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Parvenu à Cassano, le général Reynier réunit sa division dans un camp retranché où le général Verdier vint le joindre ses détachemens dissipèrent les rassemblemens qui se formaient autour de sa position: il la maintint, et conserva ses communications avec l'Apulie jusqu'à ce que le maréchal Masséna fût en mesure de porter en Calabre les forces que laissait disponibles la réduction de Gaëte.

Nous devons d'abord rendre compte des opérations du siége de cette forteresse, l'un des plus remarquables qui aient été faits pendant cette guerre, par l'importance de la place, les difficultés de l'attaque, l'intelligence et la vigueur avec lesquelles les travaux du génie et de l'artillerie furent conduits. Nous avons pris, dans le journal officiel du siége, et dans la notice rédigée par M. le lieutenant-général Campredon, qui le dirigeait, les détails suivans: quoique fidèlement transcrits, ces détails ont été réduits de manière à conserver cependant tout ce qui peut, dans un fait de guerre si mé

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morable, intéresser et satisfaire nos lecteurs militaires les plus éclairés. Le plan qu'ils trouveront dans le cahier de l'atlas relatif à ce quinzième volume, a été gravé d'après celui qui était annexé au journal officiel.

Gaëte est une presqu'île fortifiée, qui a une grande lieue de circuit, et qui présente au continent des fronts sur environ quatre cents toises de développement, lesquels bornent l'isthme, et offrent les seuls points attaquables quand les assiégeans ne sont pas maîtres de la mer. Ces fronts, qui ne sont que la sixième partie de l'enceinte, sont com.. posés d'ouvrages d'un tracé irrégulier, mais ayant de bons revêtemens élevés en grande partie sur le roc; ils peuvent être armés d'une grande quantité de bouches à feu de toute espèce placées dans des batteries à plusieurs étages, ayant un très-grand commandement, convergeant sur les attaques dans la partie étroite de l'isthme dont le terrain très-rocailleux est parsemé de masses de rochers. Le fossé au pied de l'escarpe est,' en partie, taillé dans le roc; un double che

min couvert règne sur les deux tiers du front, où l'escarpe ne se trouve pas élevée sur un front assez à pic pour en rendre le pied inaccessible. Une seule porte se trouve sur un des fronts de terre à la gauche, sur la face d'un bastion, dont la gorge est fermée par un château ou pâté carré, dit la Citadelle. Ces divers fronts ont, malgré l'irrégularité de leur tracé, l'avantage de n'avoir que trèspeu de lignes dont on puisse prendre le prolongement; et la plupart de leurs revêtemens étant adossés au roc taillé en retraite, il est très-difficile d'y faire brèche. Il faut ajouter à ces avantages naturels de la défense sur l'attaque, à cette force de position, que les approches ne peuvent se faire, à la distance de trois cents toises, que sur un terrain pierreux, coupé de murs, où le rocher est souvent à découvert, et partout sous les feux plongeans de la place.

Nous avons dit que le prince de Hesse Philipstadt, gouverneur de Gaëte, y commandait en chef sa garnison composée de troupes napolitaines et siciliennes, qui n'é

tait d'abord que de quatre mille hommes, et fut, vers la fin du siége, portée jusqu'à huit mille. L'escadre anglaise qui croisait constamment devant la place, et finit par s'y embosser, y faisait abonder, sans opposition, les secours en hommes et en munitions de guerre et de bouche. Ses chaloupes canonnières et ses bombardes étendaient la ligne de défense, embrassaient l'isthme, et menaçaient les flancs des attaques.

L'artillerie de la place était formidable; il n'y avait pas moins de cent trente bouches à feu, presque toutes en batterie sur le front d'attaque.

D'après cette situation et ces dispositions de l'ennemi, les ingénieurs français reconnurent que cette forteresse ne pouvait être prise que par un grand effort d'artillerie; qu'il fallait éluder l'attaque des dehors; que le couronnement du chemin couvert, les descentes de fossé, l'attachement du mineur, présentaient des difficultés insurmontables, puisque l'on ne pouvait se flatter d'éteindre, ni même de diminuer considérablement les

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feux des assiégés. Ces considérations déterminèrent le plan d'attaque qui fut arrêté par le général Campredon. Ce plan consistait à profiter des accidens du terrain trèstourmenté entre les deux anses et de la masse des constructions très-solides du faubourg appelé Borgo di Gaëta, pour faire les premières approches; à bien ouvrir et multiplier les communications, à gagner du ter rain pied à pied, jusques à la meilleure portée; n'armer les batteries que lorsqu'on aurait réuni tous les moyens de les faire jouer toutes à la fois; ouvrir les brèches avec célérité, favoriser les dernières approches, de manière à ce qu'elles ne rencontrassent point d'obstacles; enfin, faire déboucher de l'extrémité des cheminemens, les troupes destinées à livrer l'assaut, pour se porter directement sur les deux brèches pratiquées au corps même de la place: voici comment ce plan d'attaque fut exécuté.

On a vu que depuis l'entrée des troupes françaises dans le royaume de Naples vers la fin de février, la place de Gaëte avait été

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