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armée se retirait à marches forcées et presque toujours de nuit; ils avaient à soutenir chaque jour de nouveaux et rudes combats pour dégager leur aile gauche et leurs arrière-gardes, sans cesse attaquées et dépostées par la cavalerie du grand-duc de Berg, et par le corps du maréchal Soult.

Le général Benningsen contraint de recevoir la bataille à Eylau, ou de se jeter audelà de la Pregel, en abandonnant le corps prussien et la ville de Königsberg, répara, autant qu'il lui fut possible de le faire, par la plus ferme contenance et la plus vigoureuse défense, la faute qu'il avait faite de s'engager trop avant; ses troupes combattirent avec beaucoup de valeur, et sur tous les points elles ne cédèrent le terrain que pied à pied; mais elles furent battues, et la nuit couvrit le désordre d'une retraite qui, quelques heures plus tard, n'eût été qu'une déroute.

Le 9, à la pointe du jour, la cavaleric française poursuivit les arrière-gardes des alliés sur les deux directions de leur re

traite, celle des Russes jusque sur la Frisching, à moitié chemin de Königsberg; celle des Prussiens jusqu'au-delà de Domnau, à moitié chemin de Friedland. On fit prisonniers beaucoup d'hommes blessés ou fatigués, que la précipitation de la retraite avait forcé de laisser en arrière. Napoléon, après avoir donné ses ordres pour multiplier les secours à donner aux blessés des deux partis, parcourut ce champ de bataille que tous les témoins oculaires s'accordent à représenter comme la plus horrible scène de carnage que la guerre ait jamais offerte. Dans un espace d'un peu moins d'une lieue carrée, le terrain couvert de neige, et les lacs glacés étaient jonchés de dix mille morts et de trois à quatre mille chevaux tués, de débris d'artillerie, d'armes de toute espèce, de boulets et d'obus. Six mille Russes expirant de leurs blessures, et de faim et de soif, restaient abandonnés à la générosité du vainqueur.

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Quoique la bataille d'Eylau ne fut point,

quant au dénoûment de la lutte entre les deux grandes puissances militaires, aussi décisive que Napoléon l'avait espéré, elle termina glorieusement pour ses armes cette courte et savante campagne d'hiver; elle acheva de renverser le plan d'offensive qu'avait conçu le général russe, et le mit dans l'impossibilité de rien entreprendre avant d'avoir refait son armée : et cependant ici comme à Pultusk, les vaincus, pour n'avoir pas été entièrement défaits, osèrent s'attribuer la victoire. La relation officielle du général Benningsen, vague et confuse, ne donne qu'une idée imparfaite des événemens de cette mémorable journée. Elle ne renferme aucun document historique, si ce n'est la juste part de gloire qu'il fait aux officiers et aux troupes russes et prussiennes qui se distinguèrent par de beaux faits d'armes; ceux des Français, non moins éclatans sans doute, furent illustrés par d'incontestables succès.

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Suites de la bataille d'Eylan. - Opérations des corps d'observation russe et français sur le Bug et la Narew. - Bataille d'Ostrolenka. Mouvement rétrograde de la Grande-Armée française. - Dispositions de l'empereur Napoléon pour l'établissement des quartiers d'hiver sur la rive gauche de la Passarge, L'armée russe se porte en avant, feint de reprendre l'offensive, se cantonne entre l'Alle et la Passarge. Divers mouvemens des avant-gardes.

Divers combats. - Le

Le

Le

prince de Ponte-Corvo bat le corps prussien et s'empare de Braunsberg. maréchal Ney reprend Guttstadt. maréchal Lefebvre resserre la garnison de Dantzick. --- Suite des opérations du prince Jérôme et du général Vandamme en Silésie. Suite des opérations du maréchal Mortier en Pomeranie.

L'ORAGEUSE et sanglants journée d'Eylau avait épuisé les forces, lassé la constance

des plus braves soldats de l'une et l'autre armée. Les Russes, qui avaient le plus souffert, durent encore marcher pendant toute la nuit pour effectuer leur retraite jusqu'au-delà de la Frisching. Ils se trouvèrent le 9 au matin dans le plus grand désordre. Des corps entiers semblaient avoir été détruits, un petit nombre de soldats restaient avec leurs officiers pelotonnés autour des drapeaux, tout le reste, pressé par la faim, s'était dispersé pour chercher des vivres; tandis que les Français, maîtres du champ de bataille, avaient établi leurs bivouacs, et s'y tenaient en bon ordre, prêts à marcher.

Le général Benningsen n'eut pas même la pensée de prendre position derrière la Frisching, il ne put rallier ses troupes que le 10 au matin, sous les murs de Königsberg. Il y prit position un peu en avant de la porte de Friedland, appuyant sa droite à Pinmarkt, qu'il fit occuper par le détachement prussien qui avait été coupé d'Hussenen par le maréchal Ney le jour de la ba

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