Imágenes de página
PDF
ePub

taille. La gauche de l'armée russe s'étendait le long de la Pregel. Cette position était trèsmauvaise, puisque ayant à dos le FrischHaff et la Baltique, l'armée ne pouvait se retirer qu'à travers la ville de Königsberg, où était son dépôt général. Il lui fallait donc, si elle était attaquée, vaincre ou périr sous les murs de cette place qui, dans le cas d'une défaite, aurait infailliblement subi le sort de Lubeck. Le général Benningsen fit travailler à des retranchemens sur sa droite et sur sa gauche. Il fit aussi jeter des ponts sur la Pregel, et porta son avant-garde dans les villages de Ludwigsvalden, Berchen et Gollan.

Le général Lestocq avait porté son quartier-général de Friedland à Allenberg, d'où passant par Wehlau il se porta dans les environs de Königsberg et couvrit la Pregel par des détachemens. Quelques troupes prussiennes furent aussi placées du côté de Brandenburg, pour éclairer la droite de l'armée.

L'empereur Napoléon, certain de l'état

désastreux où il avait réduit l'ennemi, crut cette circonstance favorable pour faire des propositions de paix; le général Bertrand fut chargé de les porter au roi de Prusse à Memel où la cour s'était retirée. Benningsen dépêcha à Pétersbourg le prince Bagration, pour en informer l'empereur Alexandre, et lui rendre compte de la situation des affaires. Il régnait alors peu d'accord entre les généraux russes; le général Knorring, plus ancien que Benningsen, avait été envoyé à l'armée peu de jours avant la bataille d'Eylau, pour aider de ses conseils le général en chef et coopérer avec lui en qualité de chef d'état-major. Leur mésintelligence éclata sur le champ de bataille, où Knorring, comme nous l'avons fait observer, voulut à la fin de la journée s'opposer à la retraite que Benningsen jugeait indispensable pour sauver l'armée et couvrir le grand dépôt de Königsberg. Il est vraisemblable que le compte rendu par le prince Bagration détermina l'empereur Alexandre à se rendre à l'armée, pour en prendre le

commandement en personne,

aussitôt que

les nouveaux renforts qu'il y dirigeait de tous côtés y seraient arrivés. On ne pouvait opposer à l'empereur des Français un adversaire digne de lui parmi des généraux toujours responsables de leur conduite; il était raisonnable de ne pas lui laisser du moins l'immense avantage de la force et de l'unité du commandement réunies à l'exercice de l'autorité souveraine.

Poursuivant constamment l'exécution du grand plan de guerre qu'il avait conçu, Napoléon ne veut recueillir d'autre fruit de sa victoire que l'avantage de pouvoir reprendre des quartiers d'hiver, pour y continuer en sécurité la restauration de son armée, pour donner le temps de réduire les places qui doivent affermir sa base et le mettre en mesure d'entreprendre, à l'ouverture de la campagne, des opérations plus décisives. Dès le lendemain de la bataille, pendant qu'il semble n'être occupé que des premiers résultats de ce grand événement et des secours à porter à cette multitude

de blessés français et russes, on le voit donner les ordres les plus détaillés pour faire avancer à marches forcées tous les renforts qu'il pouvait tirer de ses derrières; il rapproche les divisions de cavalerie du général Nansouty et du général Espagne qui n'avaient pas combattu à Eylau; ordonne au maréchal Lefebvre, qui rassemblait alors à Thorn le 10 corps d'armée destiné à faire le siége de Dantzick, de se rendre à Osterode pour y rester en réserve, et se lier avec le corps de l'aile droite sous les ordres du général Savary en observation sur la Narew. Il charge aussi le maréchal Lefebvre de veiller sur Elbing, et de renforcer les postes sur la Basse-Vistule. Il pressent que l'ennemi jettera de forts partis sur son flanc droit et sur ses derrières pour couper ses communications avec Varsovie. La route de l'armée est changée et dirigée par la rive gauche du fleuve, encore incertain si les ressources de l'administration, et celles du pays entre la Passarge et la Vistule, suffiront pour faire vivre son armée

dans des cantonnemens resserrés en présence de l'ennemi, il indique Posen comme place de dépôt et principal point d'appui. C'est dans les ordres nombreux expédiés le même jour du quartier impérial d'Eylau, c'est dans les instructions données aux maréchaux et à l'intendant-général Daru, qu'il faut étudier et admirer la promptitude et la sage prévoyance de ces dispositions.

Cependant Napoléon serra de près l'armée russe acculée à Konigsberg. La cavalerie légère du grand-duc de Berg passa la Frisching, et la grosse cavalerie prit des cantonnemens sur la rive gauche de cette petite rivière. Le prince de Ponte-Corvo, parti de son camp de Strasbourg le 4 février, avait marché par Lobau et Osterode, et se trouvait le 8, jour de la bataille, à Reichertswald. Il y reçut l'ordre de poursuivre le corps prussien du général Lestocq, que l'empereur supposait entièrement séparé de l'armée russe et jeté sur le Frisch-Haff. Le prince de Ponte Corvo apprit le 9 à Behlenhof, l'issue de la bataille; il arriva

« AnteriorContinuar »