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fêté avec des transports de joie, assassinėrent lâchement quelques Français qui étaient restés malades à l'hôpital. Le général Verdier ne put calmer l'indignation de ses soldats, qui, pour venger leurs camarades, incendièrent plusieurs maisons. Le feu de l'insurrection s'étendant dans la Basilicata, il gagna avec son détachement le territoire de l'Apulie.

Le général Stuart s'était arrêté sur les rives de l'Amato, et n'avait pas suivi la division française; il ne quitta Sainte-Euphémie que le 8 juillet, et se portà d'abord à Maida. Informé des excès commis par les insurgés, il vit avec horreur les fruits de sa victoire, et fit publier une proclamation pour faire cesser les massacres. Il opposa la soif de l'or à celle de la vengeance; la promesse d'une gratification de 10 ducats pour chaque soldat français, 15 pour chaque officier qu'on amenerait sain et sauf à son quartier-général, sauva la vie à plusieurs individus.

Certain que le soulèvement général forcerait le général Reynier à évacuer promp

tement les Calabres, et achèverait probablement de détruire sa division avant qu'il pût être secouru, le général anglais ne s'occupa que de la réduction des forts de Scylla et de Reggio, dont les garnisons, vainement sommées, s'obstinaient à les défendre. Il y marcha avec les troupes anglaises, et les fit attaquer vivement pour dégager le canal de Messine, et assurer, à tout événement, son point de retraite. Le vieux château de Reggio ne put tenir, et fut promptement rendu; mais le fort de Scylla, pressé par les forces de terre et de mer, et par tous les moyens que Stuart put facilement réunir, fut vaillamment défendu par le chef de bataillon du génie Michel. Ce fort dominé, entre ouvert par le tremblement de terre, avait été jugé hors d'état de soutenir un siége, et d'être défendu du côté de terre; la citerne dégradée ne pouvant conserver l'eau, on y avait suppléé par des barriques: faible ressource qui, dans un espace si resserré, et sous un bombardement non interrompu pendant dix-neuf jours, fut bientôt épuisée.

Enfin cette brave garnison, réduite à une centaine d'hommes, et privée d'eau potable, capitula, obtint les honneurs de la guerre, et d'être conduite en France prisonnière de guerre sur parole.

Le roi Joseph, informé du débarquement des Anglo-Siciliens et de la situation périlleuse du général Reynier, lui avait expédié l'ordre de se retirer sur Cassano et d'y attendre que la réduction de Gaëte permît de disposer d'un corps d'armée que le maréchal Masséna conduisait lui-même pour reconquérir les deux provinces: mais toutes les communications étant interceptées, la dépêche du roi parvenue à Crotone, qui était déjà bloquée par les insurgés, fut ouverte par l'officier polonais qui y commandait; elle fut transmise au général Reynier à Catauzaro, par l'un des quatre émissaires chargés d'autant de copies des ordres, et le seul qui, à la faveur de son déguisement, réussit à tromper la vigilance des Calabrois. Ceux-ci avaient entouré la ville; leurs nombreuses bandes occupaient au loin toutes les issues

et couronnaient les hauteurs; ils ne s'opposèrent que faiblement au départ de la division française, et se bornèrent à suivre en tiraillant, sans quitter les hauteurs, la colonne qui marchait en bon ordre le long du rivage, flanquée par le 9° régiment de chasseurs. Quelques bâtimens anglais suivaient aussi le mouvement de la colonne, et la canonnaient quand ils se trouvaient dans une position favorable, mais presque sans effet.

Le général Reynier atteignit ainsi la ville de Crotone où il déposa ses blessés, et dont le commandant polonais fut, deux jours après le passage de la division, forcé de se rendre, avec sa faible garnison, à cause du soulèvement des habitans. La nécessité de se procurer des vivres rendit la retraite du général Reynier très-difficile; il dut forcer plusieurs villages et livrer aux flammes celui de Strongoli des soldats français isolés y avaient été arrêtés, jetés dans un cachot, d'où chaque jour on retirait une victime pour l'immoler de la manière la plus bar

bare à la rage du peuple. Si quelque ville, telle que Ciro, effrayée par le châtiment de Strongoli, fournissait des vivres aux Français, elle était, après leur passage, attaquée et pillée par les insurgés. Ils essayèrent de tenir ferme à Corigliano, où s'était formé un rassemblement très-nombreux; ils occupaient les hauteurs qui dominent la ville. Le général Reynier les fit tourner, et enlever en même temps qu'il fit attaquer la ville directement. La colonne serrée parvint jusques aux premières maisons sans recevoir un coup de fusil; mais dès qu'elle y fut engagée, une grêle de balles tua une vingtaine d'hommes. Le général Reynier feignit de rétrograder, et attira ainsi hors des murs cette horde furieuse qui, croyant poursuivre et fusiller des fuyards, se répandit en désordre dans la plaine en poussant des cris de joie; mais le 9° régiment de chasseurs saisissant le moment favorable pour les charger, en fit un horrible carnage; l'infanterie rentra au pas de charge dans la ville de Corigliano, qui fut livrée au pillage.

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