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hommes d'équipage, avec une garnison de quarante soldats russes ou prussiens, voulut profiter d'un vent favorable pour remonter la Vistule jusqu'à Dantzick; mais le feu des batteries et surtout celui de la mousqueterie des postes établis sur la rive gauche, furent si bien dirigés, que les matelots ne pouvant manoeuvrer, la corvette échoua.Lesgrenadiers du régimentdela garde de Paris se jetèrent alors dans la Vistule, et abordèrent les premiers le bâtiment ennemi, qui amena aussitôt pavillon. La SansPeur portait aux assiégés dix-huit milliers de poudre, cinq cents sacs d'avoine, des gargousses pour des boulets de 24, et divers autres objets de ravitaillement.

L'artillerie de la place fit beaucoup de mal pendant ces deux journées du 19 et du 20, et endommagea considérablement les travaux de tranchée. Le feld-maréchal Kalkreuth, prévoyant bien que l'assaut du Hagelsberg allait être tenté, résolut de faire un dernier effort pour détruire les derniers ouvrages des assiégeans. Il ordonna en con

séquence une grande sortie. Elle eut lieu dans la soirée du 20 mai; les gardes de tranchées furent d'abord repoussées, et les assiégés se maintinrent dans les logemens de contrescarpe assez de temps pour renverser le travail de la journée de la veille. Toutefois le colonel Lafosse du 44° de ligne et le chef de bataillon Oudot du 12 léger, parvinrent à rallier les troupes et à les ramener au combat. Ces deux chefs furent grièvement blessés; mais l'ennemi abandonna les ouvrages, et fut poursuivi jusque dans le fossé de la place.

Le 21 mai, l'armée de siége fut renforcée par l'arrivée des troupes du maréchal Mortier, dont une partie était restée devant Colberg. Ce maréchal vint lui-même se réunir au maréchal Lefebvre, et les ordres furent donnés pour livrer immédiatement l'assaut au Hagelsberg.

On se battait corps à corps sur les derniers débris des défenses de l'ennemi; tout était prêt pour la descente du fossé; les assiégés sc préparaient de leur côté à soutenir et re

se

pousser l'assaut. Ils avaient disposé trois fortes pièces de bois, retenues par des cordes sur le talus extérieur de l'escarpe, afin de renverser les colonnes d'attaque. Un instant avant l'heure fixée, François Vallet, soldat du 12° d'infanterie légère, qui avait déjà arraché des palissades dans le fossé, alla seul couper les cordes qui retenaient les poutres. Il fut blessé d'un coup de feu après avoir exécuté ce coup d'audace.

Cependant le maréchal Lefebvre, avant de donner le signal de l'assaut, crut devoir faire au brave gouverneur de Dantzick, une dernière sommation, et lui offrir une honorable capitulation. Le feld-maréchal Kalkreuth n'ayant plus aucun espoir d'être secouru, et reconnaissant que les assiégeans pouvaient se rendre maîtres du fort de Hagelsberg, à la glorieuse défense duquel il avait presque épuisé ses dernières ressources, se montra disposé à capituler. Le colonel du génie Lacoste fut chargé de la négociation. Le maréchal exigeait que le gouverneur s'engageât à faire rendre le fort de Weichselmunde et le

camp retranché de Neufahrwasser, que lagarnison déposât les armes et restât prisonnière, Kalkreuth répondit que n'ayant plus aucune communication avec Weichselmunde et le camp retranché, il ne pouvait prendre à cet égard aucun engagement, et qu'il était résolu à périr avec le reste de sa garnison sur les remparts, plutôt que de souscrire à des conditions plus humiliantes que celles qu'il avait accordées lui-même à la garnison de Mayence, en 1793.

Plein d'estime pour son digne adversaire, le maréchal Lefebvre en référa à l'empereur Napoléon; il lui représenta que maître de la place, il le serait bientôt de Weichselmunde et du camp, et que le feld-maréchal Kalkreuth, poussé au désespoir, ferait encore payer bien cher une conquête qui avait déjà coûté le sang de tant de braves. Napoléon se rendit aux observations du maréchal, et l'autorisa à accorder au gouverneur de Dantzick les conditions qui lui sembleraient être les plus convenables.

Le 24 mai, après trois jours de négocia

tions, la capitulation fut arrêtée et signée entre le général Drouet, chef de l'état-major de l'armée de siége d'une part, et le gouver neur Kalkreuth, les généraux prussiens Rouquette, Collamberger, et le général russe Scherbatow, de l'autre.

Les principales conditions de la capitulation furent que la garnison sortirait avec armes et bagages, drapeaux déployés, tam bour ballant, mèche allumée, avec deux pièces d'artillerie légère et leurs caissons attelés de six chevaux, pour être conduite aux avant-postes de l'armée prussienne à Pillau, en passant par l'île de Nehrung, et en cinq jours de marche. Cette garnison s'engageait à ne pas servir contre l'armée française et ses alliés pendant un an. Toutefois la capitula tion ne devait recevoir son exécution que si à l'époque du 26 mai, à midi, la garnison n'avait pas été secourue, bien entendu que jusqu'à cette époque la garnison de Dantzick ne pourrait faire aucune attaque contre les assiégeans, en supposant le cas où ceux-ci se battraient en dehors.

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