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A la faveur du mouvement rétrograde que durent faire les 26 d'infanterie légère et 55 de ligne, le général Benningsen saisissant l'avantage de la supériorité du nombre, fit attaquer en flanc la division du général Saint-Hilaire; le 10 d'infanterie légère de cette division, le 57° de ligne de la division. Carra Saint-Cyr, repoussèrent cette attaque sur la droite : le 43 et le 46° eurent sur la gauche le même succès; la division du général Legrand, toute formée en carrés par régiment et en échiquier, ainsi que les fusiliers de la garde impériale, tenaient dans la plaine entre le bois de Lawden et les redoutes. Ces troupes repoussaient les attaques successives de la nombreuse cavalerie russe, et protégeaient ainsi la cavalerie du grand-duc de Berg; mais la division SaintHilaire, encore aux pieds des redoutes, éloignée du général Legrand, séparée et débordée sur sa gauche, ne pouvait plus sans se compromettre conserver la position qu'elle avait conquise; elle se retira, dans le même ordre qu'elle avait pris en avan

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çant, derrière le ravin formé par le ruisseau, qui de Landwiese va se jeter dans l'Alle, et rentra en ligne avec les autres divisions; dès-lors l'affaire sur la droite des Français se changea en une canonnade qui dura fort avant dans la nuit, et il n'y eut plus de ce côté que quelques engagemens de cavalerie légère.

Le général russe profita de ce mouvement de la division Saint-Hilaire pour faire exécuter plusieurs charges à sa cavalerie, sur celle du grand-duc de Berg et sur les régimens de la division Legrand qui la couvraient; mais, ceux-ci, formés comme nous l'avons dit, en carrés par échiquier, ne purent jamais être entamés, et ceux d'entre les Russes qui eurent la témérité de les approcher expirèrent au bout des baïonnettes, ou furent pris. Ces redoutes mouvantes, que le maréchal Soult dirigeait en personne, et qu'il fit alternativement commander par le général Compans, son chef d'état-major, et par les généraux de la division, contenaient les lignes russes qui avaient voulu se porter

en avant; elles renfermaient des cavaliers français démontés, des Russes de toutes armes, même des cosaques prisonniers, qui à chaque instant croyant toucher à leur délivrance, et à chaque instant voyant les efforts de leurs troupes impuissans, attestaient par leur présence la valeur indomptable des braves qui formaient cet impénétrable bouclier.

Il était presque nuit, et le combat qui durait depuis midi aurait sans doute cessé en ce moment, si, lorsque le corps d'armée de réserve arriva, M. le maréchal Lannes n'avait jugé à propos, dans l'espoir d'enlever les redoutes et d'obliger l'ennemi à la retraite, d'engager la division du général Verdier. Cette division fut bientôt aux prises avec l'ennemi, combattit avec intrépidité jusqu'aux pieds des retranchemens, mais ne parvint point à les forcer; après avoir fait beaucoup de mal à l'ennemi, et essuyé ellemême une grande perte, elle reçut l'ordre de se retirer. Le 75° de ligne (de la division Legrand), qui avait marché à la hauteur

de celle du général Verdier et combattu avec elle, vint se rallier à sa division en tête du bois de Lawden.

Au-delà et à gauche du bois de Lawden, près de la route qui conduit à Eylau, le 18° régiment menaçait cette communication si importante, et donnait déjà au général Benningsen beaucoup d'inquiétude. Ce régiment soutenait seul les efforts de l'ennemi pour maintenir cette communication. Lorsque l'action devint moins vive au centre de la ligne, le général Legrand se porta à cette extrême gauche avec deux bataillons pour soutenir le 18 régiment qui, formé en carré, se maintint dans sa position; ainsi, douze heures après que le combat eut commencé, vers minuit, l'affaire se termina.

La perte des Français fut d'environ onze cents hommes tués, parmi lesquels se trouvait le général Roussel, chef d'état-major de la garde impériale, qui conduisait un des régimens de fusiliers, et six à sept mille blessés, au nombre desquels les généraux Espagne, Ferey et Viviés. Le corps du ma

réchal Soult eut seul trente-six officiers et six cent cinquante soldats tués, deux cent quinze officiers et cinq mille six cent treize soldats blessés. La perte des Russes, resserrés dans leur position, fut plus grande; ils eurent environ trois mille hommes tués, parmi lesquels les généraux majors Koschin, Warnek et Pahlen, et de huit à neuf mille blessés, dont huit généraux.

On s'attendait qu'au point du jour le combat se rengagerait; les troupes des deux armées étaient sur le champ de bataille à portée de mitraille, et il restait à peine assez de nuit pour pouvoir renouveler les munitions et faire prendre quelque nourri ture aux soldats. Le général Benningsen s'était maintenu dans sa position et avait repoussé sur tous les points les attaques impétueuses des Français avec beaucoup de vigueur et d'activité; mais ses pertes avaient été si considérables, que ses craintes pour ses communications par sa droite, et l'approche des réserves de l'empereur Napoléon, le déterminèrent à ne pas faire de nouveaux

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