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Au maréchal Mortier.

Osterode, le 5 mars.

Je viens de recevoir les dépêches que vous m'avez adressées par votre officier d'état-major, et qui contiennent les duplicata de plusieurs lettres que vous m'avez adressées. L'empereur a aussi reçu celles qui lui étaient destinées; sa majesté me charge de vous faire connaître qu'après avoir examiné les reconnaissances de vos officiers du génie sur Stralsund, elle juge que pour prendre cette ville il faut un équipage de siége en règle, ce que l'on ne peut vous procurer, parce que cela n'existe point. Il paraît que vous-même, monsieur le maréchal, n'avez pas cru devoir cerner entièrement la ville, vos forces ne vous paraissant pas assez considérables; nouveau motif pour ne pas vous engager dans une opération qui pourrait échouer, et qui fatiguerait inutilement votre corps d'armée.

L'entreprise sur l'île de Rugen, bonne s'il avait gelé, serait aujourd'hui inutile, et sa majesté trouve que ce serait exposer douze cents hommes à essuyer un échec.

L'intention de l'empereur, monsieur le maréchal, est que vous preniez une position. telle, que vous puissiez surveiller la garnison de Stralsund, vivre en

Pomeranie, défendre les bouches de l'Oder, et, ce qui est très-important, reposer vos troupes.

Sa majesté, en se privant du secours de votre corps à l'armée, n'a point eu pour but d'envahir la Poméranie ni de prendre Stralsund, mais bien la précaution et la nécessité de laisser un corps d'observation qui observe Berlin, Hambourg, Stettin et l'Oder; ce sont là les véritables motifs pour lesquels l'empereur vous a autorisé à entrer en Pomeranie.

Vous vous conformerez donc, monsieur le maréchal, au sens de votre mission; c'est-à-dire avoir des correspondances avec le gouverneur de Stettin, lui fournir les secours dont il pourrait avoir besoin s'il était inquiété; défendre les bouches de l'Oder si elles étaient menacées d'un débarquement, car la saison va arriver où il sera possible d'en effectuer sur les côtes de la Baltique. Il faut donc, monsieur le maréchal, que vous soyez en mesure de vous opposer å tout débarquement.

Vous avez deux régimens hollandais; écrivez au ministre du roi de Hollande pour qu'on leur envoie des recrues : de votre côté procurez-leur des chevaux; écrivez en France aux dépôts des régimens pour qu'on vous envoie des recrues.

Vous êtes autorisé, monsieur le maréchal, à conclure, si vous le voulez, une espèce de trève avec le commandant de Stralsund; dites-lui que vous n'avez

pas d'intérêt à brûler la ville, ni à faire tort au roi de Suède, en lui prenant une place pour en démolir les ouvrages, vu que malgré la situation des affaires nous ne sommes pas naturellement ennemis de la Suède, et que si nous avions détruit Stralsund, nous en aurions sûrement un jour des regrets. Dans cet état de choses, vous jugez bien que vous ne devez pas vous faire tuer un seul homme par la garnison de Stralsund. Reposez bien vos troupes, protégez le blocus de Colberg; l'empereur considérant que cette place est très-près des bouches de l'Oder, donne l'ordre que la division du général Teulié, qui est devant cette place, soit sous vos ordres, et fasse partie de votre corps d'armée. Donnez l'ordre au général Granjan de se rendre devant Colberg pour en commander le siége.

Si, après la reconnaissance qui sera faite de la place de Colberg, on juge pouvoir s'en emparer, cela sera plus utile que de prendre Stralsund.

Sile gouverneur de Stralsund est un homme en crédit, vous pouvez lui parler en ce sens, que nous nous voyons avec peine en guerre avec la nation suédoise que nous estimons; que si on voulait conclure une trève, vous êtes persuadé que vous obtiendriez l'autorisation d'évacuer le pays; parlez dans ce sens aux états de Pomeranie, cela peut avoir de l'influence sur le roi, quoiqu'on n'ait pas lieu de l'espérer; mais au moins

les habitans de la Poméranie et les Suédois verront que c'est lui qui prolonge les maux de la guerre que nous faisons à regret contre les Suédois, nation que nous aimons.

L'empereur vous recommande de bien étudier le territoire, afin de juger les événemens qui pourraient arriver.

Pour me résumer, monsieur le maréchal, le véritable but de votre corps est d'être opposé aux débarquemens que les Anglais pourraient faire dans le Nord; car ils peuvent en opérer à Dantzick, à Colberg, Rostau, Stralsund, et à l'embouchure de l'Elbe; vous êtes destiné à vous opposer à chacun de ces débarquemens, c'est-à-dire à coopérer avec les troupes qui s'y opposeraient sur les différens points.

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S'il eût été possible de prendre la ville de Stralsund, cela aurait été un point de sûreté ; mais il n'y faut plus penser; car le plus grand malheur qui puisse vous arriver, ce serait que votre corps épuisé et fatigué par un service de tranchée, eût ensuite à lutter contre des troupes fraîches qui débarqueraient. Sa majesté approuve les mesures que vous avez prises pour organiser la Pomeranie suédoise.

P. S. Recommandez au général Granjan, qui commandera le siége de Colberg, de me rendre compte tous les jours, indépendamment du compte qu'il vous rendra.

A la place du 26 régiment de chasseurs que l'empereur vous ôte, vous recevrez le 3o de même arme, qui vient d'Italie, et qui vous arrivera avant que vous ne soyez dans le cas de l'employer sérieusement.

Vous pourrez dire, relativement au siége de Stralsund, qu'on n'a eu le projet de le prendre que par les grandes glaces, ce que l'hiver n'a pas permis; mais vous n'aviez point l'intention de détruire la forteresse, vu que ce ne serait point de notre intérêt envers un prince avec lequel nous sommes momentanément alliés.

Nous voyons dans votre dépêche que vous avez des magasins à Anclam, à Demmin et sur la Peene; l'empereur pense que le bon moyen est de n'avoir pas de magasins à Anclam, à Demmin ni sur la Peene, mais de les avoir à Stettini, an

Au maréchal BERNADOTTE.

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Je viens de recevoir à l'instant et communiquer aussitôt à l'empereur, monsieur le maréchal, vos deux lettres du 5 mars, et je ne perds pas un instant à vous faire connaître la réponse de sa majesté.

Si l'ennemi marche sur Braunsberg, nous n'avons pas besoin de marcher à lui; le but de votre reconnaissance sur Möhlsack était d'avoir de ses nouvelles;

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