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comte d'Haugwitz signa, le 15 février, le nouveau traité qui fut ratifié à Berlin le 24 suivant.

L'exécution suivit de près, et des deux parts avec un égal empressement; le maréchal Bernadotte, qui, pendant la négociation, avait reçu l'ordre de se rapprocher des frontières du pays d'Anspach, y entra avec vingt mille hommes le 24 février, et prit possession au nom du roi de Bavière, en présence des commissaires prussiens. Le général Oudinot remplit une semblable mission à Neuchâtel avec les mêmes formalités, et au nom de l'empereur Napoléon, qui disposa de cette souveraineté en faveur du maréchal Berthier. Le prince Murat, créé grandduc de Berg, prit lui-même possession de cette principauté, cédée par la Bavière en contre-échange de celle d'Anspach; et la forterresse de Wesel, importante barrière sur le Rhin, fut remise à la France, et devint l'un des boulevards, de l'empire.

En même temps la garnison française de Hameln sur le Weser, sous les ordres du gé

néral Barbou, évacua cette place, où elle fut relevée par les troupes prussiennes.

Le roi de Prusse, pour donner à l'empereur Napoléon un gage de sa sincérité dans l'exécution du traité, appela M. de Haugwitz à la direction des affaires ; il remplaça le baron de Hardenberg, et le premier acte de son ministère fut la proclamation de la prise de possession du Hanovre, dont le comte de Schulemburg Kennhert fut chargé en qualité de commissaire-général. Cet acte ne laissait plus aucun doute sur l'incorporation effective de l'électorat à la monarchie prussienne, en échange des trois provinces cédées ou livrées à la disposition de la France. Le roi établissait sur le droit de conquête acquis à Napoléon, la légalité de la transmission qui lui était faite de l'électorat; il présentait à la noblesse, au clergé, à la masse de la population, ce changement de souveraineté comme un gage de sécurité et de prospérité future, et les adjurait d'y concourir par leur soumission au nouvel ordre de choses.

Peu de temps avant cet éclat, le comte Munster, président de la régence de Hanovre, voyant que les Prussiens ne se bornaient pas à l'occupation militaire, et qu'ils s'étaient emparés de l'administration civile, avait protesté contre cette violation, et le ministre anglais, M. Fox, dans une note adressée au baron de Jacobi, ambassadeur prussien à Londres, avait énergiquement revendiqué les droits de S. M. Britannique. La cour de Berlin répondit seulement qu'elle n'avait eu d'autres vues que celles propres à assurer la tranquillité de sa monarchie, et celle des états voisins; que le choix des moyens n'avait pas été en son pouvoir; que c'était la conséquence inévitable d'une guerre que sa politique conciliante n'avait pu prévenir, et qu'enfin les sacrifices de la maison de Hanovre n'égalaient pas ceux que faisait la Prusse elle-même pour assurer le repos du nord de l'Allemagne. Une proclamation du comte de Schulembourg annonça l'exclusion du pavillon britannique de tous les ports de la mer d'Allemagne, et de celui de Lu

beck. Les aigles prussiennes ayant remplacé dans tous les établissemens publics les armes d'Angleterre, le comte Munster s'embarqua avec les troupes anglaises, et se rendit à Londres. La régence hanovrienne se retira à Ratzbourg, et se mit sous la protection des troupes suédoises qui occupaient encore le pays de Lauenbourg.

Le roi de Suède, en se retirant en Poméranie avec le gros de son armée, après le départ du corps russe du comte de Tolstoy, avait laissé, sur la rive droite de l'Elbe, une division sous les ordres du comte de Lowenhielm, pour conserver ces pays à S. M. Britannique, jusqu'à ce qu'il en fût autrement convenu entre les deux monarques. Fidèle à ses instructions, M. de Lowenhielm refusa constamment de reconnaître les prétentions de la Prusse, et répondit que les pays hanovriens, sur la rive droite de l'Elbe, étant sous la protection de son maître, il les défendrait contre toute attaque. Le roi de Suède déclara qu'il considérerait toute entreprise sur le Lauenbourg comme une déclaration

de guerre formelle contre la Suède. Cependant, après une dernière et tout aussi vaine sommation, les Prussiens entrèrent le 18 avril sur le territoire de Mecklenbourg. Les hussards suédois s'étant repliés, les Prussiens continuèrent leur marche jusqu'à Seedorf, entre Mölln et Ratzbourg, où le comte de Lowenhielm tint ferme, engagea le combat malgré l'infériorité de ses forces, et n'acheva d'évacuer le pays hanovrien qu'après avoir ainsi constaté la violence, et fait commettre des hostilités.

Les mesures ordonnées par la Prusse contre la navigation et le commerce de la Grande-Bretagne, provoquèrent d'immédiates représailles; l'embargo fut mis dans les ports d'Angleterre et d'Irlande sur tous les navires prussiens; le blocus des embouchures de l'Ems, du Weser, de l'Elbe et de la Trave, fut signifié aux ministres des puissances neutres. Un message du roi aux deux chambres du parlement fit connaître la conduite astucieuse du cabinet de Berlin, l'invasion inconstitutionnelle des possessions

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