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bloquée par le général Lacour avec un corps d'environ deux mille hommes seulement. Il reçut dans le mois de mars un renfort de douze à quinze cents hommes. Secondé par les talens et l'activité du général Vallongues, qui commandait l'arme du génie et dirigea les premiers travaux du siége, le général Lacour avait bien employé les moyens mis à sa disposition, et le petit nombre de travailleurs que ses troupes pouvaient fournir. Au commencement de juin, les attaques avaient été poussées jusques à cent toises du pied des glacis, et les gardes des tranchées étaient à portée de fusiller avec celles des chemins couverts. Ces travaux n'étaient que préparatoires, mais ils donnaient les moyens de s'approcher rapidement. Le général Vallongues avait habilement profité des accidens favorables du terrain; il offrait à l'ouvert de la presqu'île, deux hauteurs trèsremarquables; celle du plateau sur lequel se trouve la Torre Atratina, reste d'un antique monument, à la distance de trois cents toises du corps de place, et celle dite le Monte

Secco, qui n'en est qu'à deux cent cinquante. Ces deux hauteurs sont séparées par un léger enfoncement, vu des feux de la place. A la gauche de ces deux hauteurs est le grand faubourg, ou plutôt la ville extérieure qui couvre tout le rivage du fond de la baie; et, à la droite, entre le pied du Monte-Secco et la place, jusqu'au rivage de l'ouest, sont des dunes d'un sable très-mouvant. On ne pouvait établir des batteries que sur ces deux collines: celle du plateau de la Torre Atratina n'a que très-peu de terre à sa surface, et sur le Monte-Secco, le rocher se montre presque partout à nu.

On peut, d'après ces indications, ayant le plan sous les yeux, juger de la nature du sol et de l'immense quantité de matériaux qu'il fallut y apporter pour pousser les travaux presque toujours en relief ou remblai, et continuellement foudroyés par la nombreuse artillerie du prince de Hesse, qui consommait avec prodigalité ses munitions, parce qu'elles étaient facilement renouvelées sous la protection de l'escadre anglaise. Cette force

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maritime varia selon les circonstances pendant la durée du siége; elle était à la fin de quatre vaisseaux de ligne, autant de frégates et trente chaloupes canonnières ou bombardes.

Le brave Vallongue, dont les talens et le zèle infatigable avaient déjà vaincu les principaux obstacles, se trouvait le 14 juin au centre de la première parallèle sur le Montel'achèveSecco; il y donnait ses ordres pour ment de la grande batterie de onze pièces, lorsqu'il fut atteint et blessé mortellement à la tête par un éclat de bombe. Ainsi mourut au champ d'honneur, emportant les regrets de toute l'armée, l'un des officiers du génie le plus distingué par ses rares connaissances, son intrépidité, et par les plus attachantes qualités personnelles. Le général Chambarlhiac vint quelques jours après remplacer le général Vallongue, et dirigea les opérations sous les ordres du général Campredon.

A cette époque, vers la fin de juin, les tranchées, les communications, et la première parallèle étaient achevées, ainsi que les amorces de droite et de gauche de la se

conde parallèle, au pied de Monte-Secco, jusqu'à soixante toises de distance qu'il manquait encore pour leur jonction. On était parvenu à faire rassembler tout le matériel d'artillerie et les munitions nécessaires pour presser un siége dont le succès devenait de jour en jour plus important. Il renforça le corps d'armée, qui fut porté à quatorzé bataillons (à peu près 8000 combattans), devant la place, non compris un petit corps de 1500 hommes d'infanterie et d'un régiment de chasseurs détachés sur la rive gauche du Garigliano, où les Anglais menaçaient d'effectuer un débarquement. Une division de douze chaloupes canonnières napolitaines vint mouiller dans l'anse de Mola di Gaëta, et repoussa plusieurs fois les attaques de la flottille ennemie.

Le maréchal Masséna prit en personne le commandement. Il avait sous ses ordres le général de division Gardane, et les généraux de brigade Valentin, La Cour, La Marque et Donzelot. Il établit le 28 juin son quartier général à Castellone. Le roi s'y rendit lui-même le lendemain, et visita

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la nuit suivante les tranchées et les batteries jusqu'aux points les plus avancés.

A

Jamais la constance et la froide valeur no furent mises à une aussi dure épreuve qu'au siége de Gaëte, pendant lequel l'ennemi tira. sur les assiégeans 120,000 boulets et 22,000 bombes, sans que ceux-ci répondissent par un seul coup de canon, jusqu'à ce que tous les travaux fussent perfectionnés et les batteries armées. On pourrait dire que cette brave infanterie, électrisée par l'exemple de ses chefs, resta nuit et jour pendant près de trois mois exposée à ce feu meurtrier. Les généraux ne choisirent d'autre abri que des maisons sans cesse criblées par la formidable artillerie du front d'attaque, et celle des bombardes anglaises. La chambre où couchait le général Lamarque, heureusement de service à la tranchée dans ce moment, fut percée de 22 boulets.

Enfin le 28 juillet fut le jour fixé pour l'ouverture du feu des assiégeans.

Ce fut en présence du roi, qu'au signal donné par une bombe, à la pointe du jour, vingt-trois mortiers, et cinquante pièces de canon, toutes de 24 et de 33, jouèrent à la fois contre la

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