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nombreuses ordonnances successivement publiées à cette époque, et dont les sages dispositions ont été la plupart maintenues, non - seulement pour son successeur, mais encore depuis la restauration de l'ancienne dynastie, sont à cet égard un témoignage irrécusable. L'exercice du culte catholique relevé et mis en honneur par la suppression des moines, l'organisation de la force publique, la formation des cadres de l'armée, celle des régimens provinciaux et de la gendarmerie, l'administration militaire simplifiée, les écoles spéciales pour le service de terre et de mer rétablies à l'instar de celles de France; un système solide de finances, la perception immédiate des impôts reconquise sur les tiers auxquels elle avait été aliénée, la dette publique fondée, l'administration de la justice régularisée par la hiérarchie et les diverses attributions des tribunaux, l'administration civile fortifiée par sa concentration et son homogénéité dans les mains des préfets ou intendans des provinces, enfin la surveillance de la sûreté publique soustraite à l'ar

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bitraire des seigneurs ou barons, et ramenée à l'autorité supérieure, tels furent les premiers et les principaux actes du roi Joseph. Il fut secondé dans ces travaux par les ministres qu'il avait choisis, soit parmi les Français que l'empereur Napoléon avait désignés ou autorisés à remplir ces fonctions, soit parmi des Napolitains dont plusieurs avaient été ministres du roi Ferdinand. Il faisait délibérer sur ces objets et sur le rapport de ses ministres dans le conseil d'état, qu'il avait formé des hommes les plus recommandables et qu'il présidait lui-même, s'exprimant toujours en italien avec élégance et facilité.

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La vigueur du nouveau gouvernement et la sagesse de ses mesures irritaient de plus en plus la cour de Palerme; la reine, exaspérée de voir traîner au supplice les chefs qui lui étaient dévoués, redoublait d'efforts et d'intrigues, sollicitait les commandans. anglais de terre et de mer de faire quelque entreprise assez considérable pour relever son parti pendant qu'il luttait encore contre

la domination des Français. Les îles d'Ischia et de Procida avaient été attaquées sans succès; d'autres diversions sur différens points tenaient les postes français en alerte, et encourageaient ceux qui ne les avaient accueillis qu'avec de fausses démonstrations de joie. On organisa en Sicile de nouvelles bandes. qui furent jetées sur les côtes de Calabre, et destinées à former, sous des chefs trop célèbres, tels que Panc di Grano Sciarpa, Fra Diavolo, le noyau d'une armée insurrectionnelle. Une fermentation sourde agitait la Basilicate et les deux Calabres. Ces fiers Calabrois, que Joseph avait vu naguère humbles et soumis accourir en foule au-devant de lui, supportaient impatiemment un joug auquel l'ancienne dynastie ne les avait point accoutumés. La confiance des habitans paisibles était aussi ébranlée dans d'autres provinces par la levée rigoureuse de l'impôt; quelques exactions, commises par des agens du gouvernement et par des individus de l'armée, parvenues trop tard à la connaissance du roi, et trop tard réprimées, avaient

accru le mécontentement. Sa clémence même, envers quelques hommes couverts de crimes et odieux à tous les gens de bien, ne servit qu'à grossir les bandes de brigands que les croiseurs soutenaient, en leur fournissant des armes, de l'argent et des munitions, les recueillant sur le rivage quand ils étaient trop vivement poursuivis, et les transportant sur d'autres points. L'orage ne tarda pas à éclater les Anglais, bien informés de la disposition des esprits, et du peu de forces. que le siége de Gaëte et les nombreux détachemens avaient permis au roi Joseph de laisser en Calabre, sous les ordres du général Reynier, se décidèrent à servir la cause royale plus efficacement qu'ils ne l'avaient fait jusqu'alors.

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Il fut résolu dans un conseil tenu à Palerme, qu'on opérerait une descente en Calabre, dont les habitans paraissaient enfin déterminés à se lever en masse. Les préparatifs de l'expédition étant achevés, six mille hommes de troupes britanniques, et trois mille de troupes napolitaines, commandés

par le général Stuart, furent embarqués à Messine le 1er juillet sur des bâtimens de transport, sous l'escorte des vaisseaux de guerre. Cette flotte, en sortant du détroit, se dirigea sur les îles de Lipari, et s'étant élevée à la hauteur de Sainte-Euphémie, elle donna dans le golfe de ce nom. Le débarquement s'exécuta sans opposition en face du village bâti sur les ruines de la ville de SainteEuphémie, détruite en 1638 par un affreux tremblement de terre. Le point était bien choisi, parce que le cap Vaticano masquait le mouvement de la flotte, et que les vais-\ seaux et frégates pouvaient aborder la plage à demi-portée de canon. On pouvait, à cause de la proximité de la ville de Nicastro, y couper la communication entre les deux provinces, et isoler le corps de Reynier dans la Calabre ultérieure, en se portant, en une marche, sur Catanzaro, au rivage de la mer Adriatique, dans le golfe de Squilace. Le général Stuart tarda trop à profiter de cet avantage, et s'exposa à être retenu sur les bords marécageux de l'Amato, si le général

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