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arriva à Landsberg, l'armée le suivit et le point de rassemblement fut indiqué à Allenberg.

Le général Benningsen se hâta d'occuper le pays que venait de quitter l'armée française. Il fit poursuivre vivement par les cosaques les dernières arrière-gardes, et pendant que le gros de son armée marchait sur une seule colonne par Eylau et Landsberg, les Prussiens sur les deux ailes flanquaient la marche. Le général Plötz à la droite se porta sur Braunsberg et traversa la Passarge; le général Lestocq à la gauche marcha par Friedland et Domnau sur Bartenstein.

Le 25 février, le général russe porta son quartier-général à Landsberg; il vit les champs de bataille d'Eylau, de Grosglandau et de Hoff encore couverts de morts et de débris; et devant ces tristes témoignages d'une grande victoire qu'il avait vaillamment mais vainement disputée, il publia à son tour une proclamation par laquelle il prétendit sans doute justifier son premier

rapport, comme si le changement de position de l'armée française et son mouvement rétrograde pour rentrer dans des quartiers d'hiver, pouvait être considéré comme une preuve que Napoléon eût perdu le champ de bataille qu'il n'avait quitté qu'après y avoir triomphé pendant onze jours; comme s'il ne restait pas évident aux yeux des contemporains et de la postérité que le plan d'opération offensif de Benningsen avait complétement échoué. Voici cet infidèle témoignage :

« Soldats,.

« Comme l'ennemi s'était flatté de nous « couper de nos frontières, ce dont j'avais « été informé par nos avant-postes, je fis << prendre à l'armée une position différente « afin de déjouer ses projets. Les Français « trompés par ce mouvement sont tombés << dans le piége que je leur avais tendu. Les «< chemins par lesquels ils nous ont suivis « sont jonchés de leurs cadavres. Ils ont été « attirés sur le champ de bataille d'Erlau,

« où votre incomparable valeur a surpassé « mes espérances, où vous avez montré tout « ce que peut l'héroïsme russe.

<< Dans cette bataille, plus de trente mille « Français ont trouvé leur tombeau. Ils ont « été forcés de se retirer sur tous les points, « et de nous abandonner leurs blessés, leurs drapeaux et leurs bagages.

"

« Je me suis vainement efforcé de les <<< attirer sous les murs de Königsberg pour «< y achever leur entière destruction. Seule<< ment douze régimens ont osé s'avancer, <«< ils ont été anéantis ou faits prisonniers. «Guerriers, vous vous êtes maintenant re« posés de vos fatigues; allons, poursuivons << les perturbateurs, couronnons nos hauts << faits, et après avoir, par de nouvelles victoires, donné la paix au monde, nous << rentrerons dans notre chère patrie. Notre << monarque nous attend pour récompenser << votre incomparable valeur, et dans les << bras de nos femmes et de nos enfans nous << nous consolerons de tous les malheurs qui « ont affligé notre chère patrie.

« Signé BENNINGSEN. »

er

Le ton si décidément offensif de cette proclamation n'était, à proprement parler, qu'une ruse de guerre. Napoléon connaissait trop bien la véritable situation de l'armée russe pour croire que Benningsen voulût courir la chance d'une seconde bataille. En effet, l'armée russe ne fit aucun mouvement jusqu'au 1 mars. L'avantgarde s'empara d'Heilsberg, où le général Benningsen porta son quartier-général; il rallia à son aile gauche la division du général Sedmaratzki, restée jusqu'alors en réservé à Goniadz. Le général Tolstoy en prit le commandement, et la porta sur Bischopsburg.

L'armée française avait achevé son mouvement rétrograde pour rentrer dans ses quartiers d'hiver sur la ligne de la Passarge. Avant de faire connaître sa nouvelle position, et la manière dont les cantonnemens des divers corps furent distribués, nous devons parler de l'engagement qui eut lieu entre les deux corps d'observation sur la Narew, savoir le corps russe commandé par le général Essen, et

le corps français commandé par le général Savary. Napoléon en avait reçu la nouvelle le 18 février.

Le général Essen, qui venait d'être renforcé par une division détachée de l'armée de Moldavie, reçut l'ordre d'attaquer le corps français. Après avoir concentré ses forces (à peu près vingt-deux mille hommes) sur le point de Nowogorod, le général Essen manoeuvra par sa droite en remontant la Rosoga, fit occuper Myszyniec par des troupes légères, et feignit de se porter sur le Haut-Omulew, pour tourner la gauche du général Savary, et couper, entre Myszyniec et Villenberg, la communication du corps d'observation français avec le gros de l'armée.

Quoique ce mouvement de flanc parût décidé, et que les hois épais qui bordent les rives de la Rosoga dérobassent aux éclaireurs français les marches et contremarches du général russe, il ne parvint point à tromper son adversaire le général Savary avait fait occuper fortement la ville

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