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de la confédération du nord, fut vivement sollicité de se réunir à celle du Rhin, et menacé par celle-ci de perdre une partie de ses possessions, s'il s'obstinait à s'y refuser.

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Cette opposition, que la cour de Berlin taxait de perfidie et de manque de foi, refroidit ses relations avec la France. Napoléon n'usa d'aucun ménagement avec cette cour; tout occupé qu'il était alors d'aplanir le plus grand obstacle à sa paix avec l'Angleterre, en traitant séparément avec la Russie, l'aigreur et la présomption des Prussiens fixaient à peine son attention.

Nous devons maintenant ramener nos lecteurs au point où nous avions interrompu l'historique de la négociation entre les cabinets de Londres et des Tuileries; négociation suspendue par l'impossibilité de s'accorder sur l'intervention de la Russie. Faisons d'abord connaître quels furent les motifs très-fondés de Napoléon pour s'y refuser obstinément, et comment ses espérances s'évanouirent; nous reprendrons après le fil de la négociation pour ne plus le quitter jusqu'à sa rupture.

L'échange des prisonniers, heureux adoucissement aux plus grands maux de la guerre entre les peuples civilisés, fournit à l'empereur Napoléon un moyen direct de rapprochement le moment était favorable pour faire entendre à Pétersbourg des paroles de paix. La Russie, comme nous l'avons dit, n'avait perdu que des soldats et des canons de campagne; elle avait, sinon illustré, du moins honoré ses armes aux champs d'Austerlitz, en soutenant presque seule une cause maintenant abandonnée par toutes les autres puissances du continent, et pour le succès de laquelle on ne pouvait raisonnablement concevoir aucune nouvelle entreprise profitable.

L'empereur Alexandre, sans témoigner d'empressement, écouta des premières ou ver tures, et le conseiller intime d'état comte d'Oubril, envoyé à Vienne pour suivre de plus près l'échange des prisonniers, reçut des instructions plus étendues; ses communications fréquentes avec le gouvernement français, tenues d'abord très-secrètes, ame

nèrent des propositions d'accommodement, telles, qu'il fut autorisé à se rendre à la cour de France pour y déployer le caractère de plénipotentiaire. Il arriva à Paris vers la fin du mois de juin, entra en conférence avec le ministre des affaires étrangères, et ne fit aucune difficulté de traiter de la paix, sans aucune connexion apparente avec les plénipotentiaires anglais. Cette affaire fut conduite sous leurs yeux même avec toute l'habileté et la promptitude qu'exigeait la délicatesse des circonstances; car il fallait profiter de la disposition pacifique du cabinet de Pétersbourg, déjouer les intrigues de la cour de Prusse, qui avait envoyé le major Krusemarck, avec une mission extraordinaire, auprès de l'empereur Alexandre, et prévenir les insinuations de l'Angleterre. La négociation formellement ouverte le 10 juillet, entre M. d'Oubril et le général Clarke, plénipotentiaire français, fut suivie si vivement, que le traité de paix séparé entre la France et la Russie fut signé le 20 juillet. Les stipulations de ce traité étaient aussi

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simples que les intérêts respectifs des deux parties contractantes étaient peu compliqués; elles ne pouvaient en effet avoir donné lieu à de longues discussions : la cessation immédiate des hostilités, la remise aux troupes françaises des bouches du Cattaro, le rétablissement de la république de Raguse dans son ancienne indépendance, la retraite et l'amnistie des Monténégrins, la garantie mutuelle de l'indépendance des Sept-Isles, celle des possessions de la Porte, étaient les objets réciproquement consentis par les six premiers articles. L'article 7, le seul d'une importance générale, et qui sans doute avait déterminé le plénipotentiaire russe, était ainsi conçu : « Aussitôt << qu'en vertu de la présente convention << de paix, l'ordre aura été donné pour « l'évacuation des bouches du Cattaro, les << troupes françaises, en faisant cesser toute « occasion d'hostilités, se retireront de l'Al« lemagne. S. M. l'empereur Napoléon dé«< clare que toutes ses troupes retourneront << en France, au plus tard dans trois mois,

« à dater de la signature du traité. » Par l'article 8, les deux empereurs se promettaient d'employer leurs bons offices pour terminer

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guerre entre la Prusse et la Suède. Enfin, par l'article l'empereur des Français acceptait les bons offices offerts par l'empereur de Russie pour le rétablissement de la paix maritime.

Dès que ce traité eût été signé, M. d'Oubril partit. de Paris, et retourna à Pétersbourg avec une célérité extraordinaire, pour le soumettre lui-même à la ratification de son maître.

Pendant la négociation, et précisément le jour de l'ouverture des conférences, le prince Czartorinski, ministre des affaires étrangères de Russie, avait donné sa démission, et avait été remplacé par le général d'infanterie, baron de Budberg. Ce changement de ministre annonçait assez le changement de système. M. d'Oubril l'avait sans doute pressenti, puisqu'en partant de Paris il dit au négociateur anglais : Je vais mettre aux pieds de l'empereur mon ouvrage et ma téte. Il

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