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temps, excepté pendant la fonte des neiges. On voit que cette ligne ne présentait aucun obstacle dans le cas où l'ennemi aurait voulu prendre sérieusement l'offensive, et qu'elle ne pouvait être défendue qu'autant que les troupes seraient établies de manière à pou→ voir être promptement réunies sur les points menacés.

Le prince de Ponte-Corvo fit entrer ses troupes en cantonnement; il fit jeter quelques bataillons sur la rive droite, fit brûler les ponts, et ne conserva que ceux de Spanden et de Braunsberg, où l'on construisit des têtes de pont. Le faubourg de Neustadt, sur la rive droite, fut retranché, et l'ennemi dut renoncer à rien entreprendre de sérieux dans cette partie. Il continúa cependant à faire diverses démonstrations sur la rive droite de la Passarge, il renforça son aile gauche, et mit le maréchal Ney dans l'impossibilité de maintenir son avant-garde à Guttstadt.

L'empereur avait porté son quartier-gé→ néral de Liebstadt à Osterode : ses quartiers

d'hiver étant définitivement assis, et toutes les avant-gardes placées de manière que l'ennemi ne pût les surprendre et pénétrer en force entre les cantonnemens. Avant que l'armée ne fût rassemblée sur le point central, Napoléon s'occupa sérieusement du siége de Dantzick, et ajourna toute opération offensive.

Dans leurs positions respectives, les deux armées, à peu près d'égale force et également fatiguées, n'étaient occupées que de se réparer; chacun des deux partis attendait des renforts pour ouvrir avec avantage la campagne suivante. Le général Benningsen paraissait contenir l'armée française, et se vantait de l'avoir réduite à la défensive; cependant il n'eût osé risquer d'engager une action générale, et il ne fallait pas moins qu'une victoire pour forcer Napoléon à repasser la Vistule, et à renoncer à la conquête de Dantzick. Bien loin de se borner à une observation entièrement en équilibre avec celle de l'ennemi, Napoléon n'avait pas cessé d'agir offensivement; son aile droite avait battu

le corps du général Essen à Ostrolenka; un autre corps en arrière de sa gauche investissait Dantzick, tandis qu'il avait sous sa main quatre corps d'armée et ses réserves concentrées sur la Passarge, et qu'il pouvait, en quelques heures, former sa ligne de bataille sur le plateau d'Osterode. La ligne des alliés n'avait ni d'aussi bons appuis, ni une aussi belle position centrale : ils occupaient une partie de la Prusse orientale, déjà ruinée par le passage des armées pendant les mois de janvier et de février; et si leur nombreuse cavalerie légère leur donnait quelque avantage pour inquiéter les avant-gardes françaises, elle achevait aussi de consommer les ressources du pays. Les Français, au contraire, avaient derrière eux la Passarge et les bouches de la Vistule, un pays abondant et qui n'avait point été épuisé. Le général Benningsen ne pouvant forcer la gauche de l'armée française, fortement appuyée au Frisch-Haff, continua de menacer le centre, il montra des têtes de colonnes sur la rive droite de la Passarge, fit canon

ner les avant-postes, et chercha à pénétrer dans les cantonnemens. Ces diverses attaques furent constamment repoussées; il y eut quelques engagemens assez vifs, dans l'un desquels le général Ligier-Belair, commandant une brigade du maréchal Ney, mit en déroute un fort détachement russe qui avait passé l'Alle entre Heilsberg et Gutt, stadt, fit prisonnier le général qui le commandait avec quelques centaines de soldats.

Ces démonstrations de l'ennemi couvraient un mouvement plus sérieux dirigé sur la droite de la, position générale des Français, entre l'Alle et la Haute-Passarge : c'était la partie la plus faible de la ligne des cantonnemens, Le maréchal Ney avait ordre de tenir, autant qu'il lui serait possible, le poste important de Guttstadt, qui formait la tête des cantonnemens et éloignait l'ennemi de la Haute-Passarge. Benningsen dirigea sur ce point de fortes masses, et força le maréchal à l'évacuer; mais l'empereur Napoléon, pour empêcher l'ennemi de l'observer de

près, et d'opérer contre son aile droite, reprit tout à coup l'offensive par une disposi tion générale. Il ordonna au prince de Ponte, Corvo de se porter au camp de Spanden de manière que l'ennemi ne s'aperçût pas de son mouvement, et d'y réunir tout ce qu'il pourrait avoir de cavalerie. Le maréchal Soult reçut ordre de rassembler ses trois divisions à Liebstadt. Le maréchal Ney fit toutes ses dispositions préparatoires pour attaquer Guttstadt. Le maréchal Davout resta en réserve avec deux de ses divi→ sions à Mohrungen, et la division du gé néral Morand releva à Allenstein les troupes du corps du maréchal Ney qui s'y trouvaient sous les ordres du général Belair, afin que celui-ci pût rejoindre le corps du maréchal Ney. Le but de ce mouvement général était la reprise de Guttstadt.

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Le 3 mars, à la pointe du jour le prince de Ponte-Corva se dirigea de Spanden sur Mohlsack, et fit replier tous les avant-pos tes ennemis. Le maréchal Soult présenta dés têtes de colonnes sur les quatro ponts de

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