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de sapeurs) aux ordres du général Franceschi de Losnes.

Le général Saint-Cyr qui, à son retour de Paris, avait rejoint l'armée peu de jours après son entrée à Naples, prit le commandement du corps de gauche, destiné à occuper l'Apulie (la Pouille), les Abbruzzes, le littoral de l'Adriatique, Tarente, et une partie de la province de Basilicata. Il devait réduire la forteresse de Civitella del Tronto, la seule dans cette partie qui n'eût pas ouvert ses portes aux Français; sa division de droite, commandée par le général Duhesme, dut seconder d'abord les opérations du général Reynier.

Le maréchal Masséna fut chargé, avec le premier corps qu'il commandait directement, de garder la capitale, d'occuper les provinces limitrophes, de maintenir les principales communications, souvent interceptées par les brigands que soudoyait la cour de Palerme; enfin de faire le siége de Gaëte. Le maréchal partit de Naples le 26 février, pour se rendre au camp formé devant cette

place, presque à la portée du canon; il donna au général Lacour le commandement des troupes du siége, et le général Campredon, commandant le génie de l'armée, prit luimême la direction des travaux, que le général Vallongue conduisit sous ses ordres. Le général Dulauloy commandait l'artillerie, et rassemblait, avec une activité égale aux obstacles qu'il avait à surmonter, les pièces et les munitions nécessaires pour entreprendre et poursuivre avec vigueur cette difficile opération, la reddition de la plus forte place maritime de l'Italie.

Telles furent les dispositions militaires du prince Joseph, pour opérer l'entière occupation du royaume, et la sage distribution qu'il fit de son armée, forte de quarante mille hommes, sans y comprendre les troupes napolitaines dont il avait ordonné la formation. On doit observer ici que d'autres corps de troupes françaises, dirigés vers l'Italie inférieure, et dont une partie était déjà entrée dans l'État romain, et la division de troupes espagnoles débarquée en Toscane,

sous les ordres du général O'Farill, formaient en arrière de l'armée de Naples une réserve de quinze à dix-huit mille hommes.

L'objet le plus pressant était la conquête de la Calabre; l'expulsion de l'armée royale pouvait seule décourager les chefs des bandes qui, sous prétexte de défendre la cause du souverain légitime, et se considérant comme des corps francs détachés, et appartenant à cette armée, commettaient sur tous les points, sur toutes les routes, toutes sortes de violences et de déprédations. Le prince Joseph, pour les réprimer, établit dans chaque corps d'armée des commissions militaires qui jugeaient sans appel tous les brigands arrêtés les armes à la main. Les généraux napolitains tentèrent vainement d'assimiler ces bandes aux troupes régulières, en menaçant d'user de représailles envers les prisonniers qui tomberaient en leur pouvoir. Le général Reynier répondit que les troupes de ligne siciliennes seraient traitées généreusement, selon les lois de la guerre; mais qu'il croirait lui-même déshonorer le

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nom de soldat, en l'accordant à des bandits tirés des prisons et des bagnes, et à des paysans qui n'avaient pris les armes que dans l'espoir du pillage et de la dévastation.

L'avant-garde du corps de Reynier arriva le 5 mars à San-Lorenzo-di-Padula. Ayant passé le lendemain les défilés de Guaro, le général Compère reconnut une troupe ennemie d'environ deux mille hommes, occupant une position retranchée en arrière d'une petite rivière; c'était l'avant-garde de l'armée royale, composée de deux bataillons de ligne, d'un escadron et d'un détachement de bandits calabrois, sous les ordres de Sciarpa, l'un de leurs chefs les plus fameux. Une pièce de 12, deux de 4, et un obusier, couvraient les retranchemens appuyés à une hauteur que l'ennemi avait négligé d'occuper. Les voltigeurs français s'en emparèrent, prirent la ligne à revers, enlevèrent la pièce de 12 et l'obusier, et mirent en fuite les Napolitains, effrayés de leur intrépidité. Poursuivis jusqu'à Lagonegro, ils essayèrent de se rallier sous la protection

des deux pièces de 4 qu'ils avaient amenées, et qui furent aussi promptement enlevées que les premières. Poussés vivement jusques vers Bosco, cette troupe en désordre se dispersa dans les montagnes, laissant entre les mains des Français son artillerie, trois cents prisonniers et trois drapeaux.

Le général Reynier, informé que la plus forte partie de l'armée royale, environ onze mille hommes, sous les ordres du général Roger de Damas, s'était concentrée à CampoTenese, et que les généraux napolitains, après avoir fait retrancher et munir d'artillerie cette forte position, s'étaient déterminés à attendre de pied ferme le choc de l'armée française, se hâta de leur présenter la bataille. Il réunit ses troupes le 8 mars à Castel-Lucio, et le 9 au matin, ayant d'abord fait explorer, par des détachemens, les montagnes qui bordent le val San-Martino, seul et difficile passage pour arriver à CampoTenese, il s'engagea dans ce défilé. Les éclaireurs du général Compère n'y rencontrèrent que quelques avant-postes qu'ils repoussèrent.

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