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la France. L'empereur Napoléon s'irrita de ce que la négociation qu'il croyait être parvenue à sa maturité, rétrogradait soudainement jusqu'à la discussion des bases; ses plénipotentiaires répondirent que jamais on n'avait proposé ni admis l'uti possidetis ; que si telle eût été sa pensée, «< il aurait gardé la << Moravie, la Styrie, la Carniole, la Croa<<< tie, toute l'Autriche, ainsi que sa capitale..... « que S. M. l'empereur et roi estimait à dés<«<< honneur la seule idée d'une négociation << basée sur l'uti possidetis. »

Dès ce moment, les négociations écrites

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prirent un ton de sécheresse et d'aigreur qui ne laissait presque aucun espoir de rapprochement: les plénipotentiaires anglais répli quèrent à la dénégation de la concession qu'ils invoquaient, en se fondant sur ces paroles de M. de Talleyrand à lord Yarmouth, Nous ne vous demandons rien; paroles que nous avons déjà rapportées, et dont ils s'obstinaient à faire une application rigoureuse, en leur prêtant un sens général. En même temps, considérant leur mission comme ter

minée, ils demandèrent leurs passe-ports. Malgré leurs réclamations réitérées, l'expédition en fut retardée sous divers prétextes, et le 11 août les plénipotentiaires français demandèrent des explications propres à faire connaître quelles étaient les conquêtes que l'Angleterre voulait garder, celles qu'elle voulait rendre à la France et à ses alliés; enfin quelles étaient les conquêtes de la France dont elle désirait la restitution. << Dans le cas où, en posant le principe de « l'uti possidetis, les plénipotentiaires an« << glais auraient en vue de proposer un moyen d'échange et de compensation, l'empereur « l'adoptait comme étant conforme aux bases « réellement posées dans la correspondance << des ministres des affaires étrangères des « deux pays ». Cette modification du principe n'engageait péremptoirement aucune des deux parties; elle était propre à tout concilier. Lord Lauderdale s'y refusa; il insista de nouveau sur la condition sine qua de traiter généralement sur la base de l'uti possidetis, scrupuleusement obser

«

non,

vée, et redemanda ses passe-ports; il fit connaître en même temps le rappel en Anglegleterre de lord Yarmouth, et les nouvelles instructions qu'il avait reçues pour traiter conjointement ou séparément avec le gouvernement français, dans le cas où sa proposition serait absolument admise.

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Tout le mois d'août fut consumé en explications, en récriminations. A cette époque la santé de M. Fox déclinait rapidement : l'hydropisie était déclarée; l'occupation des affaires lui était interdite, et lordSpencer tenait la plume; les partis s'agitaient, et celui de la guerre avait déjà pris le dessus. On attendait à Londres, aussi impatiemment qu'à Paris, les nouvelles de Saint-Pétersbourg. Enfin, le 3 septembre, un courrier apporta au prince de Bénévent la notification du refus de l'empereur Alexandre de ratifier le traité signé par M. d'Oubril; le lendemain, ce ministre le fit connaître au comte de Lauderdale, et accompagna cette communication d'une déclaration où le dépit de l'empereur Napoléon, sa fierté blessée et

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son mécontentement des mauvaises dispositions personnelles du négociateur anglais, étaient énergiquement exprimés. Dans cette réponse tardive à diverses notes officielles très-pressantes, le ministre se plaignait de ce que, depuis la nomination du lord Lauderdale, les négociateurs français n'avaient rencontré que des obstacles, et le refus le pluspersévérant d'écouter tout ce qui pouvait tendre à une conciliation. « S. M. l'empe« reur, disait-il, jugeant des vues du pléni<< potentiaire de S. M. Britannique, par l'in«< convenance des formes impérieuses, et, << on peut le dire, sauvages, qu'il n'avait pas «< craint d'adopter, a dû voir avec évidence « que la véritable intention de lord Lauder« dale avait été de venir rompre précipitam«ment une négociation qui, dans son prin«< cipe, annonçait une prompte et heureuse «<< issue... que si effectivement telle a été sa « mission; que s'il a voulu, en faisant suc« céder au langage doux et conciliant qui << avait rapproché les deux gouvernemens, Je ton impérieux du reproche et de la me

« nace, prolonger les calamités qu'il était << dans son ministère de faire cesser, lord Lauderdale a la triste gloire d'être arrivé << à son but. >>

Cependant, malgré l'aigreur de ces reprochés, le ministre français confirmait son adhésion aux deux bases de négociations tirées de la première lettre de M. Fox, et dont on était déjà tombé d'accord avec lord Yarmouth; elles ne furent acceptées par le comte de Lauderdale qu'en des termes vagues, et comme pouva servir seulement à traiter . provisoirement, le traité ne devant avoir son plein effet que dans le cas où la paix se ferait au même moment entre la France et la Russie; or l'obstacle était là, puisque depuis le refus de la ratification du traité signé par M. d'Oubril, le cabinet de Pétersbourg avait élevé la prétention de retenir la province de Cattaro, de stipuler les indemnités pour le roi de Sardaigne, et de s'immiscer dans le règlement des affaires d'Allemagne, pour assurer sous sa garantie le repos de l'Europe. Napoléon s'indigna de ce que sons le pré

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