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dans le chapitre précédent, fut confiée au général Kamenskoi, et l'attaque par la Nehrung au colonel Bulow. Pour faciliter cette double opération, il fut décidé, dans le conseil, que l'armée russe se rassemblerait sur la position retranchée d'Heilsberg, et ferait un mouvement en avant, afin d'occuper et de menacer l'armée française, et d'empêcher l'empereur Napoléon de renforcer son armée de siége. Mais celui-ci, ayant pressenti le dessein des alliés, et certain qu'ils n'étaient point en mesure de l'attaquer de front, avait déjà formé à Marienwerder un corps de réserve dont le maréchal Lannes prit le commandement, et qui était destiné à soutenir le corps d'armée du maréchal Lefebvre; il avait aussi, comme on l'a vu plus haut, fait porter sur la Basse-Vistule la plus grande partie des troupes du maréchal Mortier, que l'armistice que ce maréchal avait conclu avec le général Essen laissait disponible. L'empereur Napoléon avait établi son quartier-général au château de Finkenstein, d'où il était également à portée de

suivre et de presser les opérations du siége de Dantzick, et d'observer le mouvement de l'armée russe. Ces mouvemens, ces menaces se bornèrent à de grandes démonstrations qui n'avaient d'autre but que de distraire l'attention et les forces de Napoléon sur son aile droite. Les deux souverains, Alexandre et le roi de Prusse, firent en personne de fréquentes reconnaissances en avant de Launau, où était postée leur principale avant-garde. Napoléon ne changea rien à sa disposition générale, et renforça seulement son aile droite du côté d'Ortelsburg, en y portant une partie du corps d'observation du maréchal Masséna.

Après ces vaines démonstrations et pendant tout le temps que dura encore le siége, c'est-à-dire depuis l'époque de l'arrivée de l'empereur Alexandre, jusqu'à celle de la capitulation de Dantzick, vers la fin de mai, les deux armées restèrent immobiles dans leurs positions respectives, comme s'il eût existé un armistice. Les avant-postes très-rapprochés ne s'inquiétaient point; les

soldats des deux partis observaient fidèlement une sorte de trève, et s'entr'aidaient même mutuellement, en partageant les faibles ressources qui se trouvaient à leur disposition. Singulier exemple de la civilisation européenne, touchant témoignage des sentimens d'humanité au milieu des fureurs de la guerre.

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Pendant cette espèce de suspension d'hostilité entre les deux armées en présence Napoléon atteignait son but. Il méditait son plan de campagne et se préparait à porter des coups décisifs. Soit qu'il eût cru nécessaire d'inspirer à l'ennemi une fausse confiance, soit qu'il eût pensé que le roi de Prusse après avoir perdu presque tous ses États, craindrait de hasarder sa couronne; il avait deux fois offert d'entrer en négociation pour la paix, il lui avait écrit d'Osterode, le 26 février, et de Finkenstein le 29 avril; mais ses offres trop vagues et qui faisaient pressentir de trop dures conditions. n'avaient pu être acceptées : l'Autriche avaît

aussi offert sa médiation à la Prusse et à la

Russie, dès le 6 octobre 1806 avant la rupture; elle avait renouvelé cette offre par une note du comte de Stadion le 3 avril 1807. Elle proposait aux cours de Berlin, de Londres et de France, son entremise pour une pacification générale; chacune de ces cours, excepté celle de Londres, avait répondu de manière à laisser espérer que la médiation serait acceptée s'il y avait un commun accord; mais M. Caning, secrétaire d'état au département des affaires étrangères de la Grande-Bretagne, fit une réponse dilatoire. Il pressentit que la seule base de traité que voudrait accepter la France ne pourrait que blesser les intérêts de l'Angleterre, puisque après de si brillantes conquêtes et avec une telle prépondérance sur le continent on ne pourrait espérer de lui enlever la Belgique et les départemens du Rhin, ce qui pour l'Angleterre était la cause et le but de la guerre. L'Autriche ne persista point à entreprendre sans le concours de l'Angleterre une médiation si difficile, cette puissance était d'ailleurs très-irritée de l'occupation continuée de

Braunau; elle était alarmée de l'influence que pouvait exercer sur les peuples de la Gallicie la levée de l'insurrection polonaise, elle avait rassemblé des troupes sur ses frontières et semblait se préparer à profiter des circonstances si quelques revers des armes françaises lui devenaient favorables.

On continuait cependant de négocier, les communications étaient fréquentes entre le quartier-général français de Finkenstein, où Napoléon avait appelé son ministre des affaires étrangères, et le quartier-général des alliés à Barstenstein, où l'empereur Alexandre et le roi de Prusse avaient aussi amené leurs ministres. On paraissait vers la fin de mai, après beaucoup de pourparlers, être d'accord sur la proposition qu'avait faite le cabinet russe, d'assembler un congrès à Copenhague, où toutes les puissances belligérantes enverraient des plénipotentiaires; mais quand il fallut poser les bases des préliminaires, d'après lesquelles les plénipotentiaires devraient négocier, on cessa de s'entendre; les coalisés demandèrent que

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