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ou entrepris dans tous les départemens, les encouragemens donnés à l'agriculture et à l'industrie, une foule d'autres objets d'intérêt public étaient compris dans ce rapport historique et statistique, le plus instructif et le plus complet qu'on ait jamais présenté à une nation. Les nombreux détails qu'il renferme étant pour la plupart étrangers à cet ouvrage, nous nous sommes bornés à les analyser successivement: nous en avons cependant extrait la conclusion suivante qui appartient davantage à notre sujet.

« La première coalition terminée par le << traité de Campo-Formio, a eu pour résultat << favorable à la France, l'acquisition de la << Belgique, la limite du Rhin, la Hollande <«<< mise sous l'influence fédérative de la << France, la conquête des états qui aujour << d'hui forment le royaume d'Italie. La se<< conde coalition lui a donné le Piémont, et << la troisième met dans son système fédéra« tif Venise et Naples. Que l'Angleterre soit <<< donc enfin convaincue de son impuissance: « qu'elle n'essaie pas d'une quatrième coali

<<< tion, quand même il serait dans l'ordre <<<< des choses possibles qu'elle pût la renou«veler. Voilà ce que le gouvernement a fait <<< pour la gloire et la prospérité de la France; << l'empereur n'envisage que ce qui reste à <<< faire, et il le trouve bien au-dessous de ce <<< qu'il a fait; mais ce ne sont pas des con«< quêtes qu'il projette, il a épuisé la gloire « militaire; il n'ambitionne pas ces lauriers. << sanglans qu'on l'a forcé de cueillir.... >>

Ces chants de triomphes, ce mépris des vaincus démentaient la modération dont se parait aussi le vainqueur; les anciens maîtres du monde ne tenaient pas un autre langage; c'était le populos regere romane memento, et c'était aussi leur système que Napoléon avait adopté pour agrandir son empire. Ce fut peu de jours après la bataille décisive d'Austerlitz, que, pour la première fois, il laissa percer le secret de ses vastes desseins; ils étaient mûrs pour l'exécution. On avait déjà remarqué, dans sa communication faite au sénat, du statut qui réglait le droit de succession, à la couronne d'Italie, et sa sépa

ration éventuelle d'avec la couronne impériale, une restriction fort importante et conçue en ces termes : « Nous nous réservons « d'ailleurs de faire connaître, par des dispo«sitions ultérieures, les liaisons que nous « entendons qu'il existe, après nous, entre « tous les états fédératifs de l'empire fran«çais : les différentes parties indépendantes << entre elles, ayant un intérêt commun doi<< vent avoir un lien commun. »

Ce peu de mots renferme toute la politique de Napoléon; il en découvrit plus clairement encore le but et les moyens, lorsque dans son discours au corps législatif (que nous avons cité plus haut) il déclara qu'il avait garanti, comme chef supréme, les souverains et les constitutions des différentes parties du grand empire. Les conséquences d'un principe si fécond ne tardèrent pas à se manifester; il était évident que les royaumes qu'il créait, les principautés qu'il concédait, les duchés qu'il instituait, étaient de grands fiefs desquels il exigeait foi et hommage, et que le lien commun de ces trois classes de feuda

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taires n'était autre que sa suprématie. Il entendait ainsi le protectorat et la liaison des états fédératifs de l'empire français ; au lieu de l'affaiblir par ces agrandissemens successifs, à mesure qu'il en reculait les bornes par de nouvelles accessions, il augmentait ses forces militaires par les contingens qu'il exigeait, et ses ressources, par des tributs très-réels, quoique déguisés sous diverses dénominations.

Le torrent ne pouvait plus être arrêté: l'Espagne, quoique intacte encore; l'Italie toute subjuguée; l'Allemagne antérieure séduite par l'éclat des trônes nouvellement érigés, étaient déjà, par le fait, soumises à ce régime; leur dépendance et leur obéissance au chef suprême étaient éprouvées par les prestations en hommes ou en argent, et bien plus encore par la stricte exécution des ordres de l'empereur, relatifs à la confiscation et à la prohibition des marchandises anglaises.

La Hollande, en apparence si docile depuis la conquête, et qui avait chèrement payé la conservation de l'ombre de sa liberté,

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résistait seule par une force d'inertie qui te-. nait à la forme républicaine de son gouvernement. Les autorités, toutes composées de nationaux, toléraient le commerce interlope, faible dédommagement de tant de sacrifices. Cette introduction continuelle des produits des manufactures anglaises, et leur débouché dans la Belgique et en Allemagne, contrariaient les vues de Napoléon; son système s'écroulait s'il n'y avait identité de volonté et concours de moyens pour bannir le commerce anglais des ports du continent. Il résolut de changer la forme de gouvernement, et de saisir l'occasion de l'élection d'un grand-pensionnaire, à laquelle donnait lieu la cécité incurable de M. Schimmelpenninck. Les Hollandais furent préparés à cet événement, ou du moins avertis par une espèce de manifeste, ou article semi-officiel inséré dans le Moniteur. On y disait « que << l'empereur n'avait donné aucune attache « directe aux derniers changemens faits à << l'organisation de ce pays; qu'il pensait que « la prospérité et la liberté des nations ne

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