, pendant que l'ambassadeur français, à la cour de Berlin, pressait le ministère prussien de persister dans les mesures qu'il avait prises, et dans l'état d'hostilité contre l'Angleterre, qui convenait si bien au système continental de Napoléon, l'ambassadeur de Prusse Lucchesini découvrit bientôt à Paris que le gouvernement français ne faisait aucune difficulté d'établir comme base de la négociation l'entière restitution du Hanovre, dont on a vu que l'échange avec les principautés d'Anspach, de Clèves et de Neuchâtel était déjà affectué. L'empereur Napoléon n'avait pas. caché ses intentions à cet égard, et dans un exposé de ses vues politiques, inséré par son ordre dans le journal officiel, à l'occasion de la déclaration de guerre de l'Angleterre contre la Prusse, on avait lu cette phrase remarquable. « La prise de posses«sion du Hanovre a été faite au nom du << roi, dans les mêmes formes que s'il vou<< lait réunir cette belle province à sa vaste

<< monarchie. Cependant, rien ne prouve <«<< que telle soit en effet l'intention de la << Prusse, et même il serait possible que la «< cession de Clèves, d'Anspach et de Neu«< chátel tînt à d'autres principes d'arran<«<gement, puisque la population de ces trois << pays n'égale pas le cinquième de la «<lation du Hanovre. >>

popu

Trompée dans la plus chère de ses espérances, humiliée par la confédération du Rhin, traversée dans tous ses desseins pour la formation d'une confédération du nord, la Prusse était tellement déchue, que son gouvernement tout militaire, ainsi que le grand Frédéric l'avait constitué, ne vit que la voie des armes pour reconquérir la considération qu'il avait perdue par ses continuelles vacillations. L'armée, belle, nombreuse et très-manoeuvrière, était depuis un an formée sur le pied de guerre; les jeunes officiers étaient pleins d'ardeur, les vieux généraux, fiers du souvenir des jours glorieux de leur jeunesse, oubliant leur âge et leurs infirmités aussi-bien que le chan

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