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d'Ostrolenka, pendant que le général Suchet arrivait le 15 février à la tête de sa belle division à Kadzillo, point central entre l'Omulew et la Rosoga, à une égale distance de Myszyniec et d'Ostrolenka. Le général Essen marcha par les deux rives de la Narew sur Ostrolenka: la colonne qui marchait par la rive droite rencontra le 15 février l'avant-garde française, et l'attaqua vivement; mais celle-ci ayant été soutenue par la division du général Gazan les Russes, attaqués à leur tour sur la route de Nowogorod, furent culbutés. La seconde colonne du général Essen, qui marchait par la rive gauche, se porta directement sur Ostrolenka; cette ville était gardée par une brigade de la division Gazan, sous les ordres du général Campana, et par une brigade de la division de grenadiers du général Oudinot, sous les ordres du général Ruffin. Nous avons dit plus haut que le général Oudinot avec sa réserve de grenadiers partie de Varsovie, était en marche pour se rendre à l'armée en

se dirigeant sur Villenberg; il avait ordre de s'y réunir au général Savary, dans le cas où le général Essen aurait fait un mouvement par sa droite pour rejoindre l'armée de Benningsen. Informé du mouvement offensif du général Essen sur Ostrolenka, le général, des grenadiers avait pris sur lui de marcher au secours du corps d'observation, et ce renfort de braves contribua puissamment au succès de cette affaire. Le 16 février, une forte colonne d'infanterie russe pénétra dans Ostrolenka, mais elle ne put s'y maintenir. Les généraux Campana et Ruffin, avec leurs deux brigades, défendirent les rues pied à pied, chargèrent par trois fois les Russes à la baionnette, et les forcèrent enfin d'abandonner la ville et de se retirer sur les monticules de sable qui la couvrent sur la rive gauche.

Ce vigoureux combat, qui dura une partie de la matinée, donna le temps aux généraux Oudinot et Suchet de rassembler leurs divisions. Tout le corps du général Essen se trouvait en position lorsque le

général Savary arriva avec ses deux divisions et toute son artillerie. Il disposa ainsi ses troupes ; la division des grenadiers d'Oudinot et la cavalerie du corps d'armée formèrent l'aile gauche; la division du général Suchet, le centre; la bri¬ gade du général Campana, de la division Gazan, la droite; la brigade du général Ruffin en réserve; toute l'artillerie sur le front. Le général Savary fit marcher à l'ennemi dans cet ordre, en ligne de bataille, et tout à la fois; le général Oudinot chargea d'abord à la tête de la cavalerie et mit en fuite les cosaques; il attaqua ensuite avec ses grenadiers, et renversa du premier choc la droite de l'ennemi, l'action s'engagea sur toute la ligne ; les Français gravissant les monticules, chargèrent et enfoncérent les bataillons russes; ceux-ci dépostés ne purent rétablir le combat, et se retirèrent en désordre. Leur arrière-garde fut vivement poursuivie jusqu'à plus de deux lieues d'Ostrolenka. Ils laissèrent sur le champ de bataille douze cents morts, un plus grand

nombre de blessés, deux drapeaux et sept pièces de canon le général Suwarow, fils du vainqueur de Novi, était au nombre des morts, La perte des Français fut beaucoup moindre, ils n'eurent guère plus de cent hommes tués et environ six cents blessés; mais le général de brigade Campana, l'un des officiers de ce grade les plus distingués, était au nombre des premiers. Le lendemain, 17 février, le général Savary fit continuer la poursuite par sa cavalerie, porta la division Suchet en avant sur la route de Nowogorod, et rallia le reste de ses troupes à Ostrolenka, Le général Oudinot reprit, avec son corps de grenadiers, fort d'environ neuf mille hommes, sa première direction sur Villenberg, où il devait flanquer la droite des cantonnemens de l'armée et couvrir ses communications. Si le général Essen avait battu et dispersé le corps d'observation français, il aurait opéré une diversion très-importante, car en passant la Narew et se portant sur Varsovie, il pou vait faire changer la position de l'armée

française, dont le flanc droit et les derrières se fussent trouvés entièrement à découvert. Aussi l'empereur Napoléon recommandait-il au général Savary de veiller attentivement sur les mouvemens de ce corps d'armée, de ne point se compromettre dans une action générale, et de ne pas perdre de vue que son but principal devait être, en couvrant Varsovie, de se lier avec la droite et le centre de l'armée. Il apprit avec une vive satisfaction l'issue de la bataille d'Ostrolenka, mais il prescrivit aussitôt au général Savary de ne pas pousser plus loin l'avantage qu'il avait obtenu sur le général Essen. Il lui suffisait que ce corps fût contenu, et que le général Oudinot, qui avait tant contribué à rendre cet avantage décisif, pût remplir promptement l'intervalle qui restait ouvert entre le corps du maréchal Davout et le corps d'observation sur la Narew. Cet intervalle n'avait été jusqu'alors occupé que par un détachement d'arrière-garde qu'avait laissé le maréchal Davout du côté de Villenberg et d'Ortels

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