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les mains de l'ennemi. En effet l'officier fut enlevé avec sa dépêche, qui fut immédiatement remise au général en chef.

Le maréchal Soult, qui, ainsi que nous l'avons dit plus haut, avait pris position le 8 au soir à Wolfersdorff, Petersdorff et Schwedt, reçut aussi l'ordre de se diriger sur Guttstadt. Au moment où ses troupes se mettaient en marche, le général Digeon, commandant la brigade de dragons qui avait été laissée au débouché de Dietrichsdorff pour le couvrir, rendit compte qu'une forte colonne ennemie paraissait sur les hauteurs de Vogtsdorff, et se portait dans le bois qui est entre ce village et Schwedt. Un instant après la brigade de dragons fut attaquée par l'avant-garde de cette colonne; des cosaques poussèrent même par Kalkstein sur Schwedt et Elditten.

Les divisions étant formées, le maréchal Soult prit aussitôt celle du général SaintHilaire qui était le plus près; et ayant donné ordre à la cavalerie légère, ainsi qu'aux deux brigades de la division de dragons qui étaient

restées avec le général Latour - Maubourg, de se porter sur Dietrichsdorff, il marcha à l'ennemi. La division du général Legrand forma la seconde ligne, celle du général Carra Saint-Cyr resta à la tête du bois de Wolfersdorff.

L'infanterie ennemie, après avoir dépassé le bois de Dietrichsdorff, entrait déjà dans celui de Wolfersdorff. Une forte batterie était établie en avant de ce village; et en approchant on remarqua que le nombre de ses troupes augmentait à tout instant, même qu'elles paraissaient se préparer à pousser l'attaque. Le général Dulauloy fit avancer deux compagnies d'artillerie légère dont le feu éteignit bientôt celui de l'ennemi; alors lė général Saint-Hilaire, saisissant avec son impétuosité ordinaire ce moment favorable, fit charger à la baïonnette l'infanterie russe, l'enfonça, détruisit un de ses bataillons, et la mit en fuite avant qu'elle eût eu le temps de se déployer : la cavalerie se mit alors å sa poursuite, et la mena battant jusqu'auprès de Wormditt.

Cette colonne était celle du général Kamenskoi; elle se composait en grande partie des troupes qu'il avait ramenées de Weichselmunde, sept à huit mille hommes d'infanterie russe, et deux mille cinq cents hommes de cavalerie prussienne. Le général Kamenskoi était parti de Mohlsack dans la nuit du 8 au 9, pour se réunir au gros de l'armée sur Guttstadt. Surpris de trouver sa route interceptée, et croyant n'avoir qu'à repousser un parti, il brusqua l'attaque inconsidérément; repoussé et ramené jusqu'à Wormditt, après avoir perdu cinq ou six cents hommes tués ou blessés et deux cents prisonniers, il s'arrêta pendant quelques heures seulement derrière la petite rivière de Drevenz, et gagna en toute hâte Heilsberg par Mighenen, Raunau et Reimerswald. Le maréchal Soult, se conformant aux ordres de l'empereur, ne voulut point changer de direction, et, sans poursuivre la colonne du général Kamenskoi au-delà de Wormditt, marcha sur Guttstadt.

Pendant ce temps le grand-duc de Berg

serrait de près et poursuivait vivement le corps du prince Bagration. Cette forte arrière-garde tint ferme à Glottau, pour donner le temps au gros de l'armée de passer à la rive droite de l'Alle, ce qu'elle exécuta en défilant sur quatre ponts à la fois. Les charges réitérées de la cavalerie française obligèrent le prince Bagration à abandonner sa position et à se jeter dans Guttstadt, où le grand-duc de Berg entra de vive force à huit heures du soir. Durant toute cette journée, les brigades de cavalerie légère, Pajol, Bruyères et Durosnel, sous les ordres du général Lassalle, et la division de grosse cavalerie Nansouty, manœuvrèrent et combattirent continuellement contre la cavalerie russe, et principalement contre celle de la garde impériale. Ces combats furent très-animés; les Russes y perdirent beaucoup d'hommes et mille prisonniers : ils évacuérent toute la rive gauche de l'Alle.

Le corps du maréchal Soult prit, le soir même, position à Altkirch; la réserve de cavalerie, le corps du maréchal Ney, celui du

maréchal Lannes et la garde impériale se réunirent à Guttstadt; le maréchal Davout occupa la rive gauche de l'Alle, au-dessus de Guttstadt, et les villages de Knapen et Ankersdorff.

L'armée russe continua sa marche par la rive droite de l'Alle jusqu'à Heilsberg, où elle arriva dans la nuit; elle occupa la position retranchée où se trouvaient déjà les deux divisions du général Gortschakow; le corps d'arrière-garde du prince Bagration resta sur la rive droite, et prit position à Reichemberg et Liebenberg.

Le dessein de l'empereur Napoléon étant d'enlever à l'armée russe l'appui de Königsberg, de l'éloigner du Haff et des ressources de la navigation, et de la jeter au-delà de la Pregel, il résolut de l'attaquer de front dans sa position d'Heilsberg, et en même temps de faire tourner sa droite sur l'Alle pour la couper de Königsberg. Pendant que l'armée russe serait ainsi attaquée et manoeuvrée, le général Victor, resté sur la Basse-Passarge pour y retenir le corps prussien

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