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grands rassemblemens à dissoudre; mais dans cette affreuse guerre, obligé de disperser ses troupes et de les tenir toujours en mouvement, il ne pouvait parvenir à désarmer et soumettre les populations insurgées, qu'en livrant au pillage et faisant incendier les villes et les villages qui osaient se défendre. L'acharnement des insurgés était tel, qu'il fallait presque toujours emporter de vive force les postes qu'ils occupaient. La ville d'Amantea, dont ils avaient fait leur principale place d'armes, et dont la vieille mu raille était forte, résista aux premières attaques du général Verdier; il fallut, pour la réduire, y attacher le mineur. Trois bataillons polonais furent aussi repoussés à Cariati

Après avoir multiplié ces expéditions par tielles, le maréchal porta son quartier-géné ral à Monte-Leone, et fit échelonner et soutenir la division du général Reynier, qui se répandit dans la partie méridionale de la Calabre ultérieure, afin d'empêcher la communication des insurgés avec les bâtimens ennemis qui croisaient sur la côte..

L'insurrection avait été organisée comme le fut depuis celle de l'Espagne : chaque contrée avait ses chefs, qui ralliaient sur des points convenus. leurs, bandes battues, dispersées, jamais détruites; elles disparaissaient, laissaient passer le torrent, la furia francese, et se rassemblaient au loin sur les derrières et les flancs des colonnes. Pour conserver le point le plus important de sa ligne 'd'opération, le maréchal Masséna avait laissé à Cosenza le général Verdier avec la plus forte partie de sa division; et pour assurer sa communication avec Naples, il avait fait fortifier Lagonegro; ce poste, occupé par un détachement, fut attaqué par les insurgés de la Basilicata, sous la conduite de Mecco, paysan de Marasca, dont la bande, très-nombreuse, inquiétait continuellement la grande route; il fut repoussé et perdit six cents hommes.

Les Anglais, profitant de la grande diversion opérée en Calabre, tentèrent de s'emparer de l'île de Procida; l'amiral Sidney Smith s'y présenta avec vingt-deux bâtimens

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de guerre et fit sommer le commandant, qui répondit qu'il était prêt à faire la plus vigoureuse défense. La surprise de Capri avait fait redoubler de précautions et de vigilance; l'île de Procida avait une forte garnison, une artillerie nombreuse et bien servie; l'amiral s'en aperçut à la première attaque, et ne s'obstina pas à cette tentative inutile: il réussit mieux à protéger le débarquement de quelques bandes successivement rassemblées à l'île de Capri, pour essayer de soulever les provinces septentrionales; mais la reddition de Civitella del Tronto, la vigueur et la prudence avec lesquelles le général GouvionSaint-Cyr avait maintenu la tranquillité dans les provinces sous son commandement, lá prise de Gaëte et l'expédition de Calabre, avaient refroidi les partisans de l'ancien gouvernement. Ces bandes furent promptement détruites ou dispersées; l'un de leurs chefs les plus déterminés, un moine, le célèbre Fra Diavolo, poussé par des détachemens français, s'était jeté dans la ville de Sora avec sa bande, en avait muré les portes, détruit les

ponts sur le Cacigliano, et établi une batterie au seul gué praticable. Le général Espagne, avec un bataillon d'infanterie et le régiment de dragons commandé par le colonel Cavaignac, força le passage du Guarillano, et Sora fut emporté d'assaut. Tous ceux qui tombèrent entre les mains des soldats furent passés au fil de l'épée; le reste se dispersa dans les montagnes. Fra Diavolo, qui avait disparu pendant le combat, erra long-temps abandonné des siens; les habitans d'un village où il s'était refugié le livrèrent aux Français: il fut conduit à Naples, où il fut jugé, condamné à mort et pendu.

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Cependant le feu de l'insurrection que le débarquement des Anglais et la victoire de Sainte-Euphémie avaient allumé en Calabre, manquait d'aliment depuis que les communications de la côte avec la Sicile étaient interceptées; le général Stuart n'avait pu concerter avec les insurgés aucun plan d'opération, et sans doute n'avait pas voulu se hasarder, dans l'intérieur du pays, à mêler les couleurs હૈ et les armes britanniques avec celles de ces

hordes d'assassins, aussi féroces qu'indisciplinés: n'ayant pas assez de troupes de ligne pour tenir la campagne vis-à-vis du maréchal Masséna, il se rembarqua le 5 septembre, et se hâta de rentrer en Sicile server sa petite armée.

pour con

Privés de cet appui, les insurgés n'osèrent plus se présenter en masse; abandonnés, et souvent trahis par les autorités locales qui les avaient protégés ouvertement, ils furent poursuivis, traqués jusque dans leurs retraites les plus inaccessibles. Leurs principaux chefs disparurent, et cherchèrent un refuge à bord des vaisseaux qui les avaient vomis sur les plages inhabitées. L'ordre se rétablit peu à peu, et quoique l'insurrection ne fût point encore étouffée, l'amnistie que le roi fit publier contribua beaucoup à calmer l'agitation des esprits.

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Cette courte campagne coûta beaucoup d'hommes à l'armée française, non-seulement par la fatigue des marchés, les combats continuels, les embuscades, les fréquens assassinats des soldats isolés, mais encore

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