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qui lui paraissait infaillible, pressa les levées, les apprêts, et voulut une guerre à outrance la foudre d'Austerlitz répondit à ces vaines fureurs.

Napoléon reçut à Schoenbrünn, le lendemain du jour de la signature du traité de Presbourg, la nouvelle de la violation du traité de neutralité par la cour'de Naples : la fortune ne pouvait mieux servir ses vues. Il saisit avidement l'occasion qu'elle lui offrait de soumettre à ses lois toute la péninsule d'Italie; son indignation était juste, il la fit éclater dans une proclamation qui fut mise le 27 décembre 1805, à l'ordre du jour de la grande armée. Nous mettons sous les yeux de nos lecteurs cette pièce importante qui servit de manifeste, et décida irrévocablement du sort de la partie continentale du royaume des Deux-Siciles.

<< SOLDATS,

<< Depuis dix ans j'ai tout fait pour sau<<< ver le roi de Naples; il a tout fait pour se perdre.

<«< Après les batailles de Dego, de Mon« dovi, de Lodi, il ne pouvait m'opposer << qu'une faible résistance je me fiai aux << paroles de ce prince, et je fus généreux <<<< envers lui.

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<< Lorsque la seconde coalition fut détruite « à Marengo, le roi de Naples, qui, le pre<<< mier, avait commencé cette injuste guerre, « abandonné à Lunéville par ses alliés, resta <«<< seul et sans défense; il m'implora, et je << lui pardonnai une seconde fois.

<< Il y a peu de mois vous étiez aux portes << de Naples ; j'avais d'assez légitimes raisons, « et de suspecter la trahison qui se méditait, « et de venger les outrages qui m'avaient « été faits. Je fus encore généreux; je recon<«<< nus la neutralité de Naples; je vous or<< donnai d'évacuer ce royaume, et pour la << troisième fois, la maison de Naples fut <<< affermie et sauvée.

<< Pardonnerons-nous une quatrième fois? << nous fierons-nous une quatrième fois à << une cour sans foi, sans honneur, sans rai« son? Non, non! la dynastie de Naples a

« cessé de régner: son existence est incom<< patible avec le repos de l'Europe, et l'hon<< neur de ma couronne.

<<< Soldats! marchez, précipitez dans les flots, si tant est qu'ils vous attendent, ces « débiles bataillons des tyrans des mers; << montrez au monde de quelle manière <<< nous punissons les parjures; ne tardez pas << à m'apprendre que l'Italie tout entière est <<< soumise à mes lois ou à celles de mes al« liés; que le plus beau pays de la terre est <«< affranchi du joug des hommes les plus «< perfides; que la sainteté des traités est « vengée, et que les mânes de mes braves、 << soldats, égorgés dans les ports de Sicile, à << leur retour d'Égypte, après avoir échappé << aux périls des naufrages, des déserts et << des combats, sont enfin apaisés.

<< Soldats! mon frère marchera à votre <«<< tête; il connaît mes projets; il est le dé<< positaire de mon autorité; il a toute ma << confiance; environnez-le de toute la <<< vôtre. >>

Les effets suivirent de près cette mena

çante proclamation. Napoléon ordonna à son frère de se rendre à Rome, et d'y prendre, comme lieutenant de l'empereur, le commandement en chef de l'armée qui se rassemblait sur la frontière de l'État romain et dans la marche d'Ancóne. Le maréchal Masséna, spécialement chargé, bien que sous les ordres du prince, de diriger ces opérations, arriva le 9 janvier à Boulogne. Le général Gouvion-Saint-Cyr, qui avait été nommé commandant en chef de cette armée, avant la signature du traité de Presbourg, au moment où la nouvelle du débarquement des Russes et des Anglais était parvenue au quartier impérial, s'occupait d'organiser ses divisions; il ne reçut point l'ordre qui aurait dû lui être expédié, de remettre le commandement au maréchal, et cependant de rester de sa personne à la disposition du prince Joseph.

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Cette armée, qui, d'après les premières dispositions prescrites au maréchal Masséna, devait être de trente mille hommes, fut portée à un effectif de quarante-cinq mille, indépen

damment d'une réserve destinée à occuper quelques postes dans l'Etat romain. Le prince Eugène, vice-roi d'Italie, prit le commandement de toutes les troupes françaises et italiennes qui ne furent pas employées à l'expédition.

L'armée française de Naples fut organisée en trois corps : le premier fort de quinze mille six cents hommes de toutes armes, sous le commandement immédiat du maréchal Masséna; le deuxième de douze mille six cents, sous les ordres du général Reynier; le troisième de dix mille hommes, sous ceuxdu géné ral Duhesme. (Voyez aux Pièces justificatives l'état de cette armée au mois de février 1806.)

Pendant que les divisions se formaient, l'avant-garde avait été placée à Foligno; le maréchal Masséna la porta en avant, sur la route de Rieti, et établit le 12 janvier son quartier-général à Spoletto. Il s'occupa du soin de pourvoir aux besoins de ses troupes, et surtout de former son parc d'artillerie. Le général Dulauloi, qui commandait cette armée, la trouva dans le plus grand dénuement, et parvint à la rétablir avec une

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