Vous avez vu d'une fontaine Sans savoir où son cours la mène.' La sensible Mélancolie Cède à son génie indolent, Marche sans but et sans dessein; Au sein d'une verte prairie, Elle rencontre un beau chagrin (1). La voilà qui paroît dans l'ombre, Vers vous elle porte ses pas : chenilles ont aussi leurs qualités. D'après cela, que doit-on penser des circulaires du ministre de l'intérieur, qui ordonnent aux agriculteurs de tuer ces intéressans animaux, et donne ainsi, de sangfroid, le signal d'une autre Saint-Barthélemi dans nos jardins et nos vergers? (1) On demandoit à une femme ce qu'elle regrettoit le plus de sa jeunesse : Un beau chagrin, dit-elle, dans une prairie. Ce mot a été cité très-souvent, et je ne doute pas qu'il ne soit entendu par les amateurs. Comme elle est tendre, affectueuse! L'ennui l'accompagne, dit-on; Il faut bien parfois qu'on s'ennuie. Des gens soupçonnés d'être heureux; Gardez un lugubre silence Au milieu d'un cercle joyeux ;. Ne vous abaissez point à lire Une histoire, un conte amusant, Ne voyez jamais rien en beau, On dira : « Comme elle est changée ! » Grâces à la mode nouvelle, » Les ris, les jeux loin d'elle ont fui; » Et, telle est sa métamorphose, >> Que nos romanciers d'aujourd'hui M... d. XX. Athénée des Dames. IL faut prévenir tous les hommes qu'il va paroître incessamment un Athénée des Dames, buvrage d'agrément et d'instruction, uniquement réservé aux femmes, et rédigé par une société de dames françaises : on y a joint des planches. Le prospectus de cet ouvrage, que nous avons sous les yeux, est une véritable déclaration de guerre contre nous, messieurs, et on nous regarde déjà comme vaincus, car il porte cette épigraphe impérieuse : Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois ta mère : Ainsi il faut dès ce moment prendre nos précautions si nous voulons demeurer droits sur nos pieds, comme nous avons toujours fait depuis notre noble origine; il est bon de nous tenir ferme d'avance contre cette coalition redoutable qui se forme à l'heure qu'il est chez F. Buisson, libraire, rue Git-le-Cœur, no. 1o. Ces dames se plaignent, dans leur avant-propos, que depuis long-temps les femmes sont appelées seule→ ment les fleurs de la terre le charme des yeux, et qu'on encense exclusivement leurs qualités physiques, afin de borner leur empire à cette belle jeunesse, hélas! sitôt passée, tandis qu'elles ont des droits éternels à l'estime des hommes, et même à leur vénéra Cela nous fait soupçonner d'abord que celles qui sont à la tête de cet ouvrage (auquel on a joint des planches), ne sont plus dans le cas d'être appelées lesfleurs de la terre et le charme des yeux ; que déjà il y a quelques altérations dans leurs qualités physiques. et qu'elles sont, à l'heure qu'il est, aussi estimables et aussi vénérables qu'elles peuvent le desirer. Cette remarque nous rassure un peu, à la vérité : mais, messieurs, il ne faut pas nous y fier; et, soit que nous ayons affaire à de jeunes fleurs, soit que nous ayons affaire à des fruits mûrs, nous n'avons pas un instant à perdre pour nous défendre, pour conserver notre rang dans la chaîne des être pensans, et pour ne pas tomber tout-à-fait dans la classe des petits chiens accoutumés à coucher aux pieds de ces dames. Cependant, avant de prendre les armes sérieusement, nous porterons des paroles de paix; nous tâcherons d'arranger cette affaire sans effusion de sang; nous ferons même à nos ennemies toutes les concessions qui pourront compatir avec notre honneur, déjà trop compromis sans doute en tant de rencontres particulières mais nous sommes bien décidés à ne pas renoncer à toutes les prérogatives de notre sexe et nous ne reculerons pas d'un pouce sur les points essentiels. 9 « D'où vient, s'écrient les vénérables, cette opinion > commune que l'homme est supérieur à la femme? » D'abord de ce que l'homme l'a dit, l'a écrit le pre>mier, sans trouver de contradicteurs. C'est la fable » du lion écrasé par l'homme. Si pendant des siècles » les femmes ne fussent point restées plongées dans » une profonde ignorance, et n'eussent pas été persua dées, à force de l'entendre dire aux hommes, qu'elles » étoient faites pour obéir, elles auroient réfuté ce » paradoxe avec avantage, on les auroit vues mar» cher sur la même ligne que les hommes, etc.» Est-il possible, mesdames, que vous teniez un pareil langage en France, dans le seul pays de la terre où vous jouissez d'une liberté sans bornes, tandis que Vous êtes esclaves presque partout ailleurs! En vérité, vous êtes insatiables de liberté et d'indépendance! Et il est bien clair que si nous vous cédons encore du terrain, nous ne saurons plus où nous mettre, et qu'il ne nous restera pas même une ligne pour y marcher à côté de vous, Eh de quoi pouvez-vous vous plaindre de bonne foi? Nous vous appelons constamment, depuis l'origine de la poésie en France, la plus belle moitié du genre |