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place: ce début fut plus heureux et d'un plus grand effet qu'on n'eût osé l'espérer, car bien que l'assiégé eût environ cent canons ou mortiers sur son front d'attaque, le feu des Français prit sur le sien une supériorité décidée; l'effet des bombes fut attesté par l'explosion de trois dépôts de poudre, et celle plus considérable d'un magasin de bombes chargées. Au troisième jour du feu des assiégeans plusieurs pièces de l'ennemi étaient démontées, une grande partie de ses parapets et embrasures était bouleversée, et comme ces parapets et les joues des embrasures étaient construits en maçonnerie, on dût lui tuer et blesser beaucoup d'hommes; sa perte la plus sensible fut sans doute celle du brave gouverneur, qui, le 10 juillet, fut presque mortellement blessé à la tête par un éclat de bombe: ce prince était alors sur le bastion à trois étages, encourageant ses canonniers; il fut, peu de jours après, embarqué sur une frégate anglaise, et transporté en Sicile. Quoique sa défense eût été courageuse et très-honorable, on s'étonnait qu'avec une si nom-.

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breuse garnison, il n'eût pas fait pendant quatre mois de plus fréquentes sorties; on ne pouvait guère compter que celle du 15 mai, dans laquelle les Français perdirent cent hommes tués ou blessés, et parmi ces derniers le capitaine du génie Nepde, qui fut pris et conduit à Palerme.

Les derniers travaux pour l'établissement et la réparation continuelle des batteries de brèche furent durs et périlleux; l'avantage de la position du front d'attaque, et l'impossibilité d'employer le ricochet, laissèrent constamment à l'assiégé l'usage d'un certain nombre de pièces; plusieurs parties même de ses ouvrages se dérobaient presque entièrement à l'effet de l'artillerie des assiégeans.

Cependant dès le sixième jour de feu, les brèches commencèrent à se former : celle faite du côté de la citatelle, à la première enceinte dans un mur très-épais, mais derrière lequel il n'y avait point de terre, laissait voir à découvert les maisons de la ville, et présentait un accès facile; il fallut encore trois jours de tir pour bien ouvrir du même

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côté la brèche faite au flanc de l'ouvrage bas, par laquelle il fallait d'abord passer pour arriver à la précédente; l'officier du génie qui en fit la reconnaissance pendant la nuit, la trouva praticable, et s'assura qu'on pouvait y arriver le long de la face de l'ouvrage qui borde la mer, sans trouver plus d'un pied et demi de profondeur d'eau. On eut dès lors l'assurance de pouvoir pénétrer dans la place du côté de la citadelle.

La brèche entreprise au bastion à trois étages, n'offrait pas la même facilité, à cause de la dureté des maçonneries et de la tenacité des terres, quoiqu'on y eût tiré constamment avec douze ou quinze pièces de gros calibre; le fossé étant parfaitement couvert, l'assiégé déblayait le pied de la brèche pendant la nuit; on éleva une nouvelle batterie plus près de la place: elle devait commencer à tirer, le 18 juillet, et rendre en trente-six heures la brèche du bastion à trois étages aussi praticable que l'était déjà depuis trois jours celle de la citadelle.

Le maréchal Masséna, qui avait, pen de

jours avant, rejeté de premières propositions peu convenables dans la situation où étaient les assiégés, arrêta le dispositif de l'assaut que les soldats impatiens demandaient à grands cris. Vingt-six compagnies de grenadiers et de voltigeurs, complétées à cent hommes, devaient former les têtes de trois colonnes; une pour chacune des deux brèches, et une troisième pour pénétrer dans le chemin couvert, où l'ennemi tenait constamment une forte réserve, qu'il fallait prendre ou détruire, pour que les attaques des deux brèches ne fussent point troublées. Chaque colonne avait sa réserve particulière; il y avait en outre une réserve générale. Deux ingénieurs avec une compagnie de sapeurs et quelques mineurs devaient marcher en tête de chaque colonne.

Sur la dernière sommation du maréchal Masséna, le 18 juillet, à 6 heures du soir, les assiégés, prochainement menacés d'être emportés d'assaut, arborèrent les drapeaux au haut des brèches, et envoyèrent des parlementaires pour proposer une capitulation: celle que le maréchal accorda, et qui fut

signée le jour même, fut honorable

pour la

garnison, forte encore de sept mille hommes; elle obtint la faculté de s'embarquer pour la Sicile avec armes et bagages, et huit pièces de canon de campagne, sous la condition de ne point servir contre la France ni contre le roi de Naples, Joseph Napoléon, pendant un an et un jour. Toute l'artillerie de la place, et les munitions de guerre et de bouche, restèrent au vainqueur. Les pertes que firent les assiégés, presque toutes dans les dix derniers jours, depuis l'ouverture du feu des Français, égalèrent celle des assiégeans; le siége avait coûté mille combattans à chacun des deux partis.

Gaëte est le boulevard du royaume de Naples les Espagnols l'avaient vaillamment défendu en 1707 contre les Autrichiens; ils soutinrent l'assaut meurtrier que le maréchal Daun fut obligé de livrer pour y pénétrer, et ne capitulèrent que lorsqu'après un combat sanglant, engagé dans l'intérieur de la ville, ils furent acculés à la mer et renfermés dans le château. Près de trente ans

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