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déric, réduisit cette place en neuf jours de tranchée. La capitulation fut signée le 8 février, et la garnison défila le 16 devant le prince Jérôme. On trouva dans la place deux cent cinquante bouches à feu, plus de quatre cents milliers de poudre et des magasins considérables, des munitions et des subsi

stances.

Le prince d'Anhalt-Pleiss, qui s'était retiré sous, Glatz avec ce qui lui restait de troupes, fut de nouveau attaqué, battu et rejeté dans cette place par la cavalerie bavaroise commandée par le général Lefebvre Desnouettes; celui-ci, soutenu par quelques bataillons d'infanterie, marcha de front sur les retranchemens qu'occupait le prince d'Anhalt à Warta, pendant que le colonel Rewbel tournait cette position avec l'infanterie; les Prussiens furent défaits et ne purent se rallier.

Le prince Jérôme, faisant en même temps assiéger Kosel et Neiss, se bornait à faire observer la garnison de Glatz par la cavalerie du général Lefebvre Desnouettes. Le

gouverneur proposa de rendre sa place à condition que la garnison aurait la liberté de se retirer avec armes et bagages; mais cette condition étant refusée, la négociation fut rompue. Cette petite place fut étroitement cernée, et le prince français porta toute son attention et ses moyens de siége sur la place de Neiss.

La guerre de siége que le prince Jérôme ́était chargé de faire en Silésie, et que le gé néral Vandamme conduisait avec autant d'ardeur que de talent, aurait exigé l'emploi d'un corps d'armée beaucoup plus nom breux que celui dont le commandement lui avait été confié. Quoique Napoléon mît beaucoup d'importance à la reddition succes sive de toutes ces places, la facilité avec laquelle on avait conquis Magdebourg, Kustrin, Stettin et Glogaw, lui avait fait espérer que les gouverneurs des forteresses de la Silésie imiteraient le honteux exemple de ceux qui avaient si mal défendu les places de l'Elbe et de l'Oder; mais ceux des forteresses de la Silésie se conduisirent avec beau

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coup plus de dévoûment et de vigueur. Les proclamations menaçantes du roi les continrent dans leur devoir; toutefois ces garnisons isolées ne pouvaient se soutenir mutuellement qu'autant qu'un corps d'observation assez fort aurait habilement manoeuvré entre elles, et forcé le prince Jérôme à tenir la campagne. Le petit corps du prince d'Anhalt, malgré l'activité de ce général et les renforts de levées de paysans, ne pouvait remplir cet objet; mais la tâche du général Vandamme n'était pas pour cela moins difficile : c'était beaucoup que d'avoir pu, avec douze à quinze mille hommes de troupes auxiliaires et un matériel peu considérable, réduire les places de Glogaw, Breslau, Shweidnitz, Brieg, Kosel; celles de Glatz et de Neiss beaucoup plus fortes, mieux pourvues, et ayant des garnisons de cinq à six mille hommes, présentaient de plus grands obstacles. L'empereur Napoléon, qui avait d'abord ordonné à son frère de détacher les deux divisions bavaroises pour venir, sous les ordres du prince royal, renfor

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cer le corps d'armée du maréchal Masséna, sentit la nécessité de ne point trop affaiblir le corps d'armée de Silésie. Une seule division bavaroise, celle du général de Wrède, marcha de Kalitsch sur Varsovie; la division Deroi resta sous les ordres du prince Jérôme.

La prise des forteresses de la Basse et Haute-Silésie, et la soumission de ces provinces, étaient d'une grande importance pour le succès des opérations en Pologne : Napoléon, qui sut mieux qu'aucun autre conquérant nourrir la guerre par la guerre, et recueillir jusques aux moindres fruits de la victoire, exigeait que le produit des contributions frappées sur ce pays, le plus riche de toutes les possessions prussiennes

par la fertilité du sol et l'état florissant de l'industrie, fût immédiatement versé au trésor de l'armée; le général Vandamme envoyait par mois près de six millions. Il fit aussi des levées de chevaux, et expédia fréquemment des convois de munitions et d'effets d'habillement; mais le résultat le plus im

portant de la conquête de la Silésie fut le désarmement des places fortes, qui fournit les moyens de former les équipages de siége nécessaires pour réduire Dantzick, d'armer les têtes de ponts sur la Vistule, et de renforcer les parcs de l'armée. Le général Bertrand, aide-de-camp de l'empereur, et l'un des meilleurs officiers de l'arme du génie, fut chargé spécialement de former ces équipages, d'organiser les convois, et de les diriger sur Dantzick.

en

A mesure que les places de la Silésie tombaient au pouvoir de Napoléon, l'ordre qu'il avait donné de les démanteler s'exécutait avec rigueur. Les habitans de cette province, les plus fidèles sujets de la monarchie prussienne, étaient consternés voyant abattre les barrières dont le grand Frédéric avait couvert sa plus belle conquête. Un écrivain politique très-recommandable, M. de Montvéran, dans son Histoire critique de la situation de l'Angleterre en 1816, reproche à l'empereur Napoléon d'avoir détruit cette frontière. Il

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